58 à 51 avant Jésus-Christ

La guerre des Gaules

Au premier siècle avant notre ère, Rome domine tout le bassin méditerranéen mais la république ne souffre pas moins d'une grave crise politique interne.

Des généraux ambitieux, au premier rang desquels Jules César, voudraient s'emparer du pouvoir et mettre de l'ordre dans les institutions.

En 58 avant JC, le Sénat, qui détient l'autorité suprême, tente d'éloigner Jules César en lui enjoignant de conquérir les territoires celtes compris entre les Pyrénées et le Rhin (les Gaules). Au terme de huit longues années de guerre, après la victoire d'Alésia, le général, fort de son triomphe, va s'emparer du pouvoir à Rome même.

«Gallia est omnis divisa in partes tres...»

Jules César, désireux de cultiver sa popularité auprès des Romains, a magnifié ses opérations militaires dans le plus bel écrit de propagande qui soit : Commentaires sur la guerre des Gaules.

Ce chef-d'oeuvre de littérature et de stratégie demeure essentiel pour la connaissance des lointaines origines de la France.

La Guerre des Gaules

Avant même d'arriver en Gaule Narbonnaise, vieille province romaine, César est sollicité par les Éduens, une tribu de la Gaule chevelue, pour intervenir contre les Helvètes, d'autres Gaulois (ou Celtes) qui ont entrepris d'émigrer vers la Saintonge.

– Première année de guerre :

Sans perdre une minute, Jules César fait creuser des fossés le long du Rhône mais les Helvètes arrivent malgré tout à franchir la Saône et César doit les poursuivre jusqu'à Bibracte, un oppidum proche de l'actuelle Nevers, avant de les renvoyer dans leur région d'origine.

Entre temps, profitant du désordre, les farouches Germains d'Arioviste ont pénétré en Bourgogne. César les renvoie chez eux, au-delà du Rhin. L'approche de l'hiver l'amène à suspendre les opérations et se replier en Gaule cisalpine.

– Deuxième année de guerre :

L'année suivante, en 57 avant JC, César mène une deuxième campagne pour soumettre les peuples de Belgique, au nord de la Seine : les Suessiones (de Soissons), les Bellovaques (de Beauvais), les Ambiens (d'Amiens), les Nerviens (du Hainaut) et les Éburons.

À Rome, le Sénat, enthousiaste, décrète quinze jours de supplications en remerciements aux dieux. Jules César en profite pour rencontrer à Lucques ses associés, Crassus et Pompée, avec lesquels il tient Rome en respect. Le triumvirat est raffermi.

– Troisième année de guerre :

En 56 avant JC, César lance une flotte contre les Vénètes, dans le golfe du Morbihan. La même année sont soumis les peuples aquitains. La plus grande partie de la Gaule chevelue fait désormais allégeance à César.

– Quatrième année de guerre :

Pendant l'hiver, à peine César est-il retourné de l'autre côté des Alpes qu'il apprend que deux tribus de Germains ont traversé le Rhin. Il se précipite à leur rencontre, ravage leur camp et lui-même traverse le Rhin dans l'autre sens, sur un pont de bateaux construit en dix jours dans la région de Cologne. Il en profite pour dévaster la Germanie et dissuader ses peuples de s'en prendre à la Gaule.

– Cinquième année de guerre :

À l'été 54 avant JC, César débarque en Bretagne (l'actuelle Angleterre) avec deux légions et 80 bateaux puis, une nouvelle fois, avec cinq légions pour battre l'armée de Cassivellaunus. Il emmène avec lui ses alliés et vassaux gaulois. Parmi eux, un très jeune officier de cavalerie du nom de Vercingétorix...

Après quatre ans de campagne, César peut croire la Gaule soumise. Il n'en est rien. Le feu couve sous la cendre. C'est ainsi que les Carnutes (d'Orléans) tuent le roi que leur avait donné César. Une légion romaine doit les rappeler à l'ordre. Mais il y a plus grave. Un petit village gaulois résiste à l'occupant... Son chef ne s'appelle pas Abraracourcix... mais Ambiorix. Chef des Éburons de Tongres, en Belgique, il s'associe à Induciomar, chef des Trévires.

