« Ma femme ? Je ne saurais mieux la comparer qu'à une invention française. C'est moi qui l'ai trouvée... et ce sont les autres qui en profitent ! » Cette phrase du dramaturge Henri Duvernois, célèbre durant l’entre-deux-guerres, illustre à la fois l’ingéniosité des inventeurs français et leur extraordinaire capacité, tout au long de l’Histoire, à penser l’universel. Car ce qui fait la valeur d’une invention, c’est précisément sa vocation à être adoptée par les autres autant qu’à répondre à un besoin pratique.
Arrêtons-nous ici sur les principales inventions (matérielles) françaises qui ont conquis le monde. Cette liste n’est évidemment pas exhaustive. Précisons également que la paternité de certaines inventions est sujette à débat. Il n’est pas rare que des inventeurs qui ne se connaissent pas aient la même idée au même moment. Les innovations majeures se faisant toujours par étapes, étalées sur des décennies, les inventeurs français ont pu en être à la genèse comme à l’aboutissement.
Les instruments de précision
Dans la patrie de Descartes, on ne s'étonnera pas de constater que les premières inventions françaises de l’époque moderne s’appliquent surtout au domaine du rationalisme et de la précision.
Exemple emblématique, la première machine à calculer mécanique de l’Histoire, mise au point en 1642 par Blaise Pascal, à l’âge de 19 ans. Si la pascaline n’est capable de réaliser que des additions et des soustractions, son principe est toujours appliqué pour les compteurs kilométriques des voitures.
En 1661, le savant Melchisédech Thévenot invente le niveau à bulle d'air. Leibniz dira de ce touche-à-tout à la curiosité illimitée, auteur notamment d’un traité de natation, qu'il était l’un des hommes les plus universels de son temps.
Neuf ans plus tard, le mathématicien Gilles Personne de Roberval révolutionne le pesage en inventant la balance à plateaux découverts. Les plateaux sont désormais posés au-dessus du fléau et non plus au-dessous, assurant une précision sans commune mesure. La balance Roberval fera autorité jusqu’au XXe siècle.
Le premier métronome est créé en 1696 par le musicien Étienne Loulié. L’appareil était alors appelé « chronomètre de Loulié ».
En 1735, le physicien Henri Pitot, chargé de mesurer la vitesse d’écoulement des eaux de la Seine, invente le premier appareil à mesurer la vitesse des fluides : le tube de Pitot. Perfectionné depuis, l’outil est encore utilisé dans de nombreux domaines, en particulier l’aéronautique.
Les innovations se poursuivent au XIXe siècle avec l’invention, en 1820, par Charles Xavier Thomas de Colmar, de la première machine à calculer mécanique industrielle : l’arithmomètre. Capable d’effectuer les quatre opérations, l’appareil s’imposera comme une référence mondiale jusqu’au début du XXe siècle.
Autre invention capitale : le gyroscope, appareil permettant de conserver une direction invariable, créé par Léon Foucault en 1825, vingt-six ans avant son célèbre pendule.
Du vélo au scooter en passant par l’automobile
Le domaine des transports est sans doute celui où les inventeurs français ont joué le rôle le plus décisif, pour ne pas dire « moteur ». L’ensemble des moyens de locomotion modernes ont bénéficié des innovations venues de l’Hexagone.
À commencer par le totem de l’écologie politique : le vélo. En 1861, à Paris, le serrurier Pierre Michaux ajoute une manivelle munie de pédale sur la roue avant d’une draisienne pour la faire tourner comme une meule. C’est un succès ! Le vélo moderne est né. Deux frères lyonnais, Aimé et René Olivier, l'équipent d'un frein et accomplissent en août 1865 la première randonnée cyclotouriste entre Paris à Avignon.
