Benjamin Rabier (1864 - 1939)

« L'homme qui fait rire les animaux »

Benjamin Rabier (1864-1939)Qui ne connaît les visuels de « La Vache qui rit », de la lessive « Le Chat » ou du sel « La Baleine » ? Qui n'a rencontré au fil de ses lectures le canard « Gédéon » ? Ces dessins intemporels sont l'oeuvre de Benjamin Rabier, un illustrateur aujourd'hui oublié mais qui continue d'imprégner notre imaginaire.

Nous lui devons en bonne partie notre représentation de la campagne et des animaux de la ferme. Il a aussi beaucoup inspiré ses confrères. Hergé, par exemple, l'a découvert à travers ses illustrations des Fables de La Fontaine et lui a plus tard emprunté le personnage de Tintin.

Si Benjamin Rabier n’est pas aussi célèbre que ses personnages, cela tient à sa personnalité.

Aussi modeste et discret que malicieux, il n'eut de cesse de tromper les journalistes sur sa véritable nature. D’apparence très lisse, il mena pendant trois décennies une double vie : la nuit, fonctionnaire rangé et le jour, dessinateur créatif !...

Nos frères inférieurs, par Benjamin Rabier, album de 1926

Un enfant de son temps

Le Pêle-Mêle, couverture de Benjamin Rabier, Sauvons les apparencesL'illustrateur naquitle 30 décembre 1864 à La Roche-sur-Yon dans la famille d'un compagnon-menuisier.

C'est au service militaire, en 1885, qu'il prend conscience de sa vocation d'illustrateur.

Il remporte un concours initié par le ministre de la Guerre, le général Georges Boulanger, pour doter chaque régiment d’une « salle d’honneur » et la décorer comme il se doit...

De retour à la vie civile, il décroche un emploi de fonctionnaire avec des horaires accommodants qui lui laissent le temps de dessiner.

En 1892, il publie ses premiers dessins dans La Chronique amusante et Le Gil Blas illustré.

Il prend aussi le temps de se marier et accueille dans son foyer parisien jusqu'à trois enfants sans compter sa vieille mère.

Albums à succès

Tintin-Lutin (Benjamin Rabier et Fred Isly, 1898) ; l'agrandissement montre Tintin-Lutin en actionLe tournant du siècle est une période faste pour Benjamin Rabier.

En 1895, il publie un premier album destiné à la jeunesse : Mauvais garnement.

Il est suivi trois ans plus tard d'un nouvel album : Tintin-Lutin. Ledit garnement, avec culottes de golf, visage rond et houppe blonde, bénéficiera d'une célébrissime postérité.

L'Assiette au beurre : Bêtes & gens, Benjamin Rabier, éd. Schwarz, 1902, ParisTrente ans plus tard, en effet, Hergé s'en inspirera en effet pour créer son héros...

En 1902, Benjamin Rabier se voit confier une édition de L’Assiette au beurre.

La même année, il publie de nouveaux albums : Fifi dégourdi et Terrible Rupin-Lapin.

Sa notoriété grandit encore quand son ami l'éditeur Jules Tallandier lui suggère d'illustrer les Fables de La Fontaine.

L'album est publié en 1906 et recueille un immense succès.

Les animaux au service de la publicité

Le savon Le Chat (Benjamin Rabier, )Les animaux commencent à prendre une place prépondérante dans l'oeuvre de Benjamin Rabier.

Un jour, alors qu’il dessine un chien, le trait de la gueule se fait plus long. Les lecteurs y voient un chien hilare et sont conquis. Sans le faire exprès, Benjamin vient de trouver sa marque de fabrique et va dès lors donner aux animaux familiers des expressions aussi humaines que possible.

Les animaux sont vite perçus comme un atout pour la « réclame », ancien nom de la publicité. Si beaucoup d'entrepreneurs sont encore convaincus qu’un produit de qualité se suffit du bouche-à-oreille, d'autres, plus audacieux, offrent à Benjamin Rabier un nouveau champ de manœuvre pour exercer ses talents.

La Wachkyrie sur les camions de ravitaillement de la Grande Guerre (Benjamin Rabier)Pendant une quinzaine d’années, il travaille entre autres pour le chocolat en poudre « Banania », le champagne « Delbeck », le savon « Le Chat », le sel « La Baleine », les alcools « Dubonnet »...

Pendant la Première Guerre mondiale, le dessinateur, trop âgé pour être mobilisé, participe à sa manière à l'effort de guerre en publiant des dessins patriotiques dans la presse... et même sur les camions de ravitaillement du front.

C'est comme cela que « La Wachkyrie » va donner des idées à Leon Bel.

Benjamin Rabier, Gédéon, 1923En 1923, paraît le premier tome de « Gédéon ». S’ensuivra une série de 16 livres qui resteront très populaires. Le canard, sans doute inspiré par « Le Vilain petit canard » de Hans Christian Andersen, est pour le dessinateur un aboutissement.

Cette apothéose est teintée d'amertume.

La perte de son fils, de sa petite-fille Benjamine puis de son ami Jules Tallandier laissent Benjamin Rabier inconsolable. Il décède le 10 octobre 1939, entouré de sa femme et de sa fille.

De Tintin à La Vache qui rit, ses créations, quant à elles, sont plus vivantes que jamais et perpétuent sa mémoire.

Publié ou mis à jour le : 2021-06-19 14:08:08

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