Ali, époux de Fatima, l'une des filles du prophète Mahomet, est à l'origine des deux principales scissions qui ont affecté la communauté musulmane (le kharidjisme et le chiisme). En 656, il succède à Othman, le troisième calife (ou remplaçant du prophète Mahomet).
Le nouveau calife et ses partisans (en arabe, chiites ou chi'ites) prônent une grande rigueur dans la mise en pratique de l'islam et l'assimilation des populations conquises. Ils recommandent aussi que le califat revienne aux descendants en ligne directe du prophète. Ils s'opposent sur ces points aux orthodoxes ou sunnites, adeptes d'une application souple de la doctrine musulmane (la sunna).
Les partisans d'Ali, conduits par le fils cadet de celui-ci, Al-Hussein, affrontent les sunnites à Kerbela en 680. Ils sont défaits et la mort d'Al-Hussein va consommer la rupture entre sunnites et chiites.
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Les chiites duodécimains (ils reconnaissent douze imams) représentent aujourd'hui environ 15% de l'ensemble des musulmans (environ 150 millions de fidèles). Ils sont très majoritaires en Iran (60 millions sur 70 millions d'habitants). Ils sont aussi majoritaires en Irak (60% des 30 millions d'Irakiens) où ils ont été jusqu'à ces dernières années opprimés par les Arabes sunnites (15% de la population), d'où les désordres actuels.
Ils sont devenus au Liban, ces dernières années, la communauté religieuse la plus nombreuse, devant les chrétiens, ce qui explique là aussi les tensions politiques. Ils sont présents aussi dans le nord de l'Arabie séoudite et dans les émirats du Golfe (une dizaine de millions) ainsi qu'à l'est de la Turquie (environ 15% des 70 millions de Turcs).
N'oublions pas surtout que le deuxième pays chiite au monde après l'Iran est le... Pakistan, avec plus de 40 millions de chiites pour 120 millions de sunnites.
Les différentes branches du chiisme
Les musulmans chiites attribuent une importance cruciale au culte de l'imam (d'après le mot arabe amâma qui veut dire devant). Cet imam chiite n'a rien à voir avec l'imam qui, chez les sunnites, préside simplement à la prière dans les mosquées.
L'imam, selon les chiites, est un homme de la descendance d'Ali. Il est réputé infaillible dans l'interprétation du sens caché du Coran. Tous les fidèles lui doivent allégeance. Est de même réputée infaillible Fatima, la fille du Prophète et l'épouse d'Ali.
Malheureusement, les chiites ne s'accordent pas sur le nombre d'imams légitimes.
- La plus grande partie d'entre eux s'accordent sur l'existence de douze imams, y compris Ali et ses deux fils. Ce sont les chiites duodécimains ou imamites.
D'après eux, le douzième et dernier imam aurait disparu en 873, à l'âge de 8 ans, du côté de Samarra, près de Bagdad, pour fuir les persécutions.
Cet « Imam caché » est appelé à revenir à la fin des temps pour juger les hommes. Les chiites duodécimains sont prédominants en Irak et en Iran mais aussi très présents au Liban où ils ont créé les milices du Hezbollah.
- Une autre branche très influente - quoique moins nombreuse - est le chiisme septimanien ou ismaélien, qui reconnaît l'existence de sept imams seulement, le dernier étant Ismaïl, disparu vers 765. Pour les ismaéliens, Mahomet s'inscrit dans une lignée de prophètes dont le dernier et le plus pur sera le Mahdi (guide suprême). Ces ismaéliens sont quelques millions autour de l'océan Indien, en Inde et en Afrique.
Les chiites se distinguent des sunnites par l'existence d'un clergé très hiérarchisé, proche de la population et indépendant du pouvoir politique.
La population suit des « ayatollah » (ou « signe de Dieu »), chefs religieux régionaux qui se signalent par leur charisme, leur science et leur foi. Ces ayatollah portent en Iran le nom de leur ville d'attache. Ainsi Rouhollah Mostafavi, mort en 1989, est-il plus connu sous le nom de Khomeiny (de la ville de Khomeyn) et Ali-Akbar Hâchemi sous celui de Rafsandjâni (de Rafsandjân).
Au sommet de l'État, il s'ensuit des différences majeures quant au gouvernement. Tandis que les musulmans sunnites acceptent la confusion de l'autorité politique et de l'autorité religieuse en une même personne (autrefois le calife, aujourd'hui le souverain, comme au Maroc, ou plus trivialement le dictateur du moment), les chiites distinguent les deux sphères politique et religieuse.
Dans l'actuelle République islamique d'Iran, le président élu de la République doit composer avec le « Guide de la Révolution » (l'ayatollah Khomeyni, jusqu'à sa mort en 1989, puis l'ayatollah Ali Khamenei). Il est nommé par un conseil de 80 religieux ou mollahs, le Conseil des experts.
Le Guide de la Révolution, qui est aussi le chef de l'État, possède d'importantes prérogatives (nominations...) et figure hiérarchiquement au-dessus du Président, ce qui confirme l'orientation théocratique du régime mais limite les risques de dérive autocratique.
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Voir les 7 commentaires sur cet article
BONHOURE (19-02-2021 09:33:32)
Où placer Omar Khayam, le poëte persan du Xème siècle? Dans les années 56-57, en Algérie, j'ai à deux reprise accompagné des amis musulmans à une fête, dans les hauts plateaux algériens,... Lire la suite
Francis (03-06-2017 17:26:35)
Henry CORBIN fut le plus grand spécialiste français de la pensée chi'ite en islam iranien...
Anonyme (25-01-2016 06:42:30)
"Chiites indépendants du pouvoir politique"mais qui tiennent le pouvoir politique comme le montre cet article en Iran .