Le climat et la vie

Manifeste pour une écologie globale

Le dérèglement climatique actuel n'est pas le produit de la fatalité. Il est la conséquence d'un mode de vie ô combien séduisant ! qui a conquis de proche en proche la planète depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Nous prenons conscience aujourd'hui de sa face sombre. Nos gouvernants ont fait le choix de l'affronter en ingénieurs et en technocrates, à grand coup d'investissements dans les  « nouvelles énergies renouvelables », sans trop s'interroger sur la pertinence et l'efficacité de celles-ci.

La réflexion ci-après se démarque de cette approche en plongeant jusqu'aux racines du mal et en suggérant de les traiter par une démarche politique et fiscale, dans le respect de la liberté de chacun et sans perte de pouvoir d'achat. Cette réflexion est détaillée dans un essai didactique qui allie texte et BD et que vous pouvez télécharger sous forme numérique (pdf/epub).

Notre mode de vie, premier responsable

Jamais les humains n'ont aussi bien vécu qu’aujourd'hui, au moins dans les classes moyennes et supérieures des pays développés : nourriture variée et surabondante, avancées médicales, loisirs innombrables, déplacements à bas coût... Nous ne sommes pas prêts à renoncer à ces éléments de confort et c'est pourquoi nous restons si timorés face au dérèglement climatique, en dépit de ses manifestations plus fréquentes et plus graves d'année en année : sécheresses, canicules, incendies, inondations, éboulements de terrains, fonte des glaces, recul des glaciers etc. Idem pour les autres maux qui affectent notre environnement : menaces sur la biodiversité, dégradation des sols, villes polluées, etc. Ils sont le prix dont nous payons notre confort.

Nous voudrions nous convaincre qu’il suffit de quelques gestes appropriés pour tout arranger : trier nos déchets, nous équiper de panneaux photovoltaïques et de voitures électriques, voire pétitionner, mais nous savons au fond de nous-mêmes que le mal est plus profond et de nature politique. Il tient à nos choix sociétaux et ne peut se résoudre que par une action collective et non par l’addition de bonnes volontés individuelles.

Ce mal dérive d'un choix de société qui a émergé au XIXe siècle aux États-Unis. Convaincus d’avoir affaire à une Nature inépuisable, les Américains ont tourné le dos à la gestion parcimonieuse des ressources naturelles, comme la pratiquaient autrefois les paysans d'Europe et d'Asie. Ils ont associé la prédation façon chasseurs-cueilleurs du Paléolithique aux moyens techniques de l'ère industrielle, d’une capacité de destruction sans précédent.

Cet american way of life a conduit au développement de villes tentaculaires dévoreuses d’espace, avec des maisons remplies d’électroménager et une à deux voitures devant chaque porte. Depuis 1945, ce mode de vie n'est plus la propriété exclusive des Américains. Il fait aussi le bonheur d'une fraction croissante des Occidentaux et commence à séduire les populations d’Extrême-Orient et du sous-continent indien en dépit de densités humaines très élevées qui le rendent particulièrement inapproprié à ces régions.

Cela dit, ce mode de vie n'est pas généralisable à l'ensemble de l'humanité. Il supposerait pour le moins cinq milliards de voitures, soit cinq fois plus qu’aujourd’hui, avec les surfaces bitumées correspondantes ! Il n’est pas non plus durable. Le dérèglement climatique, plus rapide et violent que prévu, fait déjà sentir ses effets sur nos corps, nos sens et notre cadre de vie : villes transformées en fournaises, forêts en flammes, maladies respiratoires (note).

Panne d’imagination et de courage

Ne voulant pas remettre en cause des choix sociétaux qui font leur popularité, les gouvernants entretiennent la croyance en des énergies « renouvelables » qui rendraient « éco-compatibles » la multiplication des automobiles, l’artificialisation des sols, l’explosion du trafic aérien et maritime etc. Mais pour l’heure, ces énergies intermittentes fournies par le vent ou le soleil sont encore très loin de la maturité et contribuent au dérèglement climatique et à la dégradation des ressources naturelles plus qu’elles n’y remédient !

Le secteur capitaliste, quant à lui, reste fidèle à un raisonnement qui a fait sa fortune mais détruit les équilibres naturels :

Il propose de remédier à ces déséquilibres par de nouveaux investissements dans la science et la technologie. Mais devons-nous nous féliciter du remplacement prochain des abeilles par des pollinisateurs artificiels ? Le développement des techniques de PMA (procréation médicalement assistée) va-t-il compenser les effets ravageurs des perturbateurs endocriniens et des particules fines sur la fertilité humaine ?...

