La dynastie Ming correspond à une période faste du peuple Han inscrite entre l’influence mongole et l’influence européenne.
Commençons au début du XIVe siècle. La Chine est alors toujours dirigée par les descendants de Gengis Khan qui ont fondé la dynastie Yuan en 1276. Les dirigeants mongols se sont partiellement sinisés : c’est notamment à cette époque que le bouddhisme gagne la Mongolie aux dépens du tengrisme. Ils entretiennent toutefois leurs différences avec le peuple Han et restent perçus comme des dirigeants étrangers par la population. L’immensité du monde mongol favorise aussi les influences extérieures et permet à l’art chinois de se libérer davantage des traditions.
La Chine des Ming (1368-1644)
Dans les années 1340, le délaissement des infrastructures entraîne de graves inondations, à quoi s’ajoutent les ravages de la Peste Noire en 1350. Ça exacerbe les mécontentements vis-à-vis de l’élite dirigeante. En 1351 éclate une grande insurrection des ouvriers sur le Fleuve Jaune qui se propage comme une traînée de poudre : c’est la révolte des Turbans Rouges. Plusieurs armées rebelles se constituent, souvent rivales, ce qui plonge le pays dans 37 années de guerre civile.
Parmi tous ces chefs de guerre, l’un d’eux basé à Nankin parvient à prendre Pékin en 1368. Il fonde alors la dynastie Ming sous le nom de Hongwu. Il passe les dix années suivantes à combattre les restes de l’armée impériale et les autres chefs rebelles. Finalement, les Yuan ne subsistent plus qu’en Mongolie et Mandchourie.
Hongwu mène des purges massives pour renforcer le pouvoir impérial. L’accent mis sur le développement de l’agriculture et le retour de la paix permettent de retrouver une expansion démographique et économique. Après lui, l’empereur Yongle poursuit les purges, puis il s’empare du Dai Viet au sud en 1407. Il s’avance également en Mandchourie aux dépens des Mongols qui se sont divisés en tribus rivales, les Oïrats. Il déplace la capitale à Pékin en 1420 où il fait construire un vaste ensemble palatial, la Cité Interdite. Il remet en état la Grande Muraille qui prend alors l’apparence qu’elle conservera jusqu’à aujourd’hui.
L’époque est marquée par une remise en valeur des vieilles traditions, notamment au travers du confucianisme qui reprend de la vigueur aux côtés du bouddhisme et du taoïsme. Les examens impériaux sont rétablis, ce qui favorise le développement d’une nouvelle élite qui fournit une abondante littérature et des peintres talentueux.
Si l’agriculture est privilégiée, ça n’empêche pas le développement de l’artisanat dans les villes, notamment dans le domaine de la porcelaine, du coton, de la soie et des métaux. Ces réalisations sont en partie exportées vers des pays lointains, notamment par la voie maritime qui prend le relais de la voie terrestre qui était privilégiée par les Mongols. Le commerce dans l’Océan Indien est alors dominé par les musulmans arabes ou persans qui y possèdent de nombreux comptoirs. L’empereur Yongle y envoie de nombreuses expéditions dirigées par l’eunuque Zheng He pour essayer d’y accroître l’influence chinoise, mais sans conséquence sur le long terme.
La situation en Chine se dégrade dès la mort de Yongle en 1424 : les règnes courts de ses successeurs se retrouvent combinées avec plusieurs catastrophes naturelles. Le Dai Viet est perdu dès 1428 et les tentatives d’incursion en Mongolie s’achèvent par des désastres.
La situation se maintient jusqu’au règne de Jiajing qui monte sur le trône en 1521. Il doit faire face à la réunification des Mongols qui font des raids dans le nord de la Chine. Il doit aussi lutter contre les attaques récurrentes des pirates en Mer de Chine qui profitent de la recrudescence du commerce pour mettre en place de larges réseaux de contrebande.
C’est à cette époque que les Portugais arrivent dans la région. Interdits de commerce, ils rejoignent la contrebande et la renforcent. Celle-ci finit par être matée en 1549, mais les Chinois se résignent à autoriser une implantation permanente des Portugais sur Macao en 1557, en échange d’une rente. Les marchandises européennes restent peu prisées des Chinois, à l’exception des armes à feu et de l’argent.
Les attaques récurrentes des Mongols au nord couplées à une perte d’influence sur le commerce maritime contribuent à miner les finances de l’état. L’augmentation des impôts à la fin du XVIe siècle provoque des mécontentements grandissants qui finissent par entraîner des révoltes. Dans les années 1615 à 1617 sous le règne de Wanli, des famines ravagent le pays : dès 1618, le Mandchou Nurhachi en profite pour s’emparer du Liaodong et fonde la dynastie des Jin Postérieurs.
Dans les années 1620, la multiplication des vagues de froid et de sècheresse aggrave encore les choses, en lien avec le « Petit Age Glaciaire » qui concerne le monde entier. La Chine se dépeuple fortement et en sort largement désorganisée.
En 1626, le Mandchou Huang Taiji succède à Nurhachi et remporte une grande victoire contre les Mongols qu’il intègre dans son armée. En 1636, il abandonne le titre de khan et se proclame empereur, fondant la dynastie Qing. En 1640, il engage la guerre contre la Chine affaiblie et s’empare de Pékin en 1644, provoquant la chute des Ming.
La nouvelle dynastie va se maintenir au pouvoir pendant 278 ans et finira par restaurer la stabilité, mais elle ne parviendra pas à enrayer le retard technologique grandissant de la Chine sur l’Europe.
Vincent Boqueho raconte...
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