Le 3 mars 1918, à Brest-Litovsk, en Biélorussie, les bolchéviques russes signent la paix avec les Allemands et leurs alliés. Ils se retirent de la Grande Guerre, laissant choir la France et l'Angleterre qui s'étaient engagées aux côtés du tsar.
Les Allemands en profitent pour une offensive de la dernière chance sur le front français...
Dès le 8 novembre 1917, Lénine a signé un décret qui propose une « paix sans annexions » à tous les belligérants. Mais ce décret d'un agitateur au pouvoir encore incertain est resté lettre morte.
Le 15 décembre, il demande l'armistice pour prendre de court ses compatriotes qui veulent continuer le combat, y compris dans son parti. Soucieux de consolider son pouvoir sur la Russie, il veut en finir avec la Grande Guerre commencée trois ans plus tôt.
Trotski, le commissaire du peuple aux Affaires étrangères, dirige les négociations d'armistice. Cet intellectuel rigide pense que les Allemands ne tarderont pas à suivre les Russes dans la voie de la Révolution prolétarienne et il est prêt à concéder aux Allemands tout ce qu'ils voudront. La Finlande, l'Ukraine et d'autres provinces de l'Empire russe profitent des négociations de paix pour s'émanciper.
Enfin est conclue le 3 mars 1918 la désastreuse paix de Brest-Litovsk avec l'Allemagne et ses alliés (Autriche-Hongrie, Turquie et Bulgarie).
La Russie perd par ce traité léonin la Pologne, la Finlande, l'Ukraine, les pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie), plusieurs territoires cédés à la Turquie, alliée de l'Allemagne... La Russie d'Europe se trouve ramenée à ce qu'était le grand-duché de Moscovie avant l'avènement d'Ivan le Terrible au XVIe siècle !
De leur côté, les Allemands tirent parti du cessez-le-feu et de la paix à l'Est pour redéployer quarante divisions sur le front français.
Lénine, avant tout soucieux de sauver sa Révolution, fût-ce au prix de la défaite et du démembrement de l'empire russe, pèse de tout son poids en faveur du traité. Il s'ensuit de violentes tensions parmi les membres du gouvernement.
Les ministres socialistes-révolutionnaires de gauche démissionnent et rentrent dans l'opposition. Ils ne vont plus cesser de combattre la dictature de Lénine.
C'est le moment où se réveillent en ordre dispersé les partisans du régime tsariste ou de la République démocratique issue de la Révolution de Février.
Dans le Kouba, le général Kornilov a constitué une « armée des volontaires » ; en Ukraine, en avril 1918, l'ethman (chef cosaque) Skoropadski prend le pouvoir avec le concours des Allemands ; dans le Caucase, en mai 1918, Géorgie, Azerbaïdjan et Arménie proclament leur indépendance. Dans le même temps, en avril 1918, les Anglais, que la défection de la Russie inquiète, débarquent à Mourmansk. Les Japonais occupent de leur côté Vladivostok. Enfin, des gouvernements rebelles se constituent à Omsk, en Sibérie, et à Samara, dans l'Oural. En mai 1918 survient l'offensive d'une brigade de combattants tchèques, déserteurs de l'armée austro-hongroise. Ils s'emparent du chemin de fer du Transsibérien et dominent de la sorte la Sibérie.
Partout, dans l'immense Russie, les bolchéviques semblent perdus mais ils vont se tirer de cette situation quasiment désespérée grâce à l'énergie et aux talents d'organisateur de Trotski, lequel prend le commandement de l'Armée Rouge et n'hésite pas à y intégrer d'anciens officiers tsaristes. Ils vont profiter aussi des divisions et des querelles chez leurs ennemis, tant de la gauche républicaine que de la droite tsariste.
Tout en combattant leurs rivaux politiques, les bolchéviques pressurent les ouvriers. Ils imposent le travail forcé le dimanche. Ils répriment les grèves avec la dernière énergie. Lénine lui-même prône des « exécutions massives » pour briser une grève de cheminots. Les paysans ne sont pas épargnés. Victimes des réquisitions de céréales, beaucoup meurent de famine. Les exécutions sommaires, les massacres, les réquisitions, les prises d'otages... ne sont pas l'apanage des « Rouges ». Les « Blancs » les pratiquent aussi volontiers.
En deux années, la guerre civile aura fait environ 5 millions de victimes parmi les combattants, non compris autant de civils victimes des famines et des exécutions sommaires. C'est plus que la Première Guerre mondiale.
En 1921, confronté à un début de famine et à une désorganisation complète des rouages de l'État, Lénine lâche du lest, annonce une nouvelle politique économique et fait appel à l'aide américaine ! Il a remporté la victoire sur ses adversaires de tous poils (opposants de gauche, monarchistes, minorités indépendantistes) mais c'est à un prix exorbitant dont les conséquences se font encore sentir un siècle plus tard (pauvreté endémique, faiblesse de la démocratie, irrédentismes des marges russes).
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BERTIE (21-03-2018 16:22:40)
La victoire de la France est aussi due aux services secrets français et notamment à Georges Painvin - voir Wikipedia- qui a réussi à décrypter un message allemand prévoyant une attaque massive ... Lire la suite
kourdane (13-03-2018 10:26:05)
merci pour cet excellent résumé qui permet de comprendre aisément des données historiques complexes; rappelant les tensions entre Lénine & Trotsky ainsi que le comportement totalitaire des 2 qui ... Lire la suite