Il propose aussi à chacun de s’adapter à la hausse des températures : climatiseurs, isolation thermique, véhicules électriques etc. C’est autant de nouveaux marchés et de profits en perspective. Et autant de ressources détournées de l’amélioration de notre bien-être (santé, éducation, loisirs, nourriture, logement…) pour simplement limiter le mal-être induit par le dérèglement climatique !

- Menaces sur la démocratie et la solidarité :

Les cités les plus riches de la planète n’auront pas trop de mal à trouver les ressources nécessaires pour s’adapter à la nouvelle donne. C’est déjà le cas à Singapour où l’on érige à prix d’or des immeubles adaptés aux nouvelles conditions climatiques.

Mais il en ira autrement dans les grands pays où les classes populaires ne supporteront pas la dégradation programmée de leurs conditions d’existence pour donner aux classes supérieures les moyens d’améliorer les leurs : d’un côté, accroissement de la charge fiscale et réduction des services publics ; de l’autre, verdissement des métropoles, électrification des transports...

Provoqué par une augmentation de taxe sur le carburant automobile, le mouvement des Gilets jaunes en France, en novembre 2018, a donné un premier aperçu des tensions sociales et politiques sur lesquelles risquent de déboucher les enjeux climatiques. À voir la violence avec laquelle a réagi le gouvernement français, la démocratie pourrait bientôt n’être plus que l’habillage cosmétique d’une dictature destinée à préserver le bien-être de l’oligarchie dans une société condamnée à l’appauvrissement.

Empêtrés dans nos habitudes de confort et aveuglés par nos présupposés politiques (il ne faudrait pas que des entraves au tout-automobile, au tout-aérien ou à la consommation de masse entravent « la croissance »« les emplois »« le tiers monde » !), nous n'imaginons même plus d'alternative à notre mode de vie.

Nous voulons nous persuader que la science et la technique remédieront miraculeusement aux maux dont elles ont été l’agent. Mais le réchauffement climatique est déjà à l’œuvre et la reconversion des technologies est encore pour l’essentiel au stade du laboratoire.

Au mieux, nous nous donnons bonne conscience avec des actions individuelles inspirées par le civisme et le dévouement à l’intérêt général, mais c’est se faire beaucoup d’illusions sur la nature humaine et sur nous-mêmes : dans le besoin et l’urgence, chacun trouve toujours de « bonnes » raisons pour s’affranchir des injonctions morales et des règles collectives.

- Faux alibi du trop de naissances :

Au pire, nous voudrions nous convaincre qu’une nouvelle baisse de la natalité freinera le réchauffement climatique. Double illusion :
• D'une part, au train où vont les choses, l'atmosphère se réchauffera encore beaucoup bien avant que notre infécondité ne produise ses effets. Les pollueurs potentiels de 2060 sont en effet déjà nés...
• D’autre part, par un singulier paradoxe, les habitants des pays les plus développés (Amérique, Europe, Extrême-Orient) polluent davantage d'année en année à mesure qu'ils font moins d'enfants. À revenu égal, en effet, un couple sans enfant a généralement un « bilan carbone » plus calamiteux qu’une famille de trois ou quatre enfants. C’est aussi le cas de nombreux retraités aisés car, nous le verrons, une énergie trop peu chère incite les personnes bénéficiant de revenus et de loisirs en surnombre à multiplier les croisières et les voyages à l’autre bout du monde !

Soulignons encore cette vérité d’évidence que nous persistons à ne pas voir : c’est notre mode de vie qui est en cause dans le dérèglement climatique et rien d’autre.

La preuve :
• Si, par un tour de magie, disparaissaient les deux milliards d’humains qui ont accès à ce mode de vie ou sont en passe d’y accéder (Occident, mer de Chine, quelques régions de l’Asie du Sud), le réchauffement climatique serait immédiatement stoppé car l’industrie automobile, l’aéronautique et l’agro-industrie qui en sont la cause principale s’effondreraient en volume d’au moins 90%.
• Si disparaissaient par contre les six autres milliards d’humains, le réchauffement climatique se poursuivrait au même rythme avec les deux milliards de survivants… et même plus vite du fait que les survivants des pays dits « développés » auraient l’impression, comme au début de la révolution industrielle, d’avoir un monde sans bornes (note).

