Irrité de n'avoir pu vaincre l'aviation anglaise dans la bataille d'Angleterre, Hitler s'en prend aux citadins. C'est le «Blitz».
Cet anniversaire est l'occasion pour les Britanniques de rouvrir cette page de leur histoire. La célébration du fighting spirit (volonté de résistance) dont firent preuve les habitants durant cette période a eu tendance à éclipser des aspects moins glorieux.
Le 7 septembre 1940, 364 bombardiers, escortés par 515 chasseurs, bombardaient Londres de 17h à 4h30 du matin, faisant 430 morts : c'est le début de ce que les Britanniques appellent le «Blitz».
À partir du 15 octobre, les autres grandes villes britanniques et les grands centres de production sont la proie des bombes allemandes (un raid italien, le 11 novembre, s'achève sur un désastre). Londres est bombardée durant 57 nuits de suite avant que le brouillard n'offre un bref répit aux habitants.
Le 70e anniversaire de cette épreuve conduit au réexamen de certains à-côtés méconnus...
Le premier est l'impréparation dont firent preuve les autorités : elles avaient bien distribué dès 1938, et gratuitement aux familles pauvres, des abris appelés «Anderson». En tôle ondulée, ils pouvaient abriter six personnes, mais devaient être déployés dans les jardins, dont tous ne disposaient pas. Certains les installèrent à l'intérieur pour se protéger du froid en hiver, mais là aussi l'espace ne suffisait pas toujours : il fallut donc ouvrir les stations de métro, ce qui ne faisait à l'origine nullement partie des plans.
Les défenses antiaériennes étaient également insuffisantes, mais ne tardèrent pas à être améliorées, forçant les pilotes allemands à larguer leurs bombes de manière très imprécise. De même, il fallut improviser un système de pompiers auxiliaires, qui donna lieu à de très vives dissensions avec les pompiers «titulaires» sur les conditions de travail et de paie.
C'est surtout le mythe de la population unie dans la lutte qui est aujourd'hui remis en cause. Beaucoup profitèrent des occasions qui s'offraient à eux pour piller les boutiques et les domiciles, se faisant passer pour des sauveteurs ou simplement en l'absence des propriétaires, réfugiés dans les abris.
Lorsque la guerre avait été déclarée, de très nombreux délinquants emprisonnés avaient été libérés, qui trouvèrent là l'occasion de récidiver. Ils rencontrèrent d'autant moins d'obstacles que beaucoup de policiers étaient mobilisés et des bandes effectuèrent ainsi des raids spectaculaires sur les bijouteries. Il fallut faire garder les morgues, de peur que les cadavres ne soient détroussés de leurs portefeuilles et bijoux. Les tribunaux fonctionnèrent également à plein régime.
Mais à côté des bandits «professionnels», de nombreux individus profitèrent des occasions qui s'offraient à eux, ramassant les objets qu'ils trouvaient sans se soucier de les restituer. « Naturellement », d'autres tentèrent également de se faire indemniser pour des dommages qu'ils n'avaient pas subis, et le marché noir fut florissant.
Plus étonnant, de notre point de vue, est l'antisémitisme dont firent preuves certaines municipalités, qui refusèrent d'accueillir des juifs à la recherche d'un abri.
Tout ceci ne signifie évidemment pas que la population ait dans son ensemble été criminelle, mais invite à revisiter d'un œil neuf cette période. À l'occasion de cet anniversaire, on voit en effet se multiplier les commémorations, bien plus que pour les 50e et 60e anniversaires. La disparition des générations qui ont connu cette époque incite les journaux et historiens britanniques à recueillir leurs témoignages et à réécrire cette page de l'histoire britannique.
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JP Thibieroz (19-09-2010 11:11:24)
La présence de brebis galeuses, ne m'empêche pas d'éprouver une immense admiration pour le peuple gritannique et ses dirigeants, en particulier, bien entendu, Churchill, qui ont supporté seuls le ... Lire la suite
rudy (18-09-2010 21:41:20)
aucun interet