Des statues de personnages jugés insupportables pour racisme ou esclavagisme ont été abattues après le meurtre de George Floyd aux Etats-Unis. Sciences et Avenir s'en est entretenu avec François-Xavier Fauvelle, titulaire de la chaire de l'histoire de l'Afrique ancienne au Collège de France.
Pour l'historien, il n'y a pas à être effrayé par ce phénomène, « totalement inhérent à ce qu'est l'espace public, c'est-à-dire un lieu de conflictualité nécessaire, pour autant qu'il s'exprime de façon légale. Posons-nous la question : qu'est-ce que la statue d'un personnage historique ? C'est un symbole que l'on accepte dans l'espace public à titre de jalon d'une mémoire historique. Il y a en a des foules d'autres du même type : noms de rues, plaques commémoratives, monuments aux morts. Toutes les sociétés humaines ont fait cela : inscriptions de dédicace de bâtiments publics, arcs de triomphe, récits de fondation. Nous vivons au milieu de ce réseau de symboles, qui fait l'objet, par définition, d'une gestion publique permanente : on en ajoute, en en retire... »
« Que nous soyons sommés, dans l’inconfort du débat démocratique, de choisir si nous acceptons encore tel discours ou tel silence que véhicule une statue dans l’espace public, veut bien dire que « nous » existe, et que ce nous a besoin d’une galerie de personnages historiques qui le représente. Comme je l’ai rappelé dans ma leçon inaugurale au Collège de France, chaque collectif, de la famille à la nation, choisit ses ancêtres. Tant qu’elle le fait, la famille ou la nation existe. »
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