Depuis la plus haute Antiquité, plusieurs civilisations brillantes ont vu le jour et se sont épanouies sur le territoire actuel de l’Iran.
Ces vagues successives ont imprégné le pays d’une richesse archéologique et culturelle inestimable qui reste encore à découvrir.
NB : cliquez sur les images pour lire les légendes et voir les agrandissements.
Des siècles de civilisation nous regardent !
Les plateaux iraniens ont le privilège d’avoir accueilli les plus anciennes civilisations humaines. De Suse à Persépolis, c’est toute une histoire de l’humanité qui s’est écrite sur ces terres arides.
La région a en effet vu passer et parfois s’établir nombre d’envahisseurs : citons les Assyriens et leurs successeurs, les Perses du fameux Darius qui construisit les plus admirables palais de l’Antiquité, à Persépolis.
Mais suite à la visite destructrice d’Alexandre le Grand, cette ville dédiée à la représentation du Chah in Chah (le « Roi des Rois ») ne survécut dès lors que dans les mémoires, supplantée des siècles plus tard par la splendeur des monuments construits par les souverains chiites pour adorer Dieu ou simplement embellir leurs villes.
C’est par la volonté de l’un d’entre eux, Châh Abbâs Ier le Grand, que la cité d’Ispahan s’est embellie d’édifices plus prestigieux les uns que les autres qui en font « la plus grande et la plus belle ville de tout l’Orient » (Jean Chardin, Voyage en Perse, XVIIIe siècle).
Aujourd’hui, des monastères arméniens du nord aux ruines de terre de la cité de Bam, malheureusement bien détériorée par le tremblement de terre de 2002, ce ne sont pas moins de vingt sites sur la liste du patrimoine de l’Unesco.
Experts en architecture, les habitants le sont aussi dans des domaines moins imposants comme l’art du tapis qui, pendant des siècles, a fait la renommée du pays au-delà de ses frontières et qui reste aujourd’hui sa spécialité artisanale la plus aboutie.
Au plaisir des archéologues
Rien ne destinait Jane Dieulafoy à devenir une figure de l'archéologie !
Mais, à peine sortie du couvent où elle a été élevée, elle rencontre Marcel Dieulafoy et tous deux s'embarquent pour la Perse en 1881, au moment même où les grandes expéditions scientifiques sont lancées dans le pays.
Le scientifique a trouvé son double : rapidement, Jeanne parle la langue du pays, s'habille en homme, se coupe les cheveux pour plus de commodité et dirige les équipes de fouilles dans les ruines de Suse. Son enthousiasme finit par payer avec la découverte des miettes de la fameuse frise des archers achéménides qui fait aujourd'hui la fierté du musée du Louvre.
Pas de bas-reliefs comme à Persépolis, mais des morceaux de briques moulées recouvertes de glaçure haute en couleurs.
Après une reconstitution minutieuse, Marcel Dieulafoy vit apparaître un défilé de guerriers en robe de cour perse qu'il identifia aux Immortels, la garde personnelle de Darius évoquée par Hérodote et décrite ainsi par l'historien Quinte-Curce : « Il n'en était aucun pour qui l'opulence barbare eût étalé plus de profusion : les uns avaient des colliers d'or, les autres des robes toutes brodées du même métal, et des tuniques à manches, ornées encore de pierres précieuses » (Histoires, Ier siècle ap. J.-C.).
Le successeur des Dieulafoy, l’excentrique Jacques de Morgan, ne se contente pas de mettre à jour le célèbre code d’Hammourabi, à Suse, mais obtient pour la France le monopole des fouilles, ce qui explique qu’aujourd’hui le musée du Louvre soit plus riche que celui de Téhéran.
« D’irréalisables splendeurs de féerie »
Le voyageur arpentant l’Iran peut avoir parfois l’impression de voir la vie en bleu : c’est en effet de cette couleur que sont couverts la majorité des mosquées et mausolées iraniens édifiés après le XIe siècle.
Délaissant les briques crues, les architectes ont alors profité des progrès de la céramique pour ajouter sur les murs une couche de faïence jaune, symbole de la lumière de Dieu, mais surtout bleue, de la couleur du Ciel, de ces « tons bleus, si puissants et si rares que l’on songe à des pierres fines, à des palais en saphir, à d’irréalisables splendeurs de féerie » (Pierre Loti).
D’abord simples figures géométriques puis mosaïques complexes, les motifs se font de plus en plus inventifs à l’époque de la gloire d’Ispahan (XVIe siècle) au point d’apparenter murs et coupoles à de véritables tapis de pierre.
Dans la Shiraz du XIXe siècle, on abandonne quelque peu le bleu pour les variétés de rose et les motifs de fleurs ou d’oiseaux qui apportent une grande douceur aux bâtiments. Mais si la décoration change, l’architecture des mosquées reste fidèle aux grands principes d’un art né à Médine, puisque c’est la maison du Prophète qui servit de modèle.
On retrouve donc en Iran le modèle de la mosquée arabe, dont le prototype est celle de Damas, mais associée à des éléments d’influence parthe, comme l’iwan, salle voûtée ouverte sur l’extérieur.
S’inspirant également des palais sassanides, les constructeurs imaginèrent des cours à quatre iwans ouvrant vers les salles de prières, pour recréer en réduction l’harmonie de l’univers.
L’originalité des mosquées persanes tient également à l’importance donnée à la coupole, véritable seconde voûte céleste et exploit architectural.
Elle est parfois construite à partir du procédé de la double coque qui permet à celle de la mosquée de l’Imam à Ispahan d’atteindre à l’extérieur les 54 mètres.
Plus loin, la coupole turquoise du mausolée Shâh Cherâgh (« Roi de lumière ») de Shiraz étonne davantage par sa forme de bulbe, dont la fragilité lui a valu d’être restaurée à plusieurs reprises.
Notons que le gouvernement iranien a depuis quelques années mis en place une politique de valorisation de son patrimoine qui permet à tous, Iraniens et étrangers, de profiter de ces monuments d’exception.
Les bons génies du bricolage et des sciences
Région aride aux cours d’eau modeste, l’Iran ne pouvait que placer l’irrigation au centre de ses préoccupations. Héritiers du système mésopotamien qui avait développé un riche réseau de canaux et réservoirs, les Perses de l’Antiquité ne purent développer agriculture et jardins qu’en reprenant à leur compte le système du qanât (depuis le VIIIe siècle av. J.-C.), long canal souterrain diffusant l’eau des montagnes, et reconnaissable à la surface par les bourrelets de terre formés par les puits. (...)
Cyrus et la Perse
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