Dans cette épopée que les historiens ont longtemps appelé « Les Grandes Découvertes », les navigateurs et explorateurs portugais font figure de pionniers. Dès la première décennie du XVe siècle, leurs navires commencent à longer les côtes occidentales de l’Afrique pour finalement ne s'arrêter qu'après avoir maîtrisé une bonne partie de l'océan Indien.
Sous l'égide d'Henri
Le petit royaume du Portugal est alors dans une situation propice. Indépendant depuis 1139, il s'est libéré en 1249 de l’occupation musulmane. Pour donner l'impulsion qui va le conduire au-delà des mers, il faut un homme passionné. Ce sera l'infant Dom Henrique, futur Henri le Navigateur et fils du roi Jean Ier. À Sagres, dans l'Algarve, il organise une véritable école navale où navires et matériels de navigation sont améliorés sans fin.
C'est à Bartolomeu Dias que revient l'exploit de contourner, en 1488, le cap des Tempêtes, cap rebaptisé « cap de Bonne-Espérance » par le roi Jean II, assuré qu'il lui ouvre la porte des Indes. Effectivement, le 28 mai 1498, Vasco de Gama et son équipage débarquent à Calicut (région du Kerala).
Premiers Européens à rallier le sous-continent indien en contournant l’Afrique, ils en repartent avec un traité de commerce décevant. Revenus en 1502 à Calicut avec de l'or et de l'argent, ils ont la satisfaction de procéder à des échanges nettement plus intéressants qui vont marquer les véritables débuts de l'empire portugais. Manuel Ier, successeur de Jean II, va poursuivre cette politique avec le souci de repousser l'islam.
Afonso de Albuquerque assure à la couronne portugaise le contrôle des épices au détriment de la République de Venise. Il commence par explorer Madagascar en 1505 avant de se lancer dans la conquête d’Ormuz, en 1507, pour bloquer la route aux navires arabes. Devenu vice-roi des Indes deux ans plus tard, il établit en Orient un réseau de forteresses qui va permettre à son pays d'origine d'assurer son contrôle sur les nouveaux territoires. Son action déterminante n'est arrêtée que par sa mort en 1515 alors qu'il partait défendre Goa contre les troupes ottomanes.
Conquêtes tous azimuts
Le Portugal a vite ajouté à sa chasse gardée orientale une belle possession en Amérique : le Brésil, découvert en 1500 par Pedro Alvarès Cabral. Bien que prometteuse, cette « terre délicieuse et fraîche » n'est pas plus développée ni défendue que les conquêtes de l'autre bout du monde. La France tente en vain de s’y établir. Puis les Hollandais, profitant de l'annexion du Portugal par l'Espagne, s'emparent de Bahia en 1624.
En Extrême-Orient, les Portugais développent des échanges commerciaux avec la Chine dont l’artisanat est très appréciés en Europe jusqu’au XVIIIe siècle. De Macao, les expéditions rejoignent le Japon pour revendre des produits chinois afin d’en tirer de l’argent et du cuivre. Tout ce commerce intermédiaire avec les peuples asiatiques mais aussi les Perses, Arabes et Africains, procure à la couronne portugaise des bénéfices considérables qui font vite de Lisbonne la première place commerciale du XVIe siècle.
Vers le déclin
Sous le règne de Jean III, le pays entre dans une phase de déclin aggravé par la rivalité entre les familles aristocratiques. Malgré la perte de son indépendance de 1580 à 1640, et la cession de quelques territoires au profit des Anglais et Hollandais au milieu du XVIIIe siècle, le Portugal demeure une importante puissance coloniale. Dans le même temps, le Brésil s'enrichit avec la découverte de mines d’or.
Mais sous le règne de José Ier, Brésil et Portugal commencent à avoir des divergences d'intérêts. La colonie supporte de moins en moins les réformes imposées par le marquis de Pombal qui ne cesse de renforcer la mainmise de l'exécutif sur ces terres lointaines.
Lorsque, en 1807, les troupes napoléoniennes entrent au Portugal, c'est tout naturellement au Brésil que trouve refuge le régent et futur roi Jean VI. Il y crée un certain nombre d'institutions et d'administrations qui vont permettre à la région d'accéder à l'indépendance sans violence en 1822.
De son ancien immense empire, le Portugal ne conserve au XXe siècle que quelques territoires aux Indes avec Goa, Diu, Damão, une partie de l'île de Timor et les territoires africains de Guinée-Bissau, d’Angola, de Mozambique et les îles atlantiques avec Madère, les Açores, les îles du Cap Vert, Saô Tomé et Príncipe.
Mais c’est encore trop pour ses modestes moyens et même le régime dictatorial de Salazar peine à maintenir la souveraineté portugaise sur les anciennes possessions. Dès 1961, des rébellions éclatent dans les possessions africaines. Le mouvement s'accélère avec la révolution des œillets de 1974 qui renverse la dictature. Si l'empire a aujourd'hui disparu, n'oublions pas l'importance de l’héritage culturel et linguistique né de ces aventures maritimes, héritage qui a permis au portugais d'être actuellement la cinquième langue la plus parlée au monde.
Voyageurs et explorateurs
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Trisolini (06-03-2018 18:17:27)
Il semblerait qu'au tour de 1485-87 les Portugais, quoiqu'involontairement, (probablement suite à une forte tempête les ayant fait dériver par là) avaient découvert le Brésil, et la chose, sous... Lire la suite