En plein hiver, il détruit une légion romaine et assiège le camp de Quintus Cicéron (frère du célèbre orateur du même nom). César secourt son lieutenant et saccage le pays des Éburons.

La paix est sans cesse remise en cause et César, levant jusqu'à un total de dix légions, n'en finit pas d'éteindre les foyers d'insoumission. Pour ne rien arranger, le général apprend par ailleurs que le triumvir Crassus a trouvé la mort à Carrhes, contre les Parthes, et qu'à Rome, l'autre triumvir, Pompée, a été élu seul consul, sans collègue. Ce fait sans précédent met fin au triumvirat.

– Sixième année de guerre :

Dans le courant de l'année 53 avant JC, le jeune Vercingétorix (20 ans), devenu chef des Arvernes, un peuple qui n'a jamais été occupé par les légions, prend conscience de la menace que représente César pour son indépendance. Il fomente une coalition secrète de tous les peuples de la Gaule.

César, surpris en Italie, accourt à travers les Alpes et chasse l'ennemi vers le nord. Vercingétorix détruit tout sur son passage, selon la tactique de la «terre brûlée», afin d'affamer les Romains. Mais il commet l'erreur de céder aux supplications des habitants d'Avaricum (Bourges), capitale des Bituriges, et d'épargner leur ville. César s'empare de celle-ci et y trouve des approvisionnements grâce auxquels il peut reconstituer ses forces.

– Septième année de guerre :

Au printemps suivant, le général romain poursuit l'armée de Vercingétorix jusqu'en Auvergne.

Les Éduens eux-mêmes, traditionnels alliés des Romains, se rallient à Vercingétorix avec leur cavalerie. Le chef gaulois s'établit solidement à Gergovie, une place fortifiée proche de Clermont-Ferrand, d'où Jules César n'arrive pas à le déloger. Fort de ses premiers succès, il est plébiscité un peu plus tard à Bibracte par tous les représentants de la Gaule chevelue et projette rien moins que d'attaquer la Province (la Gaule narbonnaise).

C'est alors que se produit un retournement de situation décisif.

Comme Jules César tente de devancer Vercingétorix dans sa marche vers la Narbonnaise, des cavaliers gaulois lancent une attaque contre son armée. Ils sont repoussés par des cavaliers germains alliés à César et battent en retraite. Leur fuite désordonnée oblige Vercingétorix à se réfugier avec 80.000 hommes dans Alésia, un oppidum bien fortifié dans l'est de la Gaule.

César saute sur l'occasion pour en finir. Il organise un siège méthodique.

Les sapeurs romains construisent une double ligne de fortifications de 17 et 22 kilomètres de circonférence pour : 1) empêcher toute sortie des assiégés ; 2) repousser l'armée gauloise venue à leur secours.

Les assiégeants romains se laissent en quelque sorte assiéger eux-mêmes par l'armée gauloise de secours. Cette tactique porte ses fruits : l'armée de secours, se heurtant aux lignes de fortifications, est en effet obligée de battre en retraite et est battue par la cavalerie germaine au service de César.

La famine contraint Vercingétorix à se rendre. Enchaîné, le chef va suivre pendant quatre ans son vainqueur au cours de ses campagnes militaires. Il sera ensuite emprisonné à Rome pendant deux ans avant de figurer au triomphe de César et d'être étranglé dans sa cellule le soir même.

– Huitième et dernière année de guerre :

L'année suivante, en 51 avant JC, César soumet quelques ultimes révoltes, dont celle d'Uxellodunum (Cahors). Il fait couper les mains de tous les défenseurs de cette ville. La Gaule tout entière fait soumission. Les huit ans de guerre lui auront coûté plusieurs centaines de milliers de morts et la destruction de dizaines de cités.

La Gaule à la veille de la conquête romaine

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Le territoire entre Rhin et Pyrénées que César appelle Gaules dans son célèbre compte-rendu de la guerre des Gaules est composé d'environ 64 pays relativement divers et sans guère d'unité.

C'est un ensemble fortement peuplé, aux ressources agricoles et minières abondantes, mais dans lequel il serait hasardeux de chercher la France des origines. « Nos ancêtres les Gaulois » est un mythe sympathique, rien de plus.


Publié ou mis à jour le : 2021-12-28 19:34:57

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