À la racine du drame climatique : une énergie devenue trop bon marché

Revenons au réchauffement climatique : pour le combattre, il faut d’abord le comprendre et identifier sans faux semblant les facteurs qui en sont à l’origine. Il n’y a plus de doute là-dessus : l’atmosphère se réchauffe du fait de la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz, schistes bitumineux…) qui ont été emmagasinées dans le sous-sol il y a quelques dizaines de millions d’années, bien avant l’apparition de l’Homme ; depuis deux siècles, nous extrayons ces énergies avec des techniques toujours plus performantes pour combler nos besoins en tous genres.

Nous en sommes arrivés à dépendre dans tous les moments de notre existence de ces énergies : déplacements personnels, transports de marchandises, agro-industrie, biens de consommation... Ce n’est pas le fruit d’une fatalité mais d’un choix collectif.

En effet, depuis cinquante ans, le prix de l’énergie (carburants, fioul, électricité…) a plus ou moins diminué de moitié en valeur réelle par rapport à l’évolution générale des prix et des salaires, comme nous le verrons plus loin avec les relevés de l’INSEE.

Par exemple, le litre de super est passé de 1,1 francs en 1970 à 1,5 euros en 2019, soit une multiplication par 9, tandis que dans le même temps, le SMIC horaire est passé de 3,3 francs à 10 euros, soit une multiplication par 20. En d’autres termes, le super a augmenté deux fois moins vite que le SMIC (salaire minimum) en dépit des différents « chocs pétroliers ». Cela surprendra tout un chacun car, par un travers très humain, nous nous plaignons régulièrement des prix qui augmentent mais ne voyons pas les salaires qui augmentent aussi !

Cette énergie toujours plus abondante et de moins en moins chère est à l’origine de notre addiction aux produits et services les plus énergivores. Nous sommes devenus « accros » au point de ne plus pouvoir nous passer de ces produits et services.

Au début, il y a cinquante ans, c’était un bonheur et un privilège de pouvoir s’équiper d’une voiture. Le gouvernement a voulu étendre ce bonheur et ce privilège à toute la population. Il y a été encouragé par les industriels qui y ont vu avec raison l’ouverture de marchés illimités. C’est ainsi que toutes nos existences se sont organisées autour de l’automobile et de l’énergie bon marché. Nous en sommes devenus dépendants et le bonheur s’est transformé en contrainte.

Comme nous le montrerons plus loin, nous pouvons consommer beaucoup moins d’énergie qu’aujourd’hui sans revenir pour autant à l’Âge de Pierre ! Il y a en effet mille et une façons d’entretenir la croissance économique et améliorer le bien-être de chacun sans pour autant détruire les ressources naturelles, brûler les énergies fossiles et piller les régions les plus pauvres de la planète.

Au lieu de cela, la diminution du prix relatif de l’énergie, d’année en année, exerce une pression irrésistible en faveur des biens et services les plus énergivores. C’est un pousse-au-crime qui encourage la surconsommation et les gaspillages et que rien ne justifie. Non seulement les gouvernements sont complices de la baisse tendancielle du prix de l'énergie qui sert les milieux d'affaires et calme les colères populaires mais ils mènent aussi des politiques publiques qui favorisent l'extension indéfinie des villes, l'agro-industrie prédatrice et la délocalisation des activités.

Il ne faut pas attendre de miracle du côté des énergies « renouvelables » (éoliennes, solaire, nucléaire…) pour une raison simplement économique. Déjouant tous les pronostics, les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) se révèlent encore très abondantes et leur prix n’en finit pas de baisser avec un baril de pétrole aux environs de 60 dollars en 2019 (140 dollars en 2008). Aussi longtemps qu’on en sera là, il est impossible que les nouvelles énergies se substituent à elles.

Ces nouvelles énergies ont en effet des coûts de développement et de production encore très élevés qui ne leur permettent pas de concurrencer les énergies fossiles, à l’exception peut-être du nucléaire ! Leur mise en œuvre génère aussi des pollutions très importantes (affinage des terres rares et du silicium, recyclage des éoliennes, batteries et panneaux photovoltaïques en fin de vie…) sans parler des risques inhérents à l’énergie nucléaire.  

Autrement dit, tout en affichant leur préférence pour les énergies dites « renouvelables », les États comme les particuliers et les entreprises sont logiquement amenés à consommer toujours plus d’énergie et donc dégrader chaque jour un peu plus notre environnement.

