24 octobre 2010

Hitler et les Allemands à Berlin

Une grande première a eu lieu le 15 octobre 2010 en Allemagne avec l'inauguration à Berlin, par le musée historique allemand (Deutsch Historiches Museum), de l'exposition «Hitler et les Allemands, le peuple et le crime» (Hitler und die Deutschen Volksgemeinschaft und Verbrechen).

C'est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale que les Allemands consacrent une exposition aux rapports du Führer avec son peuple.

Le sujet demeure aujourd'hui encore problématique. Ainsi, l'affiche de l'exposition ne comporte pas, comme on aurait pu l'attendre, d'image du Führer, seulement des lettres, de peur d'attirer des néonazis.

Cette exposition doit être l'occasion de faire le point sur les travaux historiques qui peinent encore aujourd'hui à expliquer de manière pleinement satisfaisante l'adhésion du peuple allemand au nazisme : antisémitisme viscéral ? Obéissance innée et aveugle ? Volonté de revanche après le Diktat de Versailles ? Espoir de prospérité (un aspect à ne pas oublier : les nazis développent entre autres les vacances au grand air) ? La question est posée depuis des décennies et le sera encore sans doute durant des siècles.

L'exposition entend montrer comment s'est établie cette relation entre Adolf Hitler et le peuple allemand. Elle remonte haut dans le temps puisque que Mein Kampf fut bien plus lu qu'on ne le dit souvent, avant même l'arrivée au pouvoir d'Hitler.

Ce dernier parvint à susciter autour de sa personne un culte qui ne reposait pas uniquement sur la distance et la grandeur des cérémonies de Nuremberg, mais aussi sur un contact plus direct et personnalisé. De nombreux groupes venaient ainsi lui rendre visite dans sa résidence du Berghof, dans les Alpes bavaroises.

L'exposition montre aussi l'intérêt que peut présenter un musée d'histoire nationale, à l'heure où la France envisage de se doter d'une «Maison de l'Histoire de France». Le DHM ne se réduit pas à un succédané de Panthéon à la gloire des héros, mais est avant tout l'endroit où on peut interroger le passé national.

Les diplomates aussi

En marge de l'exposition de Berlin, la période nazie fait également l'actualité en Allemagne avec la parution d'un rapport, rédigé par une commission d'historiens à la demande de l'ancien ministre des Affaires Étrangères Joschka Fischer.

Ses conclusions sont sans appel : les diplomates de ce ministère, l'Auswärtiges Amt, ont collaboré activement avec le régime nazi. On pourrait se dire : quoi d'étonnant à ce que les subordonnés du très hitlérien Joachim von Ribbentrop aient agi ainsi ? Et pourtant, depuis 1945, les diplomates allemands ont propagé la légende selon laquelle ils auraient été un bouclier contre les nazis, dont ils auraient tenté de freiner la folie.

Or l'analyse détaillée des archives montre qu'ils furent des complices actifs de la liquidation des juifs. Un chargé des questions juives donne ainsi comme justification d'un voyage officiel : «Liquidation de juifs à Belgrade». Après la guerre, le ministère protégea nombre de criminels nazis recherchés et mit tout en œuvre pour dissimuler son passé.

Yves Chenal

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Publié ou mis à jour le : 2020-05-09 11:37:09

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