Dès 1869, Louis-Guillaume Perreaux dépose le brevet de la première motocyclette. L’engin qui dispose d’un moteur à vapeur sous la selle est appelé « vélocipède à grande vitesse. »
La France fut également la première patrie de l’automobile. En 1771, l'ingénieur du génie militaire Joseph Cugnot, invente un chariot mû par une machine à vapeur à deux cylindres, appelé « fardier », car il devait transporter de lourdes charges comme les canons de l'armée. C’est tout simplement le premier véhicule automobile ! Mais l'engin est lent (4 km/h) et impossible à manœuvrer tant il est lourd. Une invention un peu trop en avance sur son temps qui préfigure toutefois la première locomotive à vapeur sur chemin de fer mise au point par l’ingénieur anglais George Stephenson.
Un siècle plus tard, en 1881, un électricien au nom prédestiné, Gustave Trouvé, invente le premier véhicule électrique. Il s’agit d’un tricycle mû par l’électricité.
La même année, il adapte son moteur à la propulsion maritime créant le premier hors-bord. Fort d’une centaine d’inventions et innovations, parmi lesquelles la lampe frontale, le Français gagnera le surnom de « Léonard de Vinci du XIXe siècle ».
Le pneumatique avec chambre à air démontable est l’œuvre en 1891 des frères clermontois André et Édouard Michelin. D’abord destiné aux bicyclettes, il équipe en 1895 une première voiture, l’Éclair, révolutionnant le transport et faisant la fortune de l'entreprise.
En 1902, la société blésoise Auto-Fauteuil, dirigée par Georges Gauthier, crée le premier scooter électrique, baptisé « autofauteuil Gauthier ».
Notons enfin que la boite de vitesse automatique, si populaire outre-Atlantique, est l’œuvre d’un Français, Gaston Fleischel, qui en déposera le premier brevet en 1935.
Les Français, maîtres incontestés des cieux
En 1783, deux papetiers ardéchois, les frères Joseph et Étienne Montgolfier, inventent l’aérostat à qui ils donnent leur nom : la montgolfière. Le 21 novembre 1783, à Paris, François Pilâtre de Rozier et le marquis d'Arlandes s'envolent à bord d'un ballon à air chaud. Ils sont les premiers êtres humains à s'élever dans le ciel.
L’invention des Montgolfier est aussitôt perfectionnée par leur compatriote Jean-Pierre Blanchard, qui invente le ballon à hydrogène avec lequel il traverse la Manche en 1785 en un peu plus de deux heures.
Parallèlement à l’aérostat, les Français inventent le parachute. En 1783, le physicien Louis-Sébastien Lenormand expérimente les premiers parachutes du haut de la tour de l’observatoire de Montpellier.
Reprenant ses expériences, André-Jacques Garnerin effectue le premier saut en parachute de l’Histoire, le 22 octobre 1797, depuis un ballon, au-dessus du parc Monceau, devant une foule de badauds et à l’aide d’une toile de canevas de 7m2.
La conquête du ciel par les Français se poursuit au XIXe siècle. En 1852, Henri Giffard, invente le premier ballon dirigeable à hélice et gouvernail. À bord de cet appareil équipé d’un moteur de 3 chevaux, il réalise le premier vol propulsé et contrôlé entre Paris et Élancourt.
Le 9 octobre 1890, à Gretz-Armainvilliers, Clément Ader s’envole avec un avion de 300 kilos, doté de deux ailes de chauve-souris, d’une hélice en bambou et d’un moteur à vapeur de 20 chevaux. En fait de vol, il ne s'agit que d'un bond de 50 mètres à quelques dizaines de centimètres du sol.
Parallèlement aux frères Wright, l’ingénieur Robert Esnault-Pelterie fait faire à l’aviation un bon de géant en inventant l’aileron et le manche à balai. En 1907, le Français est le premier à faire voler un avion monoplan à structure métallique.
Trois ans plus tard, le Marseillais Henri Fabre invente l’hydravion et réalise le premier amerrissage sur l’étang de Berre.
Le 13 novembre 1907, à Coquainvilliers, près de Lisieux, un mécanicien, Paul Cornu, réussit à s'élever pour la première fois à bord d'un engin d’une envergure de 6 mètres, comportant à chaque extrémité une hélice, entraînée par un moteur de 24 chevaux. Ce jour-là, il atteint l'altitude de... 1 mètre 50 en envol vertical libre ! L'exploit marque la véritable naissance de l'hélicoptère.
