L'Ukraine a été ainsi baptisée en 1187 d'après un mot slave qui veut dire « frontière » ou « marche ».
Ce grand État en mal de visibilité s'étire de fait aux marges du monde russe, dont il a été le berceau, et à la jonction entre le monde orthodoxe et le monde catholique. Indépendant depuis 1991 seulement, il a longtemps peiné à trouver sa place entre un Occident attirant mais lointain et une Russie proche mais redoutée, à juste titre hélas...
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L'Ukraine s'étend de part et d'autre du Dniepr et au nord de la mer Noire. Elle est un peu plus vaste que la France (600 000 km2) mais moins peuplée. Ses 44 millions d'habitants (2020) ont été aussi longtemps désignés sous l'appellation de «Petits-Russiens» du fait de leur parenté étroite avec la Russie.
Mieux, c'est même autour de Kiev, capitale actuelle de l'Ukraine, que la nation russe est née, aux alentours de l'An Mil, avant qu'elle ne soit divisée en trois groupes principaux : Russes proprement dits, Ukrainiens et Biélorusses, avec des langues nationales qui ont lentement et légèrement dérivé par rapport à l'ancienne langue commune.
Les divisions
Après le baptême du grand-prince de Kiev Vladimir, en 988, une fédération prospère de principautés marchandes s'épanouit autour de Kiev.
En 1386, l'État polono-lituanien s'empare de l'Ukraine occidentale. Les nouveaux souverains, catholiques bon teint, supportent mal leurs sujets orthodoxes de rite byzantin.
Les seigneurs polonais s'attribuent d'immenses domaines dans le pays et réduisent peu à peu leurs paysans au servage, alors même que ce statut, qui fixe les paysans et leur descendance au domaine, est en voie de disparition dans toute la chrétienté occidentale.
À partir du XVIe siècle, beaucoup de paysans ukrainiens s'enfuient vers le Sud, au-delà des cataractes du Dniepr, et se constituent en communautés indépendantes, les Cosaques Zaporogues (d'une expression mongole ou tatar qui signifie : « hommes libres d'au-delà des rapides »).
En 1654, las d'être harcelés par les Polonais, ils se placent sous la protection du tsar qui règne à Moscou.
La Pologne proteste et il s'ensuit une longue guerre qui se termine par le traité de paix d'Androussovo du 31 janvier 1667. À cette occasion, la Russie des Romanov, en pleine ascension, récupère la rive orientale du Dniepr. Vingt ans plus tard, Kiev et Smolensk passent à leur tour à la Russie. Seule la Galicie demeure polonaise.
Domination russe
Dans l'esprit du tsar, l'Ukraine est terre russe et n'a droit à aucun statut particulier. Ainsi le métropolite de Kiev, chef religieux de l'Église orthodoxe ukrainienne, est placé sous l'autorité du patriarcat de Moscou. C'est dès lors du joug russe que commencent à pâtir les Cosaques et autres Ukrainiens.
Quand le tsar Pierre le Grand entre en guerre avec le roi de Suède Charles XII, le nouveau chef des Cosaques, le hetman Ivan Mazeppa, offre son alliance à ce dernier. Et Charles XII, désireux de soutenir son providentiel allié, décide de le rejoindre avec son armée au lieu de marcher sur Moscou.
Il met le siège devant Poltava mais en est délogé le 8 juillet 1709 par des renforts russes. Charles XII et Mazeppa n'ont plus d'autre choix que de demander asile à la Turquie. C'en est fini pour deux siècles des espoirs d'indépendance ukrainienne.
Catherine II la Grande destitue le dernier hetman cosaque et abolit les dernières libertés cosaques.
La reconquête de l'Ukraine par Moscou est complétée à la faveur des deux premiers partages de la Pologne, en 1772 et en 1793. Ils font passer l'ensemble du territoire ukrainien mais aussi la Biélorussie sous l'autorité du tsar.
Au XIXe siècle, la montée des nationalismes conduit le gouvernement tsariste à réprimer les forces centrifuges.
Alexandre II, bien que réputé « libéral », interdit la langue ukrainienne dans l'imprimerie et à l'université et c'est de l'autre côté de la frontière, en Autriche-Hongrie, dans l'université de Lvov ou Lemberg (Ruthénie), que les lettrés et intellectuels ukrainiens trouvent refuge.
Le peintre et poète romantique Taras Chevtchenko (1814-1861), fils de serfs et serf lui-même, est le symbole de cette renaissance douloureuse de la culture ukrainienne à travers sa courte vie, tissée de servitude, de prison et d'exil.
Avec la première Révolution russe, en 1905, une éclaircie se fait jour. Le Manifeste publié par Nicolas II le 30 octobre 1905 promet de respecter les nationalités. Aussitôt fleurissent en Ukraine des dizaines de journaux dans la langue nationale...
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Voir les 7 commentaires sur cet article
Christian (12-10-2022 06:32:14)
La phrase "Les Occidentaux, d'habitude si soucieux du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, ripostent en annonçant des sanctions contre la Russie" me paraît tendancieuse. Elle implique en effe... Lire la suite
PANDORA (26-04-2022 09:56:43)
A l'attention de Monsieur Alain (28-02-2022 15:09:32) Je souhaiterais savoir pour qui vous roulez moi aussi. Car les commentaires qui fusent comme des vérités relevant du performatif donc de... Lire la suite
Alain (28-02-2022 15:09:32)
Encore un article tendancieux qui vise à discréditer l'état ukrainien actuel au bénéfice de la Russie. Pour qui l'auteur « roule »-t-il ?