Histoire des musées

Du cabinet de curiosités à la multinationale

Rassembler des œuvres d'art pour que tous puissent les admirer, cela semble une idée toute simple. Et pourtant ! Il aura fallu des siècles pour que vitrines et cadres ne proposent plus leurs trésors uniquement à une élite.

Bas-relief d'un piédestal, en marbre, provenant de Mantinée en Arcadie. La plaque présente trois des neuf muses tenant des instruments de musique et des rouleaux de parchemins.  Les reliefs sont de style praxitélien, IVe s. av. J.-C. Athènes, musée archéologique national. Agrandissement : Lawrence Alma-Tadema, Phidias montrant la frise du Parthénon à ses amis, 1868, musée de Birmingham.

Trésors précieux et bric-à-brac

Pas de musée sans Muses, bien sûr ! Lorsqu'en 29 avant J.-C. est fondé à Alexandrie un temple pour les honorer, il est pour la première fois associé à un véritable institut de recherche, baptisé le mouseîon. Collecte, archivage, recherche, accueil... les grands principes des musées sont déjà là.

Souverain ptolémaïque, probablement Ptolémée II Philadelphe, musée archéologique national de Naples. Agrandissement : Vincenzo Camuccini, Ptolémée II Philadelphe examinant un rouleau de papyrus, 1813, Naples, musée de Capodimonte.Cette habitude de rassembler des œuvres n'est cependant pas nouvelle : les trésors offerts aux dieux pouvaient être admirés au cœur des temples et certains curieux parcouraient de longues distances pour venir contempler les statues de Phidias ou Praxitèle.

La fin de l'Antiquité ne marque pas la fin de la « collectionnite », bien au contraire : ce sont désormais hommes d'État et hommes d'Église qui cherchent à acquérir des reliques, avant de céder au XVe siècle à la mode des cabinets de curiosités qui frappe l'Europe. Fossiles biscornus, fruits exotiques, restes d'animaux improbables... Plus la trouvaille est indéfinissable, mieux c'est !

Ticket, s'il vous plaît !

« Musaeum Ashmolianum » : le 21 mai 1683, c'est sous ce nom qu'est inauguré le premier musée au sens moderne du terme, dans l'université d'Oxford. A l'entrée on trouve un règlement, un gardien et des tickets.

Domenico Remps, Le Cabinet de curiosité, 1690, Florence, Office de la Pierre dure.Près de 70 ans plus tard c'est le projet du British Museum qui est lancé (1753), suivi de près par celui de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg (1764) et des Offices à Florence (1765).

En France, c'est essentiellement sous l'impulsion de Louis XVI qu'une véritable politique muséale se met en place avec la présentation des collections royales au Louvre.

Ce projet n'aboutira qu'avec la Révolution qui décide en 1793 de l'ouverture d'un « Museum  des arts de la République ». L'ensemble s'enrichit considérablement avec les trophées de guerre des armées napoléoniennes qui obligent la création de musées en province. Les grandes nations étrangères suivent l'exemple : en 1811 est inauguré le Prado à Madrid, en 1816 l'Alte Pinakothek à Munich et en 1823 la National Gallery à Londres

Les grands virages

Au XIXe siècle, cette politique de prestige s'accompagne d'initiatives personnelles qui ont permis aux trésors du Moyen Âge (musée de Cluny, 1843) et aux Arts asiatiques (musée Guimet, 1889) d'être mis en valeur. L'époque voit aussi de riches mécènes soutenir les œuvres délaissées par les institutions, comme ces tableaux impressionnistes rassemblés à New York pour devenir la base du MoMA (Museum of Modern Art).

Au niveau architectural, place à l'audace, et donc à la polémique avec en France le Centre Pompidou (1977) et la pyramide du Louvre (1989). Aujourd'hui, les musées sont partout : anciennes gares, usines et piscines, tout est bon pour permettre au public de découvrir son patrimoine. A ces reconversions s'ajoutent des implantations chargées de revitaliser des régions (Louvre-Lens) ou exporter le prestige national (Louvre Abu Dhabi). Désormais les musées se doivent d'être de véritables entreprises combinant présentation des œuvres, expositions prestigieuses et activités multiples d'un centre culturel. À l'heure des nouvelles technologies, à eux à présent de se réinventer sans transformer les œuvres en simples produits d'appel.

François Biard, Quatre heures, au Salon, 1847, Paris, musée du Louvre.


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Publié ou mis à jour le : 2022-04-22 17:58:00

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