Du bateau à vapeur au sous-marin
On le sait peu, mais le premier bateau à vapeur est français. On le doit au marquis de Jouffroy d'Abbans, concepteur d’un Palmipède dont les rames sont actionnées par une machine à vapeur. Sa première sortie dans le bassin de Gondé (Doubs) en 1776 est un succès. Sept ans plus tard, le marquis invente le premier bateau à roues à aubes : le Pyroscape. Long de 45 mètres et d’un poids de 150 tonnes, il remontera la Saône depuis Lyon sur plusieurs kilomètres.
Les Français vont surtout s’intéresser à la conquête des profondeurs. En 1863, l’ingénieur Charles Brun et le commandant Bourgois créent le premier sous-marin propulsé par un moteur à air comprimé : le Plongeur. Il peut embarquer sept personnes à son bord.
L’année suivante, deux Aveyronnais, Benoît Rouquayrol et Auguste Denayrouze, mettent au point le scaphandre autonome fournissant l’air à la demande. Celui-ci est perfectionné en 1926 par le commandant Yves Le Prieur qui lui ajoute la bouteille d’air comprimé.
Enfin, en 1943, Émile Gagnan et Jacques-Yves Cousteau, mettent au point le détendeur moderne, rendant enfin accessible l’espace sous-marin. Quant aux palmes de plongées, elles ont été inventées en 1914 par un autre Français, Louis de Corlieu.
Quelques inventions industrielles majeures
En 1801, l’ingénieur lyonnais Joseph Marie Jacquard met au point le métier à tisser mécanique programmable : le métier Jacquard. Il connaîtra un succès international et est encore utilisé de nos jours.
En 1829, le Stéphanois André Galle brevète la chaîne à maillon avec engrenage, utilisée pour les motos ou les tronçonneuses.
Trois ans plus tard, un autre ingénieur stéphanois, Benoît Fourneyron, met au point dans le Jura la première turbine hydraulique. Ses turbines s’exporteront dans toute l’Europe et jusqu’au Mexique.
Le marteau-pilon à vapeur qui a fait faire un bond de géant au secteur métallurgique, permettant de forger les énormes pièces d’aciers des navires et des trains, est conçu au Creusot en 1841 par l’ingénieur François Bourdon. Ses coups sont entendus à dix kilomètres à la ronde. Il est aujourd’hui l’emblème de la ville.
La première batterie électrique rechargeable est inventée en 1858 par le physicien Gaston Planté. Les batteries des automobiles actuelles fonctionnent encore selon le même principe. Quelques années avant cette invention majeure, il avait découvert les fossiles d’un oiseau préhistorique qui sera nommé en son honneur Gastornis.
En 1884, le comte Hilaire de Chardonnet invente à Besançon la soie artificielle à base de cellulose et de collodion. La nouvelle matière, également appelée viscose, ne servira pas qu’à fabriquer des textiles. Elle permettra de produire également les éponges et la cellophane.
Apports français dans l’urbanisme
La physionomie des centres-villes du monde entier a été bouleversée par quelques inventions bien françaises.
Le réverbère est créé en 1744 par l’horloger Dominique-François Bourgeois, ami de Vaucanson. Il est alors alimenté à l’huile de colza ou de chanvre, remplacée au début du XIXe siècle par le gaz puis, à partir de 1880, l’électricité.
Le ciment moderne est inventé par le polytechnicien Louis Vicat, concepteur du pont de Souillac (Lot). Ce premier pont construit avec du ciment artificiel a été inauguré en 1824. Balzac écrira à son sujet dans Le Curé de village : « Quelle sera la récompense de Vicat, celui d'entre nous qui a fait faire le seul progrès réel à la science pratique des constructions ? ».
Quant au béton armé, il est créé en 1867 par le jardinier Joseph Monier qui cherchait à produire des pots de fleurs plus résistants.
Les tubes au néon utilisés dans les enseignes lumineuses ont été inventés en 1910 par le chimiste et industriel Georges Claude, spécialiste des gaz rares et à l’origine de l’entreprise Air Liquide.
