La Résistance française

1940-1944 : de la tragédie à l'espoir

En guerre contre l'Allemagne hitlérienne depuis le 3 septembre 1939, la France est envahie le 10 mai de l'année suivante. Le haut commandement militaire et le gouvernement se résignent au bout de six semaines à la conclusion d'un armistice infamant.

Les Français, sous le choc, ne songent pas encore à la résistance... à quelques exceptions.

Un Appel peu entendu

Le 18 juin 1940, tandis que les armées françaises refluent en désordre devant l'invasion allemande, le général de Gaulle lance un Appel depuis les studios de la BBC à Londres. Il invite ses compatriotes présents sur le territoire britannique à le rejoindre et pour la première fois évoque la « flamme de la résistance française ».

L' Appel est largement diffusé dans le pays par la presse régionale mais, dans les premiers mois de l'Occupation, il a peu d'effet sur la population, abasourdie par l'ampleur de la défaite et confiante dans le Maréchal Pétain, nouveau chef du gouvernement.

Cette résignation rend d'autant plus méritantes les personnalités très tôt entrées en résistance. Jean Moulin, préfet d'Eure-et-Loir au moment de l'invasion, est de celles-là. En octobre 1941, il part pour Londres demander une aide en vue de développer la résistance intérieure.

1940 : les débuts de la Résistance intérieure

Bertie Albrecht (15 février 1893  - 31 mai 1943)Pendant que Jean Moulin cherche sa voie, la Résistance intérieure se forme peu à peu à l'initiative de personnalités isolées comme Henri Frenay. Ce jeune officier fonde un mouvement clandestin, le Mouvement de libération nationale... sans cesser de croire en la bonne volonté du maréchal Pétain.

Du regroupement de plusieurs mouvements naît Combat. Le mouvement couvre la zone dite « libre », c'est-à-dire non occupée par les troupes allemandes et soumise à une administration française théoriquement indépendante dont le siège est à Vichy, sous l'autorité du maréchal Pétain.

Combat comprend plusieurs dizaines de milliers de sympathisants et environ 200 permanents. Parmi eux une femme émérite, Bertie Albrecht, infirmière protestante et amie personnelle de Henri Frenay.

Limité dans ses objectifs et ses moyens, le mouvement organise principalement des filières d'évasion vers la Suisse ou l'Espagne.

1941 : concurrence entre réseaux

La Résistance intérieure prend un nouveau départ à la mi-1941, après l'invasion de l'URSS par la Wehrmacht.

Les communistes français, qui étaient jusque-là restés dans l'expectative en raison du pacte de non-agression entre Staline et Hitler, entrent à leur tour dans la clandestinité. Mais pas question pour eux de rejoindre les mouvements pionniers comme Combat. Ils préfèrent créer leurs propres réseaux car leur objectif n'est pas le renseignement mais l'affrontement frontal avec l'ennemi.

C'est ainsi que le 21 août 1941, un militant communiste de 22 ans, Pierre Georges, futur « colonel Fabien », se rend au métro Barbès et abat le premier Allemand qu'il croise sur le quai, l'aspirant Moser.

Comme les attentats tendent à se multiplier, les Allemands entrent  dans le cycle répressif. Le 29 août 1941, ils exécutent après jugement Honoré d'Estienne d'Orves et ses compagnons. Le 22 octobre 1941, à Châteaubriant, en Bretagne, 27 otages communistes  (dont Guy Môquet, 16 ans) sont fusillés suite à un attentat contre un officier allemand.

Ainsi les occupants allemands tombent-ils dans le piège tendu par les communistes en se coupant de la population française. Comme prévu, les Français se radicalisent, d'un côté comme de l'autre. Les dénonciations anonymes à la police française ou, pire, à la police allemande, la Gestapo, se multiplient.

1942 : reprise en main de Londres

À Londres, le général de Gaulle dénonce le caractère militairement inefficace des attentats.

