11 octobre 2018

Patrick Boucheron bouscule l’histoire

Il a bouleversé la vision que l’on avait du Moyen Âge et son « Histoire mondiale de la France » a défrayé la chronique. Rencontre avec l'historien Patrick Boucheron, alors que se tiennent du 10 au 14 octobre les 21e Rendez-vous de l'histoire, à Blois.

Patrick Boucheron, aujourd'hui professeur au Collège de France, explique le sens de ses recherches sur la ville italienne au Moyen Âge. Il montre comment il est arrivé à la conviction que la ville était un élément constitutif du système féodal, l'exutoire vers lequel les seigneurs terriens écoulaient leurs excédents et le lieu où ils s'approvisionnaient en produits de luxe. Rien à voir avec l'optique précédente, d'inspiration marxiste, qui voyait dans la bourgeoisie urbaine une réaction au pouvoir seigneurial.

Tout dépend évidemment de la période considérée. Au IXe siècle, quand se met en place le système féodal, il n'est encore question que de seigneuries rurales très largement autonomes. Par son succès même, en stabilisant le monde rural, en le mettant à l'abri des invasions et des migrations, la féodalité va générer après l'An Mil croissance économique, besoins nouveaux, artisanat, commerce et urbanisation...

Dans L'Histoire du monde au XVIe siècle (Fayard, 2009), un ouvrage collectif qu'il a dirigé, l'historien a voulu démontrer que l'occidentalisation du monde à partir des expéditions maritimes du Portugal n'était pas une fatalité. L'histoire aurait pu suivre un autre cours avec l'empire turc ou encore l'empire chinois... Oui, pouvons-nous objecter. Mais si cela n'est pas arrivé, c'est aussi pour des raisons objectives : les empires chinois et turc étaient trop centralisés et trop rigides, trop sujet aussi aux invasions, pour dominer la planète. À leur différence, les États européens, en concurrence les uns avec les autres mais à l'abri des invasions extérieures, bénéficiaient de tous les atouts pour réussir.

Patrick Boucheron se montre moins disert sur L'Histoire mondiale de la France (Seuil, 2016), un succès éditorial qui lui a valu d'être connu du grand public. Il explique avoir voulu montrer dans cet ouvrage que l'Histoire nationale et l'Histoire mondiale n'étaient pas opposables. Elles ne pouvaient tout simplement pas être dissociées l'une de l'autre. C'est une conviction que partage bien évidemment Herodote.net même si nous l'illustrons jour après jour de manière moins polémique...

André Larané

En savoir plus avec CNRS Le Journal

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