Margaret Thatcher (1925 - 2013)

La Dame de fer

François Mitterrand a dit d'elle qu'elle avait « la bouche de Marilyn et le regard de Caligula ».

Adulée et regrettée par beaucoup de Britanniques à qui elle a rendu un sentiment de fierté nationale, détestée et vilipendée par tous ceux qui voient en elle l'incarnation du libéralisme et de ses dérives, Margaret Thatcher, Premier ministre conservateur (tory) de 1979 à 1990, fait sans aucun doute partie des personnages les plus importants et les plus controversés de la fin du XXe siècle.

Une figure à part dans la politique britannique

Fille d'un épicier méthodiste, Margaret Roberts suit des études de chimie puis rejoint le parti conservateur, reprend des études juridiques, trouve le temps de se marier à Dennis Thatcher et d'avoir deux enfants, des jumeaux : Mark et Carol. En 1959, elle est élue à la Chambre des Communes et progresse dans la hiérarchie du parti conservateur, devenant ministre de l'éducation en 1970.

Insistant sur la nécessaire réduction de la pression fiscale et la chasse aux dépenses inutiles, Margaret Thatcher vote aussi la décriminalisation de l'homosexualité et la légalisation de l'avortement contre la majorité de son parti. En 1975, à la surprise générale, elle parvient à prendre la tête du parti conservateur à la place d'Edward Heath : c'est la première femme à occuper ce poste.

Pour Margaret Thatcher, il convient de redonner à la population le sens de l'effort et de la réussite individuelle, en réduisant le rôle des syndicats et de l'État. À ses détracteurs, elle assène un cinglant : « There is no alternative » (résumé par l'anagramme TINA ; Il n'y a pas d'autre choix).

En matière de politique étrangère, l'URSS est le grand ennemi qu'elle dénonce à longueur de discours, ce qui lui vaut de la part des journalistes soviétiques le surnom de « Dame de fer ».

Un Premier ministre inflexible

L'hiver 1978-1979 voit une nouvelle flambée de grèves et une montée de la contestation, qui conduit Margaret Thatcher à devenir le 4 mai 1979 la première femme Premier ministre du Royaume-Uni. Elle gardera le pouvoir pendant plus de 11 ans, jusqu'au 28 novembre 1990.

Elle doit affronter un regain d'agitation en Irlande du Nord. Le tournant intervient au printemps 1982 : l'attaque argentine contre les Malouines lui fournit l'occasion de refaire l'unité nationale et de rendre ainsi à son pays une grandeur qu'il avait perdue. En 1983, elle est triomphalement réélue et peut donner un nouvel élan à sa politique. 

Elle utilise cette popularité lors de la grande grève des mineurs de 1984-85. Les mineurs entament une longue et dure grève mais les autorités ne cèdent pas et ferment les mines, non rentables.

Plus généralement, le coût du travail diminue, la productivité s'accroît, mais aussi la précarité. Du reste, l'industrie britannique poursuit son déclin et si l'économie reprend des couleurs, c'est à la City de Londres et à la finance qu'elle le doit pour l'essentiel.

Margaret Thatcher et Ronald ReaganÀ l'étranger, Margaret Thatcher suscite des réactions ambiguës : très proche de Ronald Reagan, avec lequel elle partage un anticommunisme viscéral, elle est moins appréciée en Europe où elle se bat pour obtenir que la Grande-Bretagne récupère une partie de l'argent versé au budget de la Commission Européenne (« I want my money back » est l'une des expressions qu'on lui prête).

En novembre 1990, affaiblie par le projet de création d'un impôt extrêmement impopulaire, la «poll tax», elle est contrainte à la démission par sa propre majorité parlementaire et laisse la place à John Major.

Ce dernier ne parvient cependant pas à s'installer durablement. Il est très largement battu en 1997 par le « New Labour » de Tony Blair.


Publié ou mis à jour le : 2021-06-28 21:17:24

Voir les 4 commentaires sur cet article

papamadit (08-04-2020 15:36:45)

Elle a au contraire remis son pays sur les rails. L'inverse fut Wilson qui ruinât à tour de bras son pays. Il voulait la paix sociale par exemple: il donnât des augmentations de 30% avec facilité ... Lire la suite

Maryse (13-06-2016 11:28:51)

L'intervention du modèle Friedman dans l'économie du Chili a été dévastatrice. Sauf pour une certaine élite. L'ultra-libéralisme de Friedman au Chili de Pinochet, sa relation avec lui... c'est ... Lire la suite

Mangard (06-09-2014 05:49:33)

Bonjour, le prix à payer pour remettre en état un pays en déroute financière. Qu'il est difficile et compliqué de prendre les initiatives opportunes quand on est à la tête d'un gouvernement.

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