De Trump à Macron, tous s’accrochent à un modèle qui sombre

On peut s’étonner des contradictions de nos gouvernants qui plaident pour la « transition écologique », reprochent à Trump son climatoscepticisme et à Bolsonaro les incendies en Amazonie et dans le même temps accélèrent l’artificialisation des sols, modernisent les centrales à charbon (Allemagne) et les centrales nucléaires (France) et promeuvent les achats de soja brésilien.

Ces contradictions ne sont qu’apparentes. Dans les faits, tous les gouvernants sont mus par une commune ambition : préserver et étendre le modèle de société qui s’est développé autour de l’Atlantique nord après la Seconde Guerre mondiale et s’est élargi aux pays riverains de la mer de Chine.

Comme la plupart de leurs concitoyens, nos gouvernants n’imaginent pas de prospérité ni de croissance sans une énergie bon marché. Faute d’oser toucher au prix de l’énergie, ils se résignent au dérèglement climatique et s’y préparent chacun à leur façon.

Les États-Unis, qui regorgent d’hydrocarbures, ont choisi de brûler ceux-ci jusqu’à la dernière goutte et se disent qu’il sera toujours temps de pallier les conséquences du réchauffement par le biais de la science : on climatisera les villes, on consommera de la viande in vivo et l’on trouvera des remèdes-miracles pour soigner les nouvelles maladies nées de l’artificialisation de nos sociétés...

Les Européens, qui n’ont pas de pétrole, explorent toutes les alternatives pour satisfaire une demande d’énergie toujours croissante : les Allemands parient sur leur charbon, les Français n’ont rien trouvé de mieux que de « décarboner » leur énergie à grand coup d’éoliennes géantes, de batteries et de panneaux photovoltaïques.

Ainsi pourrons-nous toujours plus allonger nos trajets domicile-travail à bord de nos véhicules électriques et climatisés. Ainsi pourrons-nous toujours plus nous exténuer au travail pour inciter nos congénères à consommer toujours davantage de produits high tech (mobiles 5G et plus, sex-toys 3-D hypersensibles, vêtements hyper-glamour et connectés, croisières boréales super-cool, bébés génétiquement modifiés sur catalogue etc.).

Ces perspectives nourrissent une fuite en avant plus dommageable que jamais. Par une rare incohérence, les gouvernants encouragent le gaspillage des énergies (super, fioul, kérosène, électricité, gaz, etc.). Mais dans le même temps, ils multiplient les aides aux entreprises et aux particuliers en vue de remédier tant bien que mal à ces gaspillages et financer une hypothétique « transition écologique ».

Subventions en tous genres et aides d’État reviennent très cher sans que les résultats soient garantis, ainsi que le montre pour la France le scénario national « bas carbone » (2016), de l’ordre de 32 à 85 milliards d’euros par an. Cela équivaut à une pression fiscale de l’ordre de 100 euros par habitant et par mois, qui frappe tous les ménages, y compris les plus modestes (note). Autrement dit, plutôt que de dissuader les citoyens de gaspiller l’énergie en augmentant le prix de celle-ci, on préfère les y encourager, quitte à leur reprendre par l’impôt les économies qu’ils ont cru faire sur le prix de l’électricité, du super ou du fioul.  

Cette folie furieuse n’aura heureusement qu’un temps. Car le modèle de société qui s’est mis en place depuis le milieu du XXe siècle contient aussi en germe sa propre destruction. Il entraîne une chute drastique de la fécondité avec à peine plus d’un enfant par femme en moyenne (peut-être bientôt moins) et une division par deux des populations concernées à chaque génération ! Cela dit, l’humanité ne disparaîtra pas pour autant. Il y aura simplement un remplacement par les populations restées à l’écart de ce « modèle », essentiellement les populations africaines… sauf à changer d’orientation dès maintenant.

Le dessinateur Dominique Rousseau a retranscrit notre propos sous forme de BD (cliquez sur l'image pour découvrir celle-ci) :

Gagner plus et sauver le climat : une BD de Dominique Rousseau, texte : André Larané
 

Une « taxe énergie » intégralement redistribuée

Aussi longtemps que les énergies fossiles et en premier lieu le pétrole et le gaz de schiste seront abondants et bon marché, ne nous faisons pas d’illusions sur la « transition écologique » (note).Si nous voulons stopper le dérèglement climatique et non pas seulement nous y adapter, nous devons nous réorienter vers des solutions sobres en énergie (toutes les énergies sont concernées, la démonstration étant loin d’être faite de l’immunité écologique de l’une ou l’autre des énergies dites « renouvelables » comme on le verra plus loin).

