4 juin 1898

Fondation de la Ligue des Droits de l'Homme

La Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen, plus communément appelée Ligue des Droits de l'Homme ou LDH, a été fondée le 4 juin 1898 en vue de la défense du capitaine Dreyfus par le sénateur de la Gironde Ludovic Trarieux et l'avocat Joseph Reinach. Sa création témoigne de l'irruption des « intellectuels » dans le débat public.

La Ligue s'oriente vers la promotion des droits sociaux sous l'énergique direction du député et journaliste Francis de Pressensé, élu à sa présidence en 1903. En 1922, après la Grande Guerre, elle fonde avec une vingtaine d'autres ligues similaires la Fédération internationale des Droits de l'Homme (FIDH). Son mot d’ordre : « La paix par les droits de l'Homme ».

En 1933, elle en vient à compter 180 000 adhérents. Active dans la défense des droits sociaux, elle s'aligne globalement sur les positions de la gauche républicaine et par exemple s'accommode sans sourciller du fait colonial. Face à la montée du nazisme, elle est tiraillée entre les partisans de la fermeté et les pacifistes partisans de la temporisation. Elle s'aveugle aussi sur la dictature de Staline.

La tache

La LDH ternit son image dans les années 30 en fermant les yeux sur les procès de Moscou sous prétexte que tous les accusés avaient avoué. Dans son rapport du 15 novembre 1936, elle écrit à leur propos : « La hantise que nous avons tous de l'erreur judiciaire n'existe que si l'accusé nie son crime, s'il crie jusqu'au bout son innocence... Si le capitaine Dreyfus avait fait des aveux, il n'y aurait pas eu d'Affaire Dreyfus (...). Il est contraire à toutes les données de l'histoire de la justice criminelle de supposer que, par des tortures ou des menaces de tortures, on fasse avouer des innocents dans la proportion de seize sur seize ».
Sous la plume de Gilles Manceron, la LDH se justifie en prétextant qu'il fallait « se préparer à faire la guerre à l’Allemagne nazie, menace principale en Europe, et regrouper toutes les forces susceptibles de s’y opposer, y compris l’URSS. » À cela deux remarques : en novembre 1936, Hitler ne menaçait encore personne et son antisémitisme restait dans les limites hélas propres à l'époque ; plus gravement, l'argumentaire de la LDH reprend celui des antidreyfusards, que l'on peut résumer comme suit : « Nous ne pouvons nous permettre d'affaiblir l'armée à la veille d'une guerre avec l'Allemagne ! »

De la lutte contre le nazisme aux compromissions islamistes

Sous l'Occupation, la Ligue est interdite par le gouvernement de Vichy. Son président, Victor Basch (80 ans) est assassiné par la Milice près de Lyon le 10 janvier 1944.

Elle renaît heureusement de ses cendres après la chute du nazisme et deux dirigeants éminents de la FIDH, René Cassin et Joseph-Paul Boncour, participent à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Toutefois, après la Libération, la LDH ne retrouvera plus l'aura qui fut la sienne et verra ses effectifs s'effondrer jusqu'à ne plus compter que quelques milliers d'adhérents. Elle s'en tiendra à des combats convenus, ceux de toute la gauche socialiste, contre la guerre d'Algérie, contre la peine de mort, pour le droit à l'avortement, etc. 

Au XXIe siècle, elle s'applique à dénoncer et combattre la supposée « islamophobie » française, ce qui lui vaut de sévères remontrances de la part de la gauche démocratique et laïque et bien sûr de la droite républicaine. « J’ai beaucoup de respect pour ce que la LDH a incarné. Je ne comprends plus certaines de ses prises de position, » déclare le 12 avril 2023 devant le Sénat la Première ministre Élisabeth Borne. ?« Cette incompréhension […] s’est fait jour dans ses ambiguïtés face à l’islamisme radical, » poursuit-elle en regrettant que la LDH ait « attaqué un arrêté interdisant le transport d’armes par destination à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) ».

André Larané

Sculpture de Jean Boucher érigée Place Denfert-Rochereau à Paris et commémorant Ludovic Trarieux, fondateur de la Ligue des Droits de l'Homme.

Publié ou mis à jour le : 2024-05-31 23:24:30
Audrey (12-09-2006 21:21:14)

Bonne initiative que cet article: N'oublions jamais ce geste "héroïque" de Zola, écrivain qui connaissait bien son rôle de conscience de son temps et d'acteur social, comme tous devraient l'être... Lire la suite

Monique Lesieur (23-07-2006 16:45:56)

Magnifique Heureusement que notre société a vu naître des Zola, des Picard sinon à quoi bon vivre ? Merci de vous être interessé à cette page de l'histoire qui grace àZola nous réconcilie a... Lire la suite

laurent (31-05-2006 16:21:01)

Bravo pour cette excellente présentation de l'affaire qui a sans doute laissé des taches indélébiles sur l'histoire de l'humanité.

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