Père de la chimie moderne et découvreur de l'oxygène, Antoine-Laurent de Lavoisier témoigne par sa vie et son oeuvre de la grandeur du XVIIIe siècle français, le « siècle des Lumières ».
Issu d'une famille aisée, il fait des études de droit au collège Mazarin (à l'emplacement de l'actuel Institut de France), tout en suivant avec passion comme beaucoup de jeunes gens cultivés de son époque les expériences de chimie de Guillaume François Rouelle, au Jardin du Roy.
Après de bonnes études et quelques communications brillantes, Lavoisier est élu à 25 ans à l'Académie royale des sciences !
Il achète en 1770 une charge de fermier général (collecteur d'impôts) qui lui vaudra de devenir très riche, de mener un train de vie fastueux et surtout de s'équiper d'un laboratoire doté des meilleurs instruments qui soient. Affecté au bureau de l'octroi de Paris, il y dispose d'une balance réputée être la plus précise d'Europe. Destinée à détecter les fraudes, elle va aussi lui servir aux pesées moléculaires de divers gaz avec une grande précision.
En 1774, l'une de ses premières expériences consiste à calciner de l'étain dans un vase clos contenant de l'air. Il constate que la masse globale ne change pas. Il renouvelle l'expérience avec du mercure en 1777. À la suite de quoi il identifie les composants principaux de l'air et les baptise respectivement : oxygène (« formeur d'acide » en grec) et azote (« sans vie »). Un peu plus tard, il découvre que l'eau peut être obtenue à partir de l'air avec l'oxygène et un gaz qu'il appelle hydrogène (« formeur d'eau » en grec).
Dans son Traité élémentaire de chimie, en 1789, il rappelle un principe essentiel : « Rien ne se crée, ni dans les opérations de l'art ni dans celles de la nature, et l'on peut poser en principe que, dans toute opération, il y a une quantité de matière avant et après l'opération ; que la qualité et la quantité des principes sont les mêmes et qu'il n'y a que des changements ». On le résume usuellement par l'aphorisme : « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ».
Heurts et malheurs d'un trop riche savant
Comme fermier général et privilégié de l'Ancien Régime, Lavoisier est emprisonné sous la Terreur, en dépit des services rendus à la République. Le tribunal révolutionnaire l'ayant condamné à la guillotine, le savant demande un sursis de quinze jours pour terminer une expérience. Sans succès. Il est guillotiné le jour même, le 8 mai 1794.
La postérité, pour souligner la malfaisance de la Convention, prétendra qu'à sa prière, le président du tribunal révolutionnaire Jean-Baptiste Coffinhal aurait répliqué : « La République n'a pas besoin de savants ! » La scène et la formule paraissent peu vraisemblables quand on sait la vigueur avec laquelle le gouvernement révolutionnaire mobilisait les scientifiques au service de la guerre contre l'envahisseur.
Le lendemain, Louis Lagrange confiera à l'astronome Jean-Baptiste Delambre : « Il ne leur a fallu qu'un moment pour faire tomber cette tête et cent années peut-être ne suffiront pas pour en reproduire une semblable. »
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