Une fois posé le diagnostic, les remèdes en découlent d'eux-mêmes : en premier lieu relever fortement le prix de l’énergie afin que les citoyens et les entreprises privilégient en toutes choses les alternatives économes en énergie ; en second lieu, défaire toutes les législations qui encouragent la prédation et le gaspillage d’énergie : agro-industrie, étalement urbain ou « rurbanisation » etc.

Mais comment pouvez-vous songer à augmenter le prix de l’énergie ? nous direz-vous. De nouvelles taxes ? C’est la révolution assurée ! Les citoyens ne supportent plus d’être pressurés par le fisc !...

C’est tout à fait vrai. Aussi excluons-nous la démarche actuelle qui consiste à utiliser le produit des taxes sur l’énergie pour alléger la dette de l’État, aider certaines catégories sociales revendicatives ou encore subventionner des affairistes engagés dans la « transition énergétique » avec des résultats incertains. Les contribuables n’ont que faire par exemple de financer par leurs impôts et taxes la construction d’éoliennes, l’importation de panneaux photovoltaïques ou l’acquisition de véhicules électriques par des ménages aisés.

Au lieu de cela, nous préconisons une solution incitative et même populaire : une taxe sur les énergies primaires, payée par les producteurs d’énergie (EDF, compagnies pétrolières etc.) et toute entière redistribuée aux citoyens sous la forme d’une allocation forfaitaire mensuelle. Il s’agit que l’augmentation du prix de l’énergie et des produits énergivores soit toute entière compensée par cette allocation.

Ainsi chacun pourra-t-il librement arbitrer entre deux options sans altérer son niveau de vie :
• Ne rien changer à son mode de vie en finançant avec l’allocation forfaitaire le surcoût de ses consommations induit par la taxe sur l’énergie : plus cher le carburant auto ? Pas grave, la différence de prix sera compensée par l’allocation mensuelle !
• Se réorienter vers des consommations moins énergivores et donc moins coûteuses et ainsi bénéficier d’un reliquat de revenu qui lui permettra d’augmenter son niveau de vie : plus cher le carburant auto ? Je laisse la voiture au garage pour les très petites distances et l’allocation mensuelle me laisse un reliquat pour des soirées au restaurant ou au spectacle, tant mieux !

Comme chaque être humain est en dernier ressort mû par la recherche de son intérêt personnel, soyons assurés que tous les gens sensés s’orienteront vers la deuxième option. Faisons donc confiance aux citoyens et à nous-mêmes et laissons chacun décider de consommer plus ou moins « vert » sans perte de revenu.

Nous verrons qu'une taxe énergie de 50 centimes pour 10 kWh rapporte au fisc un minimum de 80 milliards d’euros. C’est un montant certes élevé mais du même ordre de grandeur que les investissements projetés par le gouvernement français au titre de la « transition énergétique et climatique » ! Si, au lieu d’être noyé dans le budget de l’État (désendettement, administrations, subventions, investissements…), ce montant est intégralement redistribué par le fisc à chaque ménage, il s’ensuit une allocation forfaitaire de 110 euros par mois à chaque adulte et 60 euros par mois par enfant mineur !

Avec ce supplément de revenu, chaque ménage peut compenser le surcroît de dépenses occasionné par la taxe sur l’énergie et se réorienter autant qu’il le souhaite vers un mode de vie moins énergivore, pour le plus grand bénéfice de la planète. Grâce à l’allocation forfaitaire, ceux qui ont besoin d’une voiture du fait de l’éloignement de leur travail continueront de l’utiliser sans être pénalisé en termes de revenu. Mais dans de nombreux autres cas, les produits sobres en énergie deviendront plus attractifs…Si par exemple, la taxe sur le fioul enchérit de 50 centimes le kilo de tomates de serres, les tomates muries au soleil et en pleine terre apparaîtront plus abordables à beaucoup de consommateurs !

La taxe énergie redistribuée relève d'une démarche opposée à la « transition énergétique et climatique » suggérée par les gouvernants français. Dans le cadre d'une économie de marché libre et soumise aux réglementations strictement nécessaires, elle s'en tient en effet à relever le prix de l'énergie et laisse les citoyens et les entreprises suivre leur intérêt personnel et « égoïste ». Si la taxe pénalise certaines entreprises par rapport à leurs concurrentes étrangères, l’État peut intervenir soit en allégeant l’impôt sur les sociétés, soit en instaurant une taxe temporaire sur les importations concernées.

