1789-1799

La Révolution française

Les dix années qui ont changé le monde

La Révolution française (dico) désigne une période de dix années (1789-1799) qui va de l'ouverture des états généraux au coup d'État de Brumaire par le général Bonaparte. Cette décennie ébouriffante a vu la France accomplir d'immenses réformes de structure, dans le prolongement des Lumières du XVIIIe siècle et des révolutions démocratiques d'Angleterre et d'Amérique.
Mais la Révolution française est aussi associée à la guerre civile et à des guerres de conquête. C'est qu'en s’immisçant dans les questions religieuses avec la Constitution civile du clergé, en octobre 1790, les dirigeants révolutionnaires ont divisé les Français, suscité la formation d'une coalition européenne contre la France, provoqué la chute de la monarchie et conduit à seize mois de dictature et de terreur (mars 1793-juillet 1794).

Vincent Boqueho raconte la Révolution française :

1789

Du tiers état à la Nation

Le 5 mai 1789, le roi Louis XVI et Necker ouvrent solennellement les états généraux. Louis XVI n'a plus d'argent en caisse et a besoin de l'accord des représentants des trois ordres (clergé, noblesse et tiers état) pour lever de nouveaux impôts et réformer ceux existants.

Dès l'ouverture des débats, les représentants du tiers état dénoncent la division de l'assemblée en trois ordres qui les met automatiquement en minorité lors des votes, face aux représentants des ordres privilégiés, le clergé et la noblesse. Ces deux ordres ne représentent qu'une toute petite partie de la population française et souhaitent maintenir les privilèges leur permettant de ne pas payer d'impôts.

Le 17 juin, les députés du tiers état, ainsi que quelques membres du clergé et de la noblesse proches du peuple et des idées nouvelles du siècle des Lumières, se réunissent à part. Sur proposition de l'abbé Sieyès, qui constate que le tiers état représente à lui seul les « quatre-vingt-seize centièmes de la Nation », ils s'autoproclament Assemblée nationale, représentante du peuple français.

Le 20 juin, bafouant la volonté du roi qui leur a interdit de se réunir, l'Assemblée nationale se rassemble dans la salle du Jeu de Paume, près du palais de Versailles, et fait serment de ne pas se séparer tant qu'elle n'aura pas donné une constitution à la France.

Trois jours plus tard, le 23 juin, les députés des trois ordres se réunissent en présence du roi. À la fin de la séance, celui-ci ordonne aux ordres de siéger séparément. Toutefois, les représentants de la toute nouvelle Assemblée nationale refusent de se diviser et de quitter la salle.

Mandaté par Louis XVI, le marquis de Dreux-Brézé leur demande d'obéir aux ordres. Bailly, le président de l'assemblée lui rétorque : « Je crois, monsieur, que la Nation assemblée n'a d'ordre à recevoir de personne » et Mirabeau aurait même ajouté : « Nous sommes là par la volonté du peuple et n'en sortirons que par la puissance des baïonnettes ! »  Acte grave par lequel l'Assemblée désobéit ouvertement au roi.

Conscients de leur force et constatant que les maux du gouvernement appellent davantage qu'une réforme de l'impôt, les députés projettent de remettre à plat les institutions et de se déclarer Assemblée nationale constituante afin d'établir de nouvelles règles de fonctionnement, selon l'exemple américain. Ils souhaitent ainsi mettre un terme à l'autoritarisme royal et d'établir une monarchie parlementaire.

Le 11 juillet 1789, face à cette rébellion ouverte des députés, Louis XVI décide de renvoyer son ministre Necker, jugé trop proche des idées de l'Assemblée nationale. Ce renvoi est très impopulaire car le ministre reste admiré par une grande partie du peuple, voyant en lui un de ses plus grands défenseurs.

Le peuple entre dans la partie

À Paris, le peuple s'irrite et s'inquiète. La rumeur court que le roi, indigné par la désobéissance des députés, souhaite mettre fin à leur rébellion et s'apprête à investir la capitale avec ses troupes.

Le 12 juillet, au Palais-Royal, un orateur, Camille Desmoulins, harangue la foule. Deux jours plus tard, le 14 juillet, les émeutiers s'attroupent et réclament des armes et de la poudre pour riposter à un éventuel assaut des troupes royales ! Ils pillent une armurerie et s'en vont prendre d'assaut la Bastille, une vieille forteresse royale de la guerre de Cent Ans - et ne détenant que sept prisonniers (quatre faussaires, deux fous et un délinquant sexuel) ! Surplombant de sa masse sombre le quartier populaire de Saint-Antoine, elle n'est gardée que par 82 invalides et 32 gardes suisses mais symbolise l'arbitraire royal aux yeux des Parisiens.

Des troupes du roi se rallient aux insurgés qui prennent d'assaut la forteresse. L'attaque est sanglante et se termine par le massacre des défenseurs de la Bastille et de son gouverneur, