Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, est saisi en 1681 de la question de l'esclavage aux colonies en sa qualité de secrétaire d'État à la Marine. Comme il est devenu impossible d'interdire cette pratique, sauf à se mettre à dos la riche bourgeoisie qui vit du commerce triangulaire, Colbert entreprend de la réglementer.
Homme de bureau, soucieux de rigueur et de précision, il prépare un texte législatif pour encadrer les relations entre maîtres et esclaves et préciser les sanctions qui peuvent s'appliquer à ces derniers. L'article 44 précise : « Les esclaves sont des biens meubles ». Mais d'autre part, les maîtres sont invités à éduquer leurs esclaves dans la foi chrétienne... Ainsi le texte ne craint-il pas de se contredire en considérant les esclaves à la fois comme des « biens meubles » et de bons chrétiens ! Cette contradiction va ouvrir la voie à toutes les interprétations de la part des planteurs, y compris bien sûr les plus iniques.
Intitulé Édit du Roi sur la police de l'Amérique françoise, le texte est promulgué en 1685 (l'année de la révocation de l'Édit de Nantes) par le fils du ministre, le marquis de Seignelay, secrétaire d'État à la Marine comme son père. Plusieurs fois réécrit au siècle suivant et surnommé « Code noir », il va donner une base légale à l'esclavage sans pour autant l'humaniser, tant il est vain de vouloir faire un compromis entre un principe d'humanité et une réalité inhumaine. Il disparaît de facto dans la tourmente révolutionnaire, lorsque la Convention abolit une première fois l'esclavage en 1794.
Voir : Le Code Noir
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