Pendant un demi-siècle, intoxiqués par l'aventure guerrière et les délices de la Renaissance italienne, les nobles français passent et repassent les Alpes sous un prétexte ou un autre, épuisant leurs forces dans les guerres d'Italie.
Stériles et ruineuses, elles s'étirent sur les règnes de Charles VIII, Louis XII, François 1er et Henri II. Entamées par le départ de Charles VIII pour Naples dont il veut ceindre la couronne, elles se terminent par le traité du Cateau-Cambrésis, le 3 avril 1559.
Tout commence avec Charles VIII. Le fils et successeur de Louis XI décide, sitôt majeur, de faire valoir de vagues droits familiaux sur le royaume de Naples. Il traverse les Alpes le 25 janvier 1494 à la tête de 30.000 hommes et fait une entrée triomphale à Naples, costumé en empereur byzantin !
Le 6 juillet 1495, sur le retour, il se heurte à Fornoue, près de Venise, à une armée beaucoup plus nombreuse que la sienne. Les Français arrivent malgré tout à dégager le passage, laissant à leurs ennemis le souvenir de la «furia francese». Mort peu après, Charles VIII n'a pas le temps de retourner en Italie.
Son successeur Louis XII reprend à son compte les chimères italiennes et vise, non seulement Naples mais aussi Milan, au nom de sa grand-mère Valentine Visconti. Dès 1499, il entre à Milan à la tête de ses troupes, puis marche sur Naples.
Mais en 1503, les Espagnols reprennent l'offensive et infligent aux Français plusieurs défaites, à Cérignole et Garigliano, où s'illustre le chevalier Bayard.
Louis XII est peu après sollicité d'entrer dans la Ligue de Cambrai, constituée par le pape Jules II pour lutter contre la République de Venise. Les Français écrasent les Vénitiens à Agnadel le 14 mai 1509. Venise ne s’en relèvera pas.
Mais par un retournement d’alliances, le Saint-Siège et Venise forment une Sainte Ligue contre les Français ! Ceux-ci l’emportent à Ravenne le 11 avril 1512 mais sont néanmoins chassés d’Italie (pour la troisième fois !).
La France est qui plus est envahie par les Anglais et même les Suisses. Louis XII achète à prix d’or la paix. I
À la mort de Louis XII, le 1er janvier 1515, la couronne revient à son cousin, qui prend le nom de François 1er et n’a rien de plus pressé que de reprendre la guerre en Italie. Le 13 septembre 1515, il écrase les Suisses dans la plaine du Pô, à Marignan. Cette bataille se solde par 16.000 morts, ce qui fait d’elle la plus meurtrière depuis l’Antiquité.
Marignan a pour conséquence la signature le 29 novembre 1516 d’une «paix perpétuelle» entre le roi de France et les cantons suisses. Elle amène aussi le pape à conclure le 18 août 1516 le concordat de Bologne qui va régir les relations entre la France et le Saint-Siège jusqu'en 1790.
Là-dessus, la guerre éclate entre l’empereur Charles-Quint et le roi de France. L'un et l'autre rêvent d’asseoir leur domination sur l’Italie, riche, belle et divisée.
Le 29 avril 1522, les Français sont battus à La Bicoque (en italien Bicocca, d’où nous vient le mot bicoque) et doivent évacuer le Milanais.
Après cette défaite, les Français évacuent le Milanais cependant que leurs ennemis se regroupent dans une ligue qui réunit l'empereur Charles Quint, le pape Léon X et le roi d'Angleterre Henri VIII.
L'année suivante, pour ne rien arranger, le connétable de Bourbon déserte au profit de l’empereur Charles Quint etmet à feu et à sang la Provence.
Bayard, l'illustre chevalier «sans peur et sans reproche», trouve une mort glorieuse à Abbiategrasso le 30 avril 1524, en protégeant la retraite de l'armée française.
Le pire survient le 24 février 1525, avec la capture du roi lui-même à la bataille de Pavie, près de Milan. François 1er n’a d’autre choix que de signer le 14 janvier 1526 le traité de Madrid mais s'empressera d'en renier les clauses sitôt libéré.
La guerre reprend, le roi s’étant cette fois allié au pape et à Venise au sein de la Ligue de Cognac. Nouvel échec. Mais l’empereur, menacé d’être pris à revers par les Turcs, accepte de traiter. La paix est négociée à Cambrai le 3 août 1529 par sa tante Marguerite d’Autriche et la mère de François 1er. Elle est pour cela appelée «paix des Dames».
Une ultime guerre avec l’empereur aboutit, après la victoire sans suite de Montluc à Cérisoles, en Italie, le 14 avril 1544, à une paix de compromis. Il appartiendra à Henri II, fils et successeur de François 1er, de mettre un terme pour de bon aux guerres d’Italie par la paix du Cateau-Cambrésis, le 3 avril 1559.
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Kevin Bibet (24-05-2018 13:50:03)
Un article intéressant mais dont la fin semble terminée trop rapidement, il manque tout de même 12 ans et deux guerres dans cet article, dommage. Merci quand même à la personne qui a pris la peine ... Lire la suite