Sans oublier le désormais incontournable rond-point. Le carrefour giratoire est imaginé par l'urbaniste Eugène Hénard. En 1907, la ville de Paris se dote ainsi des deux premiers carrefours giratoires : la place de l’Étoile et la place de la Nation. Les Anglais reprendront l’idée près de 20 ans plus tard.
La France lègue au monde la photographie et le cinéma
En 1827, le Bourguignon Nicéphore Niepce produit la première photo digne de ce nom : une vue de la fenêtre de sa maison de Saint-Loup de Varennes (Saône-et-Loire), toujours conservée.
Le peintre Louis Daguerre poursuit ses travaux et conçoit un appareil de prise de vues qu'il baptise avec modestie « daguerréotype ». Le 19 août 1839, François Arago, illustre savant et homme politique en vue, déclare devant les Académies des sciences et des beaux-arts que le gouvernement français a acheté les droits sur le daguerréotype afin d'« en doter libéralement le monde entier » !
Trente ans plus tard, Charles Cros et Louis Ducos du Hauron mettent au point la photographie en couleurs.
Les innovations françaises en matière d’images ne s’arrêtent pas là. En 1859, le photographe René Dagron brevète le microfilm. En 1907, l’ingénieur Édouard Belin invente le bélinographe, un appareil permettant la transmission à distance d'images fixes, ancêtre du télécopieur.
Quant à la projection cinématographique, elle est mise au point à Lyon en 1895 par les frères Auguste et Louis Lumière qui réalisent cette année-là le premier film de l’histoire : La Sortie de l'usine Lumière à Lyon.
Les innovations françaises en médecine
Père de la chirurgie moderne, Ambroise Paré est à l'origine d'importantes avancées médicales. Ainsi, au lieu de cautériser les plaies en les brûlant, au risque de tuer le blessé, il imagine de les ligaturer ou de les panser avec un mélange à base de jaune d'œuf, d'huile et de térébenthine. Pour assister les nombreux amputés de guerre, il invente en 1564 la première prothèse articulée.
Le stéthoscope est inventé en 1816 par le médecin René Laennec. Celui-ci s’aperçoit qu’un cylindre perforé et évasé à son extrémité sous forme d’entonnoir donne une meilleure intensité au son. Il conçoit un tube en bois d’une vingtaine de centimètres et démontrera que l’écoute des sons internes de la respiration et de la circulation sanguine permet un diagnostic rapide des affections cardiaques et pulmonaires.
Le chirurgien Alfred Velpeau a quant à lui laissé son nom à un bandage qu’il a conçu en 1860, la célèbre bande Velpeau. De lui cette sentence : « Toute plaie est une porte ouverte à la mort. »
Durant le siège de Paris par les Prussiens, le médecin Alphonse Guérin créé le pansement ouaté pour empêcher les germes présents dans l’air d’atteindre la plaie. L’invention lui vaudra le surnom de « père de la méthode aseptique ».
Pionnier de l'hygiène des accouchées et des nouveau-nés, le chirurgien obstétricien Stéphane Tarnier invente en 1880 la première couveuse pour les prématurés. Elle est alors en bois, remplie de paille et chauffée par des bouillotes.
Sans oublier l’apport français en matière de vaccin. Après avoir mis en évidence l’existence des microbes et leur rôle dans la transmission des maladies, Louis Pasteur invente en 1885 le vaccin contre la rage qui lui vaut une renommée planétaire. Il lancera trois ans plus tard le premier centre de recherche scientifique du monde : l’Institut Pasteur. Les savants et médecins réunis en son sein par son illustre fondateur vont multiplier les découvertes.
Parmi les plus importantes : le vaccin contre la tuberculose (le fameux BCG) inventé en 1921 par Albert Calmette et Camille Guérin, celui contre la diphtérie, mis au point par Gaston Ramon en 1924 ou encore le premier vaccin contre la fièvre jaune, œuvre de Jean Laigret en 1932. C’est également à un virologue français, Philippe Maupas, que l’on doit le vaccin contre l'hépatite B (1976).