Au final, le pays peut trouver le chemin d'une croissance économique vigoureuse mais décarbonée, avec l'avantage d'importer moins de produits énergétiques et d'améliorer ainsi spontanément sa balance commerciale. Son exemple peut très vite faire tache d'huile en Europe et dans le reste du monde en montrant que la croissance économique est parfaitement compatible avec une énergie chère et une décroissance des consommations énergivores. Au pire, si les autres pays sont réticents à comprendre le message porté par les Français, ceux-ci gagneront néanmoins de libérer leur pays de tous les mauvais côtés de la civilisation du pétrole : saturation automobile, bruit et pollution, alimentation frelatée issue de l'agro-industrie, recul de la biodiversité et des sols naturels...

Nous détaillons dans notre ouvrage les modalités d’application de la taxe (bien plus simples que pour une énième loi sur les véhicules polluants). Nous montrerons aussi comment cette taxe peut enclencher un processus vertueux en encourageant chacun à redoubler d’efforts d’une année sur l’autre, sans perte de revenu. Nous montrerons enfin comment son application dans un pays (la France) peut rapidement faire école sans compter qu’elle peut améliorer la balance commerciale et les performances économiques du pays pionnier.

Ne s'arrêtant pas à la mise en place de la taxe énergie redistribuée, l'État doit défaire les lois et règlements qui encouragent la prédation. Il doit réorienter la législation de façon à encourager les pratiques les plus sobres en énergie, sans entraver la croissance économique ni la compétitivité des entreprises.

La législation doit être en tous points incitative et non contraignante. Si un ménage souhaite une maison ouverte à tous les frimas, s’il ne se déplace qu’en voiture et ne rêve que de vacances aux antipodes, libre à lui. Mais telle une « main invisible » et bienveillante, la loi doit lui montrer des alternatives plus attirantes et surtout moins coûteuses. Elle doit inciter chacun à s’établir au plus près des villes, des bourgs et des bassins d’emploi. Elle doit aussi permettre aux paysans respectueux de l’environnement de concurrencer les agro-industriels et aux industriels nationaux de rivaliser avec les importations de l’autre bout du monde...

Les solutions sont à notre portée. De nature essentiellement fiscale, elles sont indolores et souriantes, même si cela peut surprendre. Elles sont porteuses d'espérance et de nature à rendre confiance en l'Homme et en la Nature. Elles peuvent être conduites pays par pays, avec un avantage concurrentiel et moral pour le pays qui ouvrira la voie aux autres. Un pays comme le nôtre a la taille et la capacité d’engager ce combat sans attendre le consentement de ses voisins européens. La France peut y gagner au minimum de rééquilibrer sa balance commerciale en réduisant ses importations énergétiques, au mieux d’améliorer notoirement les conditions de vie de ses habitants… et de convaincre ses voisins et le reste de la planète de suivre son exemple.

Il n'y manque que la volonté politique et pour les citoyens l'audace de s'engager dans ce combat par leur vote et par un soutien sans faille aux élus et aux gouvernants qui auront le courage d'affronter le vieux monde des corporations et des multinationales avides de profits à court terme.

Le climat et la vie, manifeste pour une écologie globale

Au sommaire :
• Notre mode de vie en question
• Illusions techniciennes
• La guerre façon Churchill
• Une taxe bienvenue
• La vraie ville, la ville sans automobile
• Agir pour une vie plus humaine
• Annexe 1 : le dérèglement climatique
• Annexe 2 : la faute aux bébés ?

Publié ou mis à jour le : 2024-01-22 08:27:53

Voir les 5 commentaires sur cet article

Toffo34** (03-02-2024 09:38:31)

N’oublions pas, chose fondamentale, que le CO2 n'est absolument pas un gaz polluant, qu'il est un gaz indispensable à la vie végétale comme animale et qu'il représente moins de 400 ppm à savoir... Lire la suite

JMG (10-08-2022 15:09:04)

Comment pouvez-vous ecrire un article sur le climat qui soi-disant change? Pure propagande pour la gauche, vous savez comme moi qu'il n'y a pas de changement de climat causé par l'homme mais par la n... Lire la suite

Troianowski (02-06-2020 16:24:08)

Une analyse rationnelle et que je trouve très pertinente. Si cette proposition avait séduit nos dirigeants, elle serait déjà en application (surtout avec Nicolas Hulot numéro trois du gouvernemen... Lire la suite

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