Le 4 Brumaire An IV (26 octobre 1795), la Convention cède la place au Directoire. Par ce changement de régime, les conventionnels modérés, ou Thermidoriens, qui ont renversé Robespierre le 9 Thermidor An II (27 juillet 1794) veulent signifier la fin de la Terreur et de la Révolution.
Le nouveau régime commence par décréter une amnistie générale. Il abolit toutes les poursuites judiciaires « portant sur des faits purement relatifs à la Révolution ». Il élargit les détenus politiques... à l'exclusion de ceux qui ont participé à l'insurrection royaliste de Vendémiaire, trois semaines plus tôt. Symboliquement, la place de la Révolution, ci-devant place Louis XV, change son nom pour celui de place de la Concorde. C'est encore le nom que porte ce haut lieu de Paris où fut installée la guillotine sous la Terreur.
Une nouvelle Constitution
Par la Constitution votée le 5 Fructidor An III (22 août 1795) et approuvée par un vote populaire le 20 Fructidor suivant (6 septembre 1795), les députés de la Convention séparent très strictement les pouvoirs législatif (la confection des lois) et exécutif (l'exécution des lois et le gouvernement du pays). C'est une nouveauté conforme à l'Esprit des Lois de Montesquieu :
• Le pouvoir législatif est confié à un Corps législatif constitué de deux assemblées : le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens, au nombre de 250, ainsi nommés parce qu'ils doivent avoir plus de 40 ans.
Les Cinq-Cents doivent se contenter de faire des propositions de lois. Les Anciens votent sur ces propositions pour les transformer en lois. Les deux assemblées sont destinées à se neutraliser l'une l'autre et à éviter le retour de la dictature comme à l'époque de la Convention montagnarde. Elles sont renouvelables par tiers tous les ans.
• Le pouvoir exécutif est confié à un Directoire de cinq membres âgés d'au moins 40 ans. Chaque année, l'un d'eux est changé par tirage au sort ! Les Directeurs sont désignés par les Anciens sur une liste de dix candidats proposés par les Cinq-Cents. Ils n'ont aucun pouvoir sur les assemblées.
Des électeurs sous contrôle
Le mode d'élection du Corps législatif ne relève que de très loin des règles démocratiques usuelles. À la base, dans les cantons, les hommes de plus de 21 ans qui paient un impôt élisent un électeur pour 200 citoyens. Ces électeurs doivent avoir 25 ans et justifier d'un revenu conséquent. C'est à eux qu'il appartient de désigner les futurs membres des assemblées ainsi que les juges des tribunaux civils.
Mais en dépit de leurs précautions, les Thermidoriens ne purent éviter une majorité royaliste ou modérée dans les deux Conseils. Il s'ensuit que le nouveau régime n'allait jamais cesser d'affronter l'opposition résolue des royalistes à droite ainsi que des Jacobins à gauche. Ils purent malgré tout consolider l'oeuvre de la Révolution et assainir les finances publiques au prix d'une « banqueroute des deux tiers ».
Le Directoire maintint et poursuivit les réformes engagées par les régimes précédents (suppression des corporations, droit au divorce, abolition des droits féodaux...). Il créa l'école publique, instaura un nouveau système d'unités de mesure, etc. Mais il se trouva confronté à la guerre étrangère sur tous les fronts et à des révoltes intérieures (Bretagne, Vendée, Midi, Corse). Le général Bonaparte, fort de sa popularité, n'allait pas avoir de mal à renverser le régime par le coup d'État du 18-Brumaire (9 novembre 1799).

Vos réactions à cet article
Luc DEFEBVRE (28-10-2018 09:01:56)
Quelques détails : Sur la majorité d'élus modérés ou monarchistes, vous en déduisez la "preuve que trois ans après la chute de la monarchie, l'opinion n'était pas prête à en faire son deuil." : mais ... Lire la suite
Durivaux (19-05-2007 18:24:53)
A lire ce texte, les savants qui ont oeuvré pour réaliser "Une oeuvre colossale" n'ont pas existé... Raccourci bien saisissant qui ne reflète que bien peu le foisonnement des idées et initiatives des... Lire la suite