13 février 2020

François Jarrige démystifie la «transition énergétique»

L'historien François Jarrige dénonce la « transition énergétique » en laquelle il voit une mystification destinée à préserver le « modèle » de société à l'origine du dérèglement climatique actuel.

Maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne, François Jarrige a déjà publié en 2017 avec Thomas Le Roux une remarquable somme sur La Contamination du monde. Cette fois, il publie Face à la puissance. Une histoire des énergies alternatives à l’âge industriel aux éditions La Découverte. Il s'en entretient au micro de France Culture...

Extraits :

Les choix d’énergie relèvent de choix d’organisation de la société. Dans les années 1970, si le nucléaire était contesté par les écologistes, c’était en premier lieu parce qu’il débouchait sur une centralisation encore plus forte de la société.

C’est une illusion de croire que de nouvelles énergies peuvent se substituer aux anciennes. Elles viennent en complément de celles-ci pour satisfaire une demande toujours croissante. Le chemin de fer n’a pas remplacé la traction animale mais en a au contraire intensifié l’usage. En effet, en développant les déplacements interurbains, le train a accru au XIXe siècle les déplacements et en bout de ligne, dans les villes, il a nécessité un recours plus intensif que jamais au transport hippomobile. C’est au point que les grandes villes comme Paris ont été saturées par le cheval à la Belle Époque. L’arrivée des automobiles a été même perçue comme un soulagement par les citadins qui y ont vu un transport propre par excellence... Et l'on n'a jamais brûlé autant de charbon et de pétrole qu’en 2020 malgré la percée des énergies dites renouvelables : nucléaire, éolien, solaire etc. L’histoire des énergies est l’histoire d’un empilement des énergies, anciennes, nouvelles et futures.

Les constructeurs présentent l’automobile électrique comme un transport propre afin de maintenir la prééminence de l’automobile dans l’organisation sociale. De fait, s’il n’y a pas de pollution ni d’émission de gaz carbonique au niveau de l’automobile, ces inconvénients sont reportés en amont, dans la conversion des énergies primaires en électricité dans des centrales le plus souvent thermiques ou nucléaires et dans le transport même de l’électricité.

À chaque génération depuis au moins un siècle, on nous fait rêver avec la promesse d’un convertisseur propre qui nous permettra de faire l’économie d’une révision de notre mode de vie.

Les mesures envisagées aujourd'hui en matière environnementale sont pathétiques et ubuesques : grève des cours par les lycéens pour exiger des mesures contre le réchauffement climatique (lesquelles ?), renoncement de l’Élysée aux bouteilles en plastique, interdiction par la loi des pailles en plastique, neutralité énergétique à l’horizon 2050 revendiquée par les instances européennes (par quels moyens ?)...


En savoir plus avec France Culture
Gramoune (01-03-2020 13:28:33)

On peut ajouter le retraitement des pales de éoliennes.
En Allemagne, il faut remplacer 4 000 pales par an. Or
on ne peut "recycler" que 40%. des pales, le reste part
dans des décharges non "contrôlées". Absurde, mais c'est
voulu par les "écolos" !

Un manchot (19-02-2020 14:52:57)

On peut ajouter les interrogations sur les coûts environnementaux des énergies renouvelables (socles en béton des éoliennes, barrages hydro-électriques, terres rares...).

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