Où sont les femmes ?

L'art au féminin

Habitués des musées, vous êtes-vous aperçus du nombre très réduit de noms féminins apposés au bas des œuvres ? À côté de Pablo, Vincent et autres Auguste, combien de Rosa et Camille ?

Surreprésentée sur les toiles, sous une forme plus ou moins dénudée, la femme se fait rare dès que l'on jette un œil de l'autre côté du cadre.

À l'occasion de l'exposition rendant hommage à Élisabeth Vigée-Lebrun, allons à la rencontre de ces quelques passionnées qui ont su surmonter les obstacles pour imposer leur nom dans l'histoire de l'Art. Il est temps de rappeler que « Le génie […] n'a pas de sexe » (George Sand) !

NB : vous pouvez accéder aux légendes en laissant glisser la souris sur les images.

Marie-Denise Villers, Jeune femme au dessin, autoportrait résumé, 1801, New York, Metropolitan Museum of Art

La peinture, une affaire de femme

Les traces de mains sont fines, voire petites, et ont donc été identifiées par les préhistoriens comme appartenant à des adolescents. Et pourquoi pas à des femmes ?

Cueva de las manos, de 13 000 à 9 000 av. J.-C, Rio Pinturas, Patagonie Pourquoi imaginer que les artistes du Paléolithique qui ont laissé leurs empreintes sur les murs des grottes étaient obligatoirement des hommes ?

Laissons le doute planer pour nous rendre en Grèce où, selon la légende, c'est la fille du potier Dibutades qui serait à l'origine de l'invention de la peinture et de la sculpture : « amoureuse d'un jeune homme qui partait pour un lointain voyage, [elle] renferma dans des lignes l'ombre de son visage projeté sur une muraille par la lumière d'une lampe ; [son] père appliqua de l'argile sur ce trait, et en fit un modèle qu'il mit au feu avec ses autres poteries. On rapporte que ce premier type se conserva dans le Nymphaeum jusqu'à la destruction de Corinthe par Mummius » (Pline, Histoire naturelle, XLIII).

Jean-Baptiste Regnault, L'Origine de la peinture, 1785, Salon des Nobles, Château de Versailles

La première preuve incontestable d'une activité artistique féminine est une fresque pompéienne représentant une femme s'adonnant à la peinture. C'était aussi certainement l'occupation favorite de cette gallo-romaine dont le tombeau du IIe siècle, retrouvé à Saint-Médard-des-Prés, près de Fontenay-le-Comte (Vendée), contenait encore plusieurs vases, manches de pinceau, cuillers de bronze ainsi qu'une boîte de couleurs. Même si elles n'ont pas été sauvées de l'oubli par Pline, les femmes artistes étaient donc bien présentes dans l'Antiquité.

Marcia peignant son autoportrait, dans Boccaccio, De Mulieribus Claris (Le Livre des femmes nobles et renommées), vers 1440, Londres, British Library

De l'artisane à l'artiste

Fileuses de soie, brodeuses, tapissières... L'art féminin au Moyen Âge n'est encore que de l'artisanat, notamment dans les couvents. Même si un ouvrage du XVe siècle consacré aux femmes célèbres évoque quelques-unes de ces pionnières, ce n'est qu'au XVIe siècle que certaines parviennent à se faire une petite place en jouant des coudes parmi les membres de leur famille : il fallait en effet faire partie du sérail pour pouvoir prétendre à une formation, généralement donnée par le père.

Artemisia Gentileschi, Judith décapitant Holopherne, 1612, Naples, musée Capodimonte C'est le cas d'Artemisia Gentileschi qui réussit à devenir membre de l'Académie de Florence grâce à ses œuvres tourmentées et violentes, dignes de son inspirateur Le Caravage.

L'Italie de la Renaissance se montre alors favorable aux femmes peintres qui auraient été au nombre de 90.

Elles profitent de l'atmosphère créatrice pour laisser libre cours à leur inspiration et atteindre les plus hautes fonctions, comme la portraitiste Sofonisba Anguissola.

Née à Crémone, cette fille de bonne famille s'est vouée à la peinture avec les encouragements de son père, de même que ses cinq sœurs cadettes.

Elle est devenue peintre officiel à la cour d'Espagne.

Sofonisba Anguissola, Autoportrait, 1556, Pologne, Lancut Museum

C'est l'époque où l'obligation d'appartenir à une corporation disparaît enfin, libérant les femmes d'une condition difficile à satisfaire. L'étau de la religion se faisant également moins sévère, on voit des religieuses produire elles-mêmes les œuvres couvrant les murs de leur couvent (...).


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Le vote des femmes
Publié ou mis à jour le : 2020-05-28 15:46:16

Voir les 7 commentaires sur cet article

Ginchereau, Normande (03-03-2021 13:50:40)

Merci pour cet article superbe.
Il ne faut pas chercher les petits oublis, omissions ou retouches. GRAND MERCI
Normande Ginchereau

Cariatide (13-07-2018 23:30:25)

Vous avez oublié de citer Blanche Odin, aquarelliste virtuose de la Belle Epoque. Un étage entier lui est consacré au Musée des Beaux Arts de Bagnère de Bigorre.

aldo (09-03-2018 19:06:53)

Sauf erreur aucune trace d'Élisabeth-Louise Vigée Le Brun,ou Berthe Morizot ou Sonia Delaunay

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