La France révolutionne l’hygiène
C’est au chimiste Claude-Louis Berthollet qu’on doit ainsi l’eau de Javel, créée en 1775. D’abord appelée « lessive de Berthollet » elle prendra le nom du village (devenu un quartier de Paris) où elle était produite. À noter qu’elle n’était à l’origine qu’un décolorant. Ses qualités de désinfectant ne seront découvertes qu’au XIXe siècle.
Sous le règne de Napoléon III, un teinturier parisien, Jean-Baptiste Jolly, invente le nettoyage à sec en mélangeant par mégarde de la térébenthine et de l’alcool sur une robe. Il ouvrira le premier établissement dédié.
La douche nous semble aujourd’hui si banale et indispensable qu’on en a oublié qu’elle fut inventée en 1872 par François Merry Delabost, médecin-chef de la prison Bonne-Nouvelle à Rouen. Celui-ci cherchait à améliorer l’hygiène des détenus tout en économisant l’eau des bains.
Neuf ans plus tard, l’ingénieur Jean-Louis Mouras créé la première fosse septique. Cette vidangeuse automatique et inodore portera son nom : la fosse Mouras.
Enfin, en 1884, Eugène Poubelle, préfet du département de la Seine, a une idée révolutionnaire : imposer aux Parisiens l'usage de réceptacles fermés pour l'évacuation des ordures ménagères. Il s'agit d'en finir avec la crasse qui fait la mauvaise réputation de la capitale depuis le Moyen Âge. Le préfet met en place un ramassage quotidien par des voitures tirées par des chevaux. Son arrêté prévoit même le tri sélectif avec une boîte pour les matières organiques, une pour les papiers et les chiffons et une pour le verre, la faïence et les coquilles d'huîtres. Ces réceptacles, qualifiés par dérision du nom de leur inventeur, se généralisent très vite dans la capitale puis dans toutes les grandes villes.
Inventions françaises en cuisine
L’univers de la cuisine et de l’alimentation est riche de créations françaises. À commencer par les plats et produits de consommation qui ont conquis le globe.
Symbole de fête et de célébration, le champagne est mis au point en 1688 par le moine bénédictin Dom Pérignon. Aujourd’hui, c’est près de 250 millions de bouteilles qui sont vendues à travers le monde.
N'en déplaise à nos voisins belges, c’est en France que sont nées les frites, et plus précisément durant la Révolution, où elles étaient appelées : pommes Pont-Neuf. Dérivée de la rémoulade, la mayonnaise est aussi française et aurait été créée en 1756 lors de la conquête de Mahon, capitale de la Minorque.
La margarine a été conçue en 1869 par le pharmacien Hippolyte Mège-Mouriès à la suite d’un concours lancé par Napoléon III pour l’invention d’un corps gras semblable au beurre mais plus économique et se conservant mieux, destiné aux pauvres et aux marins.
Quant à la célèbre clémentine, elle est crée en Algérie, à la fin du XIXe siècle, par un missionnaire, le père Clément, à partir de mandariniers et d’orangers.
Plusieurs ustensiles de cuisine désormais indispensables sont d’origine française.
Réfugié en Angleterre, le huguenot Denis Papin aura laissé au monde le moyen de cuire sous pression en inventant la cocotte-minute et sa soupape de sécurité. Appelée à l’origine « digesteur », elle est conçue en 1679 et posera les bases de la machine à vapeur.
Invention révolutionnaire si l’en est, la conserve, est à mettre au crédit du confiseur marnais Nicolas Appert. À la demande de Bonaparte, celui-ci met au point en 1795 une méthode de préservation des aliments consistant à les chauffer dans des contenants hermétiques et stériles. Il créera la première usine de conserves au monde. Son procédé sera complété en 1865 par Pasteur avec la « débactérisation thermocontrôlée », connue sous le nom de pasteurisation.
Bien avant la populaire sodastream, le siphon à soda est breveté en 1837 par le Parisien Antoine Perpigna.
En 1932, un modeste artisan, Jean Mantelet, invente le presse-purée dans le désir de faire plaisir à sa femme ! Après la Libération, il mettra au point les premiers appareils électro-ménagers à moteur sous la marque Moulinex.