Jean Moulin, parachuté sur le sol français le 2 janvier 1942, va entreprendre de rassembler la Résistance. Il rencontre en premier lieu Henri Frenay et le convainc de rallier le général de Gaulle.

La situation se durcit le 11 novembre 1942, avec l'entrée des troupes allemandes dans la zone Sud, qui était jusque-là administrée par le gouvernement de Vichy et théoriquement autonome. Désormais, tous les Français se trouvent à la merci de la police allemande. Le 26 janvier 1943, les trois principaux mouvements de résistance de l'ex-zone Sud se donnent une instance de coordination. Il s'agit de Combat (de loin le plus important), Franc-Tireur et Libération (dirigé par Emmanuel d'Astier de la Vigerie).

1943 : l'espoir renaît

À la suite des défaites allemandes de El Alamein et Stalingrad , les Français commencent à reprendre espoir et les mouvements de résistance connaissent une affluence relative. La motivation des jeunes Français est accrue par le refus d'aller travailler en Allemagne au titre du STO (Service du Travail Obligatoire) imposé par Laval en février 1943.

Apparaissent les premiers maquis. Ce sont des petits groupes armés qui effectuent des missions de sabotage ou même des opérations de guerilla. Ils comptent un total de 30 000 à 40 000 résistants.

Henri Frenay a besoin de beaucoup d'argent pour financer les armes que réclament les maquisards. Il ne peut se contenter des fournitures de Londres et s'adresse aux Américains, via la Suisse. Jean Moulin, l'apprenant, se fâche tout de bon. Il reproche à son compagnon de s'immiscer dans les rivalités entre le général de Gaulle, soutenu par Churchill, et le général Giraud avec qui préfèreraient coopérer les Américains.

Le 27 mai 1943, Jean Moulin met en place un Conseil national de la Résistance (CNR) inféodé au général de Gaulle. La décision est prise lors d'une réunion au 48, rue du Four, à Paris.

Quelques semaines après, le 21 juin 1943, survient l'un des épisodes les plus dramatiques de la Résistance. C'est l'arrestation à Calluire, une petite ville proche de Lyon, de huit chefs du Conseil National de la Résistance, y compris Jean Moulin, qui mourra quelques semaines plus tard du fait de ses tortures.

1944 : la Résistance triomphe

Après l'arrestation de Jean Moulin, Georges Bidault (44 ans), professeur d'histoire et ancien éditorialiste, est élu à la présidence du CNR à la confortable majorité de douze voix sur seize.

Les mouvements de résistance sont unifiés sous le nom de FFI (Forces françaises de l'intérieur) le 1er février 1944. Ils connaissent leurs heures de gloire entre le débarquement de Normandie, en juin 1944, et la Libération de la capitale, en août 1944. Entre ces deux événements, en moins de trois mois, leurs effectifs passent de 100 000 à près de 500 000.

Une fois les Allemands chassés du territoire national, 120 000 FFI sont admis dans la 1ère armée française du général de Lattre de Tassigny, aux côtés des 500 000 hommes de l'armée d'Afrique. Cet « Amalgame » ramène la Résistance à la normalité.

Publié ou mis à jour le : 2024-02-21 21:29:25

Voir les 10 commentaires sur cet article

JP (22-02-2024 18:46:24)

Il y a longtemps que je n'avais pas lu une synthèse aussi impartiale de ce qu'a été la Résistance. Merci monsieur Larané.

jean Pierre (22-02-2024 07:53:02)

Le pire c'est que quasiment tous les pires collaborateurs avec les allemands ont eu, grâce au choix du Général de Gaulle les postes clés au gouvernement Français d’après guerre... l'histoire ... Lire la suite

mery (21-02-2024 18:19:58)

Admirable parti communiste champion de la propagande qui s'allie à Hittler à travers le pacte germano-soviétique, freine pendant plusieurs années l'armement de la France par des grèves dans les u... Lire la suite

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net