Antiquité classique

Derniers sursauts de l'Antiquité (VIe-VIIe siècles)

L’Antiquité s’achève pour de bon quand les premiers cavaliers musulmans quittent la péninsule arabe pour envahir les terres de vieille civilisation que sont l’empire byzantin et l’empire perse. En quelques décennies, la religion de Mahomet se répand des Pyrénées aux portes de la Chine. Cet événement majeur coupe en deux moitiés rivales le monde méditerranéen qu'avaient unifié les Romains.

À la même époque, la partie occidentale de l’empire romain entre dans la période la plus noire de son Histoire. En Gaule et sur le Rhin, les rois mérovingiens qui succèdent à Clovis et Dagobert s'avèrent si insignifiants que la postérité les qualifiera de « rois fainéants ».

À l'autre extrémité du monde, la Chine se relève d'une longue décadence et des invasions barbares grâce à un nouvel empereur, Li Che-min, plus connu sous le nom de T’ai Tsong le Grand. Il est à l’origine de la prestigieuse dynastie des T'ang...

André Larané et Vincent Boqueho
Derniers sursauts de l'Antiquité (VIe-VIIe siècles)

Fin de partie (IIIe-IVe siècles)

On a coutume en Occident d'appeler Antiquité tardive les deux siècles qui précèdent les assauts barbares et la dissolution de l'empire romain d'Occident. On assiste durant cette période à une transformation politique : l'empire se fait militaire et autoritaire ; les villes se dépeuplent et s'entourent de murailles, les techniques se renouvellent... De nouvelles religions séduisent les âmes en peine, parmi lesquelles le christianisme.

Celui-ci va s'épanouir en premier lieu en Orient et à la périphérie de l'empire, en Arménie comme à la pointe de l'Afrique, dans le royaume d'Aksoum (ou Axoum), dont l'Éthiopie actuelle est l'héritière. Ce royaume tire sa prospérité du commerce entre l'Afrique et le monde méditerranéen. Polythéiste comme le Yémen d'en face, il est aussi, comme lui, sensible à l'enseignement transmis par la diaspora juive. Il est aussi de plus en plus influencé par le christianisme venu d'Égypte.

Au milieu du IVe siècle, le souverain d'Aksoum se convertit au christianisme et ses descendants lui resteront fidèles jusqu'à nos jours. Son vis-à-vis et rival yéménite se convertit quant à lui au judaïsme. Ainsi la Corne de l'Afrique se lie-t-elle au monde méditerranéen. Mais ces liens vont être rompus par l'expansion musulmane et aujourd'hui, l'Éthiopie fait encore figure d'isolat chrétien au milieu de l'oumma (équivalent musulman de la chrétienté).

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Le royaume d'Aksoum (300-640)

Changement de ton (Ve-VIe siècles)

En Occident même, l'Antiquité tardive prend fin au Ve siècle tandis que déboulent les Germains par vagues successives et que le christianisme triomphe dans les cœurs. L'archéologie témoigne d'après l'historien Bryan Ward-Perkins d'« un déclin saisissant du niveau de vie en Occident tout au long des Ve, VIe et VIIe siècles », l'époque des Huns et des Francs. «  Tout le monde en fut frappé : des paysans aux rois ».

Un nouvel ordre émerge avec la constitution de royaumes barbares, lesquels ne se perçoivent pas comme des entités nouvelles mais comme des relais de l'empereur qui règne à Constantinople.

La situation se stabilise avec un jeune chef franc du nom de Clovis (de son nom dérive le prénom Louis qui sera celui de 19 rois de France).

Par des alliances judicieuses et par la guerre, il élimine ou repousse ses rivaux alamans, wisigoths, burgondes, ostrogoths...

Il soumet enfin toute la Gaule des Pyrénées au Rhin et au-delà. Il obtient le soutien du clergé gallo-romain grâce à sa conversion au catholicisme, ce qui permettra à sa descendance de dominer l’Occident romain pendant trois siècles.

L'Italie devient quant à elle un champ de bataille pour les intrus en tous genres : Lombards, Ostrogoths, Byzantins.

Au milieu des tempêtes, le prestige de la Ville éternelle se reporte sur celui qui est devenu son chef élu, l'évêque de Rome. Héritier de l'apôtre Pierre, martyrisé sur la colline du Vatican, il va s'affirmer dans les siècles suivants comme le chef de la chrétienté occidentale, le pape

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Les premiers royaumes germaniques (476-561)

L'empire romain d’Orient est, lui, relativement épargné par les Germains. Il n'en est pas moins soumis à de violentes pressions de la part des Bulgares au nord et surtout des Perses avec lesquels il va engager une lutte à mort. À l'intérieur, les crises sociales se traduisent par des émeutes urbaines et des jacqueries récurrentes.

Riche d'importantes ressources fiscales, l'empire se transforme en un État bureaucratique. À Constantinople, l’empereur prend rang de chef religieux et omnipotent. Il est vénéré de son vivant à la manière des rois orientaux.

