Spécialiste de l'histoire des Balkans, Olivier Delorme s'inquiète du bruit de bottes autour de la mer Égée et des provocations de la Turquie d'Erdogan. Il dénonce l'écrasante responsabilité de l'Union européenne dans la montée de cet impérialisme :
« Pourquoi lors des marchandages budgétaires a-t-on contraint la Grèce à lever son veto à la candidature de la Turquie sans exiger de celle-ci qu’elle accepte l’arbitrage de la Cour de La Haye ? Pourquoi les milliards d’euros du contribuable européen déversés sur la Turquie au titre de la pré-adhésion, de la réalisation de l’union douanière puis du chantage aux migrants n’ont-ils jamais eu pour contrepartie la cessation des continuelles violations de l’espace aérien grec et l’évacuation de 37 % du territoire de la République de Chypre, membre de l’UE, occupés et colonisés depuis 1974 ? Pourquoi l’UE a-t-elle imposé qu’une partie des fonds européens destinés à Chypre finance l’État fantoche qu’y a proclamé Ankara ? Pire, cet argent a permis la consolidation du pouvoir d’Erdogan en finançant, via des commissions sur les marchés publics, le système de charité islamiste du parti AKP. Et l’UE refuse toujours de mettre fin à la sinistre comédie des négociations d’adhésion de ce pays dont le régime ne tient plus que par la répression, la censure et la fraude électorale. (...) Rarement aveuglement géostratégique aura été aussi complet !... »
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Benoît (20-08-2020 09:38:27)
Il est bien aisé de parler d'agresseur et d'agressé. D'un camp à un autre, les paradigmes s'inversent. Erdogan a été utilisé par les puissances de l'OTAN, et non pas simplement appuyé par elles... Lire la suite