Le 24 février 1525, François Ier est fait prisonnier en tentant d'assiéger Pavie, au sud de Milan. « De toutes choses ne m'est demeuré que l'honneur, et la vie qui est sauve », écrit-il à sa mère Louise de Savoie dans la belle langue de l'époque.
Le vainqueur de la bataille de Pavie est lui-même un Français, le connétable Charles de Bourbon, cousin du roi de France. Il a servi brillamment François Ier à la bataille de Marignan, dix ans plus tôt. Ses exploits lui ont valu à 26 ans l'épée de connétable et la vice-royauté du Milanais.
Confronté à la coalition de l'empereur Charles Quint, du roi d'Angleterre Henri VIII et du pape, François Ier a perdu l'année précédente le Milanais.
Ses rêves italiens semblent tout à fait compromis. L'Europe presque entière lui est hostile. La France est appauvrie et les Français saignés par les impôts. Pour ne rien arranger, la douce reine Claude meurt à 24 ans à Blois.
En juillet 1524, l'invasion menace plus que jamais. Tandis que les Anglais menacent d'entrer en Normandie et Charles Quint en Bourgogne, Charles de Bourbon envahit la Provence.
Mais une révolte des paysans inspirée par la Réforme luthérienne oblige Charles Quint à revenir en Allemagne cependant que Charles de Bourbon piétine devant Marseille et, harcelé par l'armée d'Anne de Montmorency, doit se retirer.Au moins le royaume est-il préservé de l'invasion et la paix en vue...
Plutôt que de satisfaire de cette heureuse issue, François Ier décide de reprendre l'offensive dans le Milanais et repasse les Alpes dès l'automne 1524. Il escompte une belle victoire, comme à Marignan, et entre sans coup férir à Milan, affaiblie par une épidémie de peste.
Mais, non loin de là, une place forte résiste aux envahisseurs. Il s'agit de Pavie, l'antique capitale des rois lombards, solidement défendue par une armée espagnole sous les ordres d'Antonio de Leiva et abritée derrière les bras du Tessin, un affluent du Pô.
Le roi met le siège devant la ville, dite la « bien remparée ». Le 28 octobre 1524, ses troupes s'installent dans le parc de Mirabello, ceint d'une muraille de 15 kilomètres, au nord de la ville. Le 6 novembre, Galiot de Genouillac commence de bombarder Pavie mais cette première attaque échoue. L'armée française doit se préparer à un long siège.
François Ier, qui dispose de pas moins de 30 000 hommes, en détache 10 000 pour conquérir la région de Naples. Là-dessus, 5 000 alliés suisses des Grisons se retirent pour défendre leur propre canton, menacé par les Impériaux (les troupes de Charles Quint).
Le siège s'éternise jusqu'à ce que le 3 février 1525, Charles de Bourbon et Charles de Lannoy arrivent au secours des assiégés à la tête de 30 000 hommes. Leurs sapeurs minent les murailles de Mirabello et leurs troupes pénètrent dans le parc dans la nuit du 23 au 24 février 1525.
Les Français, réveillés à temps, réussissent à les repousser malgré la brume et l'obscurité. Canonnés, les intrus se replient en désordre vers la place forte de Pavie. Les Français sont les maîtres du terrain...
Malheureusement, c'est alors qu'intervient François Ier. Le « roi-chevalier » ne veut pas rester à l'écart d'une si belle victoire. À la tête de la cavalerie, il charge avec fougue les lansquenets allemands, sans laisser à son grand maître de l'artillerie le temps de les décimer. Mais sa charge se brise sur les arquebusiers espagnols du marquis de Pescara.
L'ennemi en profite pour se ressaisir et se regrouper. Les arquebusiers espagnols commencent à tirer sur les cavaliers français. Chevaux et cavaliers ne tardent pas à s'embourber dans le sol marécageux et détrempé, tout comme l'infanterie suisse. Il ne reste plus à la garnison de Pavie qu'à sortir pour hâter la déroute française.
La bataille de Pavie aura duré en tout guère plus d'une heure mais le désastre est total. Au milieu de ses compagnons morts, le roi de France, blessé, privé de cheval, continue de se battre avec bravoure jusqu'à la reddition inéluctable.
Moins chanceux dans le malheur, ses meilleurs capitaines sont tués. Ainsi le maréchal Jacques de La Palice qui nous laisse en héritage le mot « lapalissade » pour désigner une évidence, l'amiral de Bonnivet, son oncle René de Savoie, Bussy d'Amboise ou encore Louis de La Trémoille, qui avait repris l'armure à 75 ans !
Après sa capture, François Ier est conduit par Charles de Lannoy dans la citadelle de Pizzighettone. Puis, comme les négociations de paix traînent en longueur, il est conduit au Castel Nuovo de Naples, puis à Valence, en Espagne, enfin à Madrid.
Il obtient enfin sa libération en signant un traité calamiteux et en laissant ses deux fils en otage. Mais sitôt libéré, il renie le traité et reprend la lutte contre Charles Quint, n'hésitant pas à s'allier avec les protestants allemands, les Turcs et le corsaire Barberousse.
La défaite de Pavie inaugure une longue inimitié des Français envers les Habsbourg. Elle va perdurer jusqu'en 1918 avec des conséquences tragiques pour les intérêts de la France et les équilibres européens.
C'est ainsi que Voltaire et ses amis « philosophes » appuient le roi de Prusse Frédéric II contre sa rivale Marie-Thérèse de Habsbourg. De la même façon, Napoléon III encourage l'union de l'Allemagne pour faire pièce à l'Autriche.
Pendant la guerre de 1914-1918, Georges Clemenceau rejette une offre de paix séparée de l'Autriche-Hongrie et, après l'armistice, il n'a de cesse d'affaiblir l'héritage des Habsbourg... pour le plus grand profit du IIIe Reich allemand.
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Voir les 5 commentaires sur cet article
Andrzej Cisek (22-02-2023 20:14:30)
Je vous admire, historiens français dans Hérodote, d'écrire ainsi l'histoire de France.
Anonyme (01-02-2016 21:41:58)
il manque des choses, en ce qui concerne la renaissance
JPL (25-02-2015 12:55:53)
La phrase célèbre (du moins je le crois!) de François 1er à sa mère "Tout est perdu, Madame, fors l'honneur !" est-elle réelle ou inventée par des historiens en mal de "belles" citations. Rema... Lire la suite