Vers le Xe siècle av. J.-C., les Hébreux des douze tribus se seraient unis sous l'autorité d'un roi, Saül, pour combattre leurs ennemis communs, les Philistins.
Parmi les nombreux autres peuples dont parle la Bible, les Philistins jouent un rôle important : ces « peuples de la Mer », comme les appellent leurs voisins, viennent de la mer Égée. Ils tentent de conquérir l’Égypte, en vain. Ils se replient sur la côte sud du Levant et s’y installent vers le XII e siècle av. J.-C.
Les Philistins sont vus comme des ennemis par les Hébreux qui prennent de plus en plus d’importance et par les Cananéens. Pourtant, l’archéologie montre que les échanges commerciaux, les mariages, les alliances furent très nombreux.
Mais, peu à peu, les Philistins imitent la culture des Cananéens et des Hébreux, copient leur poterie, adoptent leur alphabet puis leur langue. À partir du VIIe siècle, ils ne se distinguent plus beaucoup des autres peuples et, comme eux, se soumettent au puissants rois assyriens, puis babyloniens, qui règnent sur l’Orient.
Ils laissent cependant le nom de « Palestine » qui vient de « Philistin », à la région. Ils construisent plusieurs cités dont Gaza et Ascalon. Leur capitale, Gat, est aujourd’hui un site archéologique majeur pour comprendre leur civilisation.
Ils atteignent une position de force avec le successeur de Saül, le roi David, qui conquiert Jérusalem et en fait sa capitale. Les archéologues ont retrouvé en 1993 une stèle rédigée vers 835 avant notre ère où le roi de Damas, Hazael indique qu'il a tué un ennemi appartenant à « la maison de David », ce qui semble attester historiquement l'existence de ce roi dont le souvenir s'est maintenu plus d'un siècle après.
Cependant, les fouilles menées à Jérusalem et dans les environs montrent que cette cité était très modeste au Xe siècle av. J.-C., c’est-à-dire à l’époque de David. Eliat Mazar, archéologue israélienne a affirmé avoir retrouvé le palais du roi mais ses collègues en doutent beaucoup.
Ce premier royaume d'Israël aurait atteint son extension maximale, du fleuve Euphrate à la mer Rouge, sous le règne de Salomon, fils de David, qui construit le premier temple sur le mont Moriah.
Dans le sanctuaire, appelé le « Saint des Saints », on conservait l'Arche d'Alliance, qui contenait les Tables de la Loi, des pierres où auraient été gravés les Dix Commandements transmis par Dieu au prophète Moïse sur le mont Sinaï, peu avant d'entrer dans la « Terre promise ».
Le roi envoie des navires en Phénicie et jusque dans la mer Rouge chercher des bois précieux pour la construction du Temple. D'où sa légendaire relation avec la reine de Saba, qui aurait régné sur les bords de la mer Rouge et de laquelle prétendaient descendre les anciens empereurs d'Éthiopie...
Toujours selon la Bible, les dépenses fastueuses de Salomon épuisent les ressources d'Israël et poussent les sujets à la révolte. Le royaume se divise à sa mort (en 931 av. J.-C. selon la chronologie traditionnelle).
Au sud, Roboam, son fils, ne règne plus que sur deux des douze tribus issues de la descendance d'Abraham et de Jacob : Juda et Benjamin, mais il conserve Jérusalem pour capitale du royaume de Juda. Au nord de la Palestine, les dix autres tribus portent Jéroboam sur le trône. Samarie devient bientôt la capitale de leur royaume qui garde le nom d'Israël.
Certains archéologues doutent que le grand royaume unifié de David et Salomon ait jamais existé : pour eux, il y a eu dès l’origine deux royaumes, et c’est seulement après la disparition du royaume du Nord, au VII e siècle avant notre ère, que Juda aurait « réécrit l’histoire » en se présentant comme le vrai héritier d’un âge d’or perdu, où tous les Israélites se seraient réclamés d’un seul royaume centré sur Jérusalem.
À partir du IXe siècle ava. J.-C., les événements et les personnages qu'évoque la Bible appartiennent davantage à l'Histoire et sont souvent attestés par d'autres documents, même s'ils donnent encore lieu à des discussions.
Tandis que végète le royaume de Juda, le royaume d'Israël, au nord, ne tarde pas à entrer en conflit avec le royaume syrien de Damas. Pour se défendre, le roi Omri conclut une alliance avec le roi de Tyr. Son fils Achab épouse Jézabel, la fille du roi phénicien.
Fatale alliance ! Jézabel introduit à la cour d'Israël le culte de Baal, à la grande indignation du prophète Élie. En découle une suite de tragédies que la Bible conte par le menu.
Les royaumes d'Israël et de Juda ne tardent pas à être victimes du formidable affrontement entre les empires mitoyens d'Égypte et de Mésopotamie.
En 722 av. J.-C., le royaume d'Israël subit l'assaut des Assyriens et de leur roi Sargon II. Le fils et successeur de ce dernier, Sennachérib, réprime âprement les révoltes qui secouent son royaume. Il déporte une partie des Hébreux d'Israël entre le Tigre et l'Euphrate (l'Irak actuel). L'effacement mystérieux de ces émigrants malgré eux a donné lieu à beaucoup de mythes et de légendes sur les tribus perdues d'Israël.
Pour échapper à la déportation, certains Hébreux s'enfuient vers le sud et s'établissent dans le royaume de Juda. Les Assyriens repeuplent l'ancien royaume d'Israël avec des populations de diverses origines qui parlent l'akkadien, la langue véhiculaire de la Mésopotamie.