La poêle antiadhésive est l’œuvre en 1954 de l’ingénieur Marc Grégoire qui créé dans la foulée l’entreprise Tefal. Son invention rencontrera un succès immédiat aux États-Unis.
Enfin, en 1963, Pierre Verdun, un représentant de commerce dans le secteur de la restauration, invente le premier robot ménager. Composé d’un large bol en plastique et de plusieurs larmes rotatives interchangeables, le Robot-Coupe s’exporte dans le monde entier.
Innovations françaises dans la mode
Le monde de la couture et de la mode s’est lui aussi enrichi d’innovations françaises. On doit ainsi au tailleur lyonnais Barthélemy Thimonnier, l’invention en 1830 de la première machine à coudre.
Elle permet de réaliser 200 points de chaînettes à la minute, un rendement cinq fois supérieur à celui des meilleures couturières.
Créateur en 1841 de l’actuelle École supérieure des arts et techniques de la mode, la plus ancienne école de mode au monde, le tailleur Alexis Lavigne a également conçu le fameux mètre ruban ainsi que le premier buste mannequin.
Invention capitale entre toutes, la paire de chaussures asymétrique ! Depuis la nuit des temps, les chaussures étaient identiques pour le pied droit comme pour le pied gauche. On vous laisse deviner l'inconfort qui en résultait. C'est l'industriel français Alexis Godillot qui y met fin en 1859 en concevant une courbure de la semelle intérieure au niveau de la voute plantaire. Son succès lui vaudra de laisser son nom aux grosses chaussures employées par les militaires et tous les grands marcheurs.
L'idée du bouton à quatre trous revient à l’industriel breton Alexandre Massé. En 1872, cherchant à améliorer la fixation des boutons à deux trous, il a l’idée d’ajouter deux trous supplémentaires. Ses boutons, vendus dans le monde entier, deviendront la norme, lui assurant une fortune considérable.
Ouvrière corsetière, ancienne communarde et amie de Louise Michel, Herminie Cadolle libère les femmes du corset en créant en 1889 le premier soutien-gorge moderne. L’accessoire appelé à un grand avenir a pour premier nom « corselet-gorge ».
En 1907, dans la ville de La Rochefoucauld (Charente), un cordonnier, Théophile Rondinaud, modernise des chaussons traditionnels que les paysans plaçaient dans leurs sabots, et créé une pantoufle de feutre aux couleurs vives et aux décors de type écossais. La charentaise est née est s’exportera aux quatre coins du monde.
Le polo est aujourd’hui si répandu et banal qu’on a du mal à imaginer qu’il a été commercialisé en 1926 par le tennisman René Lacoste et l’industriel André Gillier.
Cherchant à créer le plus petit maillon de bain du monde, l’industriel Louis Réard invente en 1946 le bikini, maillot de bain féminin à deux pièces. Son succès commercial ne viendra toutefois qu’une dizaine d’années plus tard grâce au cinéma.
Quant au K-way, il est lancé en 1965 par un industriel du nord de la France, Léon-Claude Duhamel, qui cherchait à créer un coupe-vent imperméable en nylon qui se range dans une pochette banane.
Ces objets du quotidien d’origine française
Le premier parapluie pliant est créé à Paris en 1705 par un maître boursier, Jean Marius. Pouvant se plier en trois parties, il est alors appelé « parapluie brisé » et se range dans un étui.
Le gilet de sauvetage est inventé par l’abbé de La Chapelle, mathématicien et auteur d’articles dans l’Encyclopédie, qui crée en 1765 un gilet de natation en liège destiné aux soldats ne sachant pas nager. Pour nommer son invention, il forgera le mot « scaphandre ».
On doit le crayon à papier moderne au peintre Nicolas-Jacques Conté. Celui-ci a l’idée en 1795 de créer une mine en faisant cuire un mélange de graphite et d’argile, qu’il insère dans deux demi-cylindres de bois de cèdre. Il faudra attendre 1828 pour que le mathématicien Bernard Lassimone dépose le brevet du premier taille-crayon.
