Winston

Comment un seul homme a fait l'Histoire

Boris Johnson (Stock, 464 pages, 22 euros,  2015)

Winston

Winston Churchill est à l’édition anglaise ce que Napoléon est à la française : « une centaine d’ouvrages consacrés à notre héros national paraissent tous les ans », reconnaît Boris Johnson.

Alors pourquoi le maire de Londres et député conservateur a-t-il jugé nécessaire de lui consacrer un énième livre de plus de 400 pages ?

Sans doute le cinquantième anniversaire de sa mort était-il une bonne occasion. Mais aussi parce qu’en dépit de cette abondante production littéraire, le nom de Churchill tend à être oublié des jeunes générations : l’auteur cite un sondage selon lequel la plupart d’entre eux imaginent que Churchill est le chien que l’on voit en Angleterre sur une publicité pour une compagnie d’assurance !

Autre motif qui a sans doute tenté notre auteur, le côté excentrique et cabotin de Winston Churchill qui, par certains aspects, lui ressemble.

Le livre est écrit sur un ton très personnel et Boris Johnson, qui a été journaliste avant d’être politicien, sait captiver son lecteur de bout en bout. C’est un livre partial où l’auteur prend la défense de son personnage qu’il considère comme l’un des plus grands génies politique de tous les temps.

Son titre originel (The Churchill factor), comme son sous-titre « Comment un seul homme a fait l’Histoire », se veut un démenti des interprétations marxisantes de l’Hhistoire qui font de celle-ci le produit « de vastes forces économiques désincarnées ».

L’homme Churchill est donc au cœur du récit : l’aventurier qui, de la jungle de Cuba aux tranchées de la grande guerre en passant par les confins de l’Afghanistan ou les savanes d’Afrique du Sud, risque maintes fois sa vie au feu et, semble-t-il, aime cela. Mais aussi l’orateur dont les formules galvanisent les foules, ridiculisent ses adversaires ou marquent l’histoire comme son fameux « rideau de fer » qui s’est abattu sur l’Europe.

Mais c’est surtout l’homme de caractère qui, alors que l’armée française s’effondre et que tout semble perdu, refuse les ouvertures de négociation faites par Mussolini et appuyées par Paul Raynaud qui aurait bien voulu être moins seul dans la défaite. Boris Johnson rappelle combien étaient nombreux les hommes politiques britanniques prêts au compromis avec Hitler et combien ce qui paraît évident après coup, la volonté de résistance de l’Angleterre, était loin d’être acquis au moment de Dunkerque.

En dépit de son admiration sans bornes pour son personnage, il ne cache pas ses erreurs. Dans un chapitre intitulé « l’art de jouer à la roulette russe avec l’Histoire », il les passe en revue, de la catastrophe de Gallipoli au retour à l’étalon or, sans oublier ses erreurs de jugement sur l’Inde et sur Gandhi qu’il traite de « fakir à moitié nu », ou encore son parti pris pour Edouard VIII au moment de la crise de l’abdication.

Mais c’est pour mieux souligner la force de caractère du personnage qui s’est remis de telles bévues alors que chacune d’entre elles auraient pour n’importe qui d’autre signifié la mort politique.

Il note aussi sa clairvoyance, notamment sur la nocivité du communisme : « Notre civilisation est en cours d’anéantissement sur d’immenses territoires, alors que les bolcheviks gambadent parmi les ruines parmi les ruines et les cadavres de leurs victimes, tels des troupeaux de babouins féroces », dira-t-il dès 1918.

On lira aussi un émouvant chapitre sur la destruction de la flotte française à Mers El-Kébir, décidée par Churchill contre l’avis de son état-major et malgré l’admiration qu’il ressentait pour la France, sa langue et sa civilisation. Ainsi que d’intéressants développements sur ses rapports difficiles avec les Etats-Unis. Bref, ce « géant sur un île rétrécie », malgré ses bourdes et se fautes, reste un de ces visionnaires qui ont fait l’Histoire et dont on ressent cruellement le manque aujourd’hui.

David Victoroff

Voir : Un guerrier-né

Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47

PdlB (26-07-2016 11:48:43)

Biographie atypique mais très attachante, car elle parle de l'homme Churchill.
Il vaut mieux avoir déjà lu une biographie de Churchill (ex : celle de Kersaudy) pour gouter au mieux les subtilités anglaises du personnage.
Quelques petites pépites : les généraux anglais pendant la IIème guerre mondiale, Winston & l'Europe (à l'heure du Brexit).

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