Dans la nuit du 29 au 30 juin 1934, le chancelier Hitler élimine les extrémistes de son parti, groupés autour d'Ernst Röhm, chef de la Sturm Abteilung (« Sections d'Assaut », SA).
Cette purge menée par les SS et leur chef Himmler sera plus tard désignée sous le nom de « Nuit des Longs Couteaux », une expression qui viendrait des SA eux-mêmes quand ils évoquaient une « deuxième révolution » en prévision de laquelle ils « aiguisaient leurs longs couteaux ». Elle va consolider le pouvoir de Hitler et lui assurer l'obéissance de l'armée...
Menace de putsch à l’intérieur du putsch
Bien qu’il ait été élu chancelier du Reich le 30 janvier 1933, et que le parti nazi soit devenu, le 14 juillet de la même année, le seul parti politique autorisé en Allemagne, Adolf Hitler ne détenait pas encore le pouvoir absolu. Il lui manquait le soutien de la Reichswehr (« défense du Reich »), l’armée de la République de Weimar, et il avait besoin des conservateurs pour succéder au président du Reich, le vieux maréchal Paul von Hindenburg.
Les conservateurs comme la Reichswehr craignaient les velléités révolutionnaires de la Sturm Abteilung (« Sections d'Assaut », SA). Les SA, surnommés les « Chemises brunes », constituaient une milice de plus de quatre millions de membres dont les actions violentes avaient permis à Hitler d’accéder au pouvoir. Elles étaient commandées par leur fondateur Ernst Röhm, vétéran de la Première Guerre mondiale et nazi de la première heure.
Röhm revendiquait maintenant pour ses hommes un rôle militaire, ce que le ministre de la Défense, le général Werner von Blomberg, refusait catégoriquement. Il fit comprendre à Hitler que le président du Reich décréterait la loi martiale et confierait le gouvernement à l'armée s’il ne prenait pas des mesures contre Röhm et ses Chemises brunes.
Himmler et son adjoint direct, Heydrich, chef du Sicherheitsdienst (service de renseignement et de maintien de l'ordre de la SS), manigancèrent donc l'élimination de Röhm et convainquirent Hitler de ce qu'il fomentait une insurrection.
Hitler convoqua tous les chefs SA à Bad Wiessee, une station thermale sur le Tegernsee. Le 29 juin, Himmler l'assura que la SA de Berlin projetait un putsch.
Sans attendre, la nuit venue, Hitler élimina donc les chefs de la SA ainsi que plusieurs conservateurs et catholiques qu’il considérait comme des obstacles à sa prise de pouvoir.
Röhm fut surpris dans son sommeil par Hitler lui-même qui entra dans sa chambre, revolver au poing, puis fut interné avec plusieurs autres chefs SA. Six d’entre eux furent immédiatement fusillés.
Les principales victimes furent Gregor Strasser, une des figures de proue de l'aile « gauche » du NSDAP, et Karl Ernst chef des SA de Berlin. De simples SA furent passés à tabac dans les rues par des hommes de Himmler et certains abattus sans procès.
Deux officiers de la Reichswehr, le général Kurt von Schleicher, ancien chancelier, et le général Ferdinand von Bredow furent également assassinés. Edgar Jung, conseiller du vice-chancelier Franz von Papen, et Erich Klausener, président de l’Action catholique, furent eux aussi abattus par les SS.
Ernst Röhm lui-même, que Hitler hésitait à supprimer par amitié, fut tout de même assassiné dans sa prison.
La purge créa un climat de terreur et mit fin de façon radicale à l’esprit de faction qui avait longtemps déchiré le parti nazi.
Après le décès de Hindenburg le 2 août 1934, les électeurs allemands approuvèrent à près de 90% l’accession de Hitler à la présidence du Reich par le plébiscite du 19 août 1934. Cumulant cette fonction avec celle de chancelier, le dictateur prit le titre inédit de Führer (« Guide »).
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