La Bible explique ainsi l’existence des Samaritains : il s’agirait de nouveaux venus qui auraient pris le nom de Samarie, capitale de la région. Ils auraient adopté les préceptes de la religion hébraïque tout en gardant quelques relents de paganisme et d'idolâtrie, ce qui leur vaut le mépris des Juifs du royaume de Juda. L’origine des Samaritains semble en réalité très différente.
A plusieurs reprises, Jésus croise sur sa route des Samaritains qui semblent très mal considérés par les Juifs. Pourtant, les Samaritains, qui habitent entre la Judée et la Galilée, prient le même Dieu, lisent et respectent avec ferveur le Pentateuque, les cinq premiers livres de la Bible.
Mais, au Ier siècle de notre ère, ils sont considérés comme des hérétiques, des descendants des colons païens amenés par le roi d’Assyrie Sargon II, au VIe siècle, et qui se seraient mal convertis au judaïsme. Certains spécialistes de la Bible pensent plutôt que les Samaritains sont les descendants des Juifs qui ne sont pas partis en exil à Babylone. En effet, au VI e siècle, une bonne partie de la population, surtout dans les campagnes, est restée et a continué de prier comme avant.
Si le Temple de Jérusalem était détruit, ils pouvaient tout de même honorer Dieu sur le Mont Garizim, en Samarie. Une fois revenus de Babylone, les exilés ont ajouté de nombreux textes à la Bible en recueillant les paroles des prophètes. Pendant leur exil, puisqu’ils n’avaient plus de Temple pour sacrifier et célébrer, ils avaient également modifié certains rites qu’ils ont conservé à leur retour : le judaïsme a ainsi beaucoup évolué à cette époque tandis que les Samaritains restaient les témoins d’une époque oubliée.
Les habitants de Juda vont à leur tour subir la pression des grands empires alentour.
En 609 av. J.-C., leur roi Josias est défait et tué par les Égyptiens du pharaon Néchao II en un lieu dit « Har Meggido » (en hébreu, la colline de Megiddo)... Sous l'écriture d'Armageddon, le mot sera repris dans l'Apocalypse de Saint Jean (Nouveau Testament) pour désigner le lieu où l'Antéchrist, avant la fin du monde, rassemblera ses armées en vue de s'opposer au retour de Jésus-Christ.
Pour finir, Jérusalem est prise en 597 av. J.-C. par le roi de Babylone, Nabuchodonosor. Une bonne partie des Juifs sont alors envoyés en exil à Babylone. Dans l'épreuve, ils vont parfaire leur foi en un Dieu unique et définir la première religion strictement monothéiste.
Pour beaucoup d'historiens de l'Antiquité et pour la plupart des spécialistes, la Bible telle que nous la connaissons résulte de cette expérience. Elle est rédigée après le retour d'exil, autorisé par le roi perse Cyrus II après qu'il se fût emparé de Babylone en 538 av. J.-C..
Les textes de l'époque de Josias auraient alors été repris, réinterprétés et enrichis d'autres traditions.
La Bible elle-même indique dans le second livre des Rois, que Josias, roi de Juda (639-609 av. J.-C.), a redécouvert, en faisant réparer le Temple de Jérusalem, le « Livre de la Loi », c’est-à-dire probablement un rouleau de parchemin portant le texte des Dix commandements et les textes législatifs du Deutéronome (quatrième livre du Pentateuque, première partie de nos Bibles actuelles).
Cette information, à cause de la façon dont elle est racontée, est prise au sérieux par les historiens du texte biblique : il y a certainement sous cette affirmation un fait historique réel en même temps que la volonté de donner un « beau rôle » à Josias.
À partir de cet indice, et de bien d’autres piochés dans l’analyse des livres bibliques, l’hypothèse la plus sérieuse est la suivante : à l’époque d’Ezéchias, l’arrière grand-père de Josias, qui fut incontestablement un roi brillant, on a mis par écrit un certain nombre de lois. Puis, Josias reprend ce corpus à son compte, propose une réforme qui est un «retour aux sources» et s’en glorifie. Des chroniques royales sont probablement ajoutées dès cette époque aux textes législatifs redécouverts.
Cependant, tous les spécialistes ne partagent pas l’idée selon laquelle le texte biblique aurait entièrement été rédigé sous ce règne, et véhiculerait simplement l’idéologie royale de Judas, avec un regard très négatif sur le royaume du Nord (Israël), coupable de tous les vices et péchés.
À leurs yeux, une réécriture fondamentale du Pentateuque a eu lieu dans les 450-400 av. J.-C., après le retour d’exil à Babylone, sous l’influence des scribes, en particulier d’Esdras et Néhémie, à la tête d’un mouvement de « refondation » du judaïsme. Leur vision glorifiait en effet Jérusalem, au détriment de tous les autres lieux de cultes et posait les bases d’une sorte de « nationalisme religieux » exclusif (d’où le mépris affiché pour les Samaritains).
La Bible que nous connaissons aujourd’hui prendrait réellement forme à cette époque-là où les scribes ajoutent également au corpus les Livres des Prophètes.
Jérusalem, Foi et Histoire
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Ola2 (25-11-2015 09:20:38)
Iconographie agreable malheureusement non renseignee on pense deviner certaines legendes ,mais peut etre se trompe-t-on?
Merci pour votre magnifique travail et vos efforts de synthese!!
Patrick (04-08-2008 00:10:40)
Les philistins sont en effet mystérieux, ils sont apparus au XIII siècles a l’époque des bouleversements migratoires qui ont secoue la Méditerranée et dont on ne connaît pas l’origine. Ils o... Lire la suite