En 1805, le briançonnais Jean-Joseph-Louis Chancel met au point les allumettes modernes. Composées de chlorate de potassium, de soufre, de sucre et de caoutchouc, elles s'enflamment lorsqu'elles sont plongées dans une solution d’acide sulfurique.
En 1810, Antoine François Bertrand de Molleville, ancien ministre de la Marine et des Colonies de Louis XVI, émigré durant la Révolution, invente le sécateur.
Le réveille-matin réglable est breveté quant à lui en 1847 par l’horloger Antoine Redier, inventeur prolifique.
Alexandre-Ferdinand Godefroy est l’une de ces figures injustement oubliées de l’Histoire. À la fois coiffeur et inventeur, le Français émigre aux États-Unis en 1879 où il met au point quantité d’inventions. Parmi elles : une charte de tons de colorations capillaires, un pistolet à peinture et surtout deux inventions promis à succès planétaire : le fer à friser électrique (1888) et le sèche-cheveux (1890) !
Enfin, pour réparer les chambres à air crevées, Louis Rustin met au point en 1922 une petite pièce en caoutchouc : la rustine. Devenue accessoire indispensable, celle-ci entrera dans le club très fermé des marques utilisées comme noms génériques, à l’instar de frigidaire, escalator, scotch et autre velcro.
Inventions de l’ère électronique et informatique
En 1970, l’industriel Bob Carrière brevète le digicode. L’idée lui serait venue après avoir regardé un épisode de Popeye !
Deux ans plus tard, la société Compteurs Schlumberger (actuelle Flowbird) invente l’horodateur.
Le premier micro-ordinateur n’a pas été conçu par les ingénieurs de Silicon Valley mais par l’informaticien François Gernelle pour le compte de l’INRA. Baptisé Micral N et pesant seulement 8 kilos, il sera commercialisé en 1973.
L’année suivante, Roland Moreno dépose le brevet d’une invention révolutionnaire : la carte à puce. Elle trouvera sa première application dans les cartes téléphoniques.
En 1978, Paul Lipschutz, directeur de l’entreprise Neiman, invente le système de verrouillage à distance des portes de voiture : le plip.
Enfin, le premier brevet sur la « fabrication additive » ou « imprimante 3D » est déposé en 1984 par trois Français : Jean-Claude André, Olivier de Witte et Alain le Méhauté, pour le compte de la Compagnie industrielle des lasers.
La fin des inventeurs français ?
Y aura-t-il encore une place pour les inventeurs français au XXIe siècle ? Certes, la French Tech se porte bien si l’on en juge par le nombre de ses licornes (startup des nouvelles technologies créée il y a moins de dix ans et valorisée à plus d’un milliard de dollars) : 23 pour l’année 2021. Il n’en demeure pas moins que le pays de Pasteur s’est avéré incapable de produire son propre vaccin anti-covid. Quant à la dernière prix Nobel française, la chimiste Emmanuelle Charpentier, elle a dû s’expatrier pour mener à bien ses recherches…
Ce qui est sûr, c’est que l’engouement pour les inventeurs français n’a pas disparu. Pour preuve, la popularité de Franky Zapata, un inventeur à l’ancienne, créateur du Flyboard Air, présenté en grandes pompes lors du défilé du 14 juillet 2019. Sa médiatique traversée de la Manche, quelques semaines plus tard, remémorera les épopées aériennes des débuts de l’aviation.
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Voir les 6 commentaires sur cet article
jean-Michel Duprat (21-06-2024 10:40:15)
- "John Boyd Dunlop dépose le brevet du pneu à air avec valve le 7 décembre 18881. Mais l'invention de Dunlop ne permet pas une réparation facile en cas de crevaison. En 1891 Édouard et André M... Lire la suite
Jacques Groleau (17-06-2024 16:53:17)
Merci pour cet excellent article, revigorant !!! Un oubli : le Docteur Guillotin : Son invention fut pourtant un net progrès, malgré un usage, euh... Mais, c'était "moins pire" que les exécutions... Lire la suite
Etienne ROBIN (16-06-2024 17:11:04)
Mme de Sévigné, en inventant la correspondance, a permis la mise au point ultérieure du métro, des gares ferroviaires, et des aéroports.