Justinien (mosaïque de l'église San Vitale, Ravenne)Le principal empereur d’Orient est Justinien. Son règne, de 527 à sa mort en 565, doit beaucoup aux qualités personnelles de son épouse Théodora, fille d’un simple dompteur d’ours et prostituée repentie.

Justinien fait construire la basilique Sainte-Sophie, dédiée à la Sagesse (Sophia en grec). Il entame la compilation du droit romain. Cet ouvrage juridique du nom de Digeste inspirera les légistes européens et notamment les rédacteurs du Code Civil. Nous lui devons une partie de nos lois.

Mais l'empereur rêve aussi de reconstituer l'ancien empire. Sitôt après la mort du chef ostrogoth Théodoric, maître de l'Italie, il entreprend de reconquérir celle-ci. Il tente aussi de soumettre l'Afrique et même l'Andalousie. Il y épuisera les forces de l'empire. Pour ne rien arranger, la peste va faire une irruption fracassante dans la Méditerranée orientale et causer des dommages humains irréversibles à l'empire.

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L’apogée de l’empire byzantin (476-565)

Après la mort de Justinien, l’empire d’Orient est soumis à de vives attaques de la part de nouveaux-venus au nord, Slaves et Bulgares, ainsi que des Perses, ses ennemis traditionnels.

Un général victorieux du nom d’Héraclius revêt la pourpre, symbole de l’autorité impériale. Il transforme l’empire romain d’Orient en empire byzantin (du nom de Byzance, nom grec de Constantinople). Héraclius s’épuise à repousser les Bulgares et les Perses et doit s’accommoder de la conquête de la Syrie et de l’Égypte par des intrus nouveaux-venus que personne n’attendait  : des cavaliers arabes guidés par une nouvelle religion, l’islam.

Une nouvelle ère s’ouvre dans l’Ancien Monde, marquée par la lutte entre l’islam et la chrétienté...

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L’effondrement de l’empire byzantin (565-641)

Rivale séculaire de Rome et Byzance, la Perse a connu une belle embellie au IIIe siècle avec l'avènement des Sassanides. Mais de façon similaire à Byzance, elle entre au Ve siècle dans des crises croissantes qui vont mener à son effondrement.

À ses frontières orientales, elle subit les attaques récurrentes des Huns Blancs, les Hephtalites (dans le même temps, d'autres Huns poussent devant eux des tribus germaniques, les forçant à franchir le Rhin et envahir Rome).

L'empereur Khosro 1er (ou Chosroès 1er), contemporain de Justinien, rétablit pour un temps la grandeur de la Perse. Il apaise les tensions religieuses, notamment entre mazdéens et chrétiens. Nouant une alliance de circonstance avec des Turcs venus des monts Altaï, il défait les Huns Hephtalites en 563 (cette affaire lointaine marque l'entrée des Turcs dans l'Histoire occidentale).

Par ailleurs, Khoro 1er assène des coups sévères à Byzance et étend son autorité sur les deux rives du golfe Persique. Il conquiert même le royaume yéménite d'Himyar. 

Ses successeurs poursuivent les offensives contre Byzance et prennent celle-ci en tenaille par une alliance avec les Avars. Mais de son côté, Byzance noue une alliance de revers avec les Khazars !

Sous les règnes d'Héraclius et Khosro II, les deux adversaires vont s'écharper jusqu'à l'irruption des Arabes qui vont soumettre l'Orient byzantin par la bataille du Yarmouk en 636 et abattre la Perse sassanide par la bataille de Néhavend en 642.

Sur leur lancée, un siècle plus tard, les Arabes vont battre une armée chinoise en Asie centrale à la bataille du Talas en 751... mais n'iront pas plus loin. Quelques années plus tôt, en 732, d'autres musulmans avaient affronté les Francs à Poitiers.

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La chute de l’empire sassanide (476-651)

Pendant ce temps, la Chine revit

Si lointain et parfois si proche, l'empire chinois a connu sous l'Antiquité classique un destin curieusement symétrique de celui de l'empire romain. L'un et l'autre se sont formés au IIIe siècle avant notre ère. Ils ont connu un demi-millénaire de prospérité avant de s'effondrer et de se diviser au IIIe siècle, sous les coups portés par les Barbares et les divisions internes...

Au IVe siècle, l'empire Han survit plutôt bien au sud de la Chine cependant que le bassin du Fleuve Jaune, au nord, est soumis à des dynasties barbares. En 577, dans le royaume Zhou, un général s'empare du pouvoir et fonde la dynastie Sui. Quelques années plus tard, en 589, il réunifie la Chine. Mais sa dynastie ne profitera pas longtemps de son succès. Elle est à son tour renversée par un général ambitieux qui devient empereur sous le nom de Taizong en 626. Sa dynastie, les Tang, va perdurer pendant trois siècles et offrir à la Chine une assez longue stabilité, au moins jusqu'à la rébellion d'An Lushan, au milieu du VIIIe siècle.

Voir la carte animée de Vincent Boqueho : La réunification de la Chine (439-618) :
La réunification de la Chine (439-618)


Publié ou mis à jour le : 2019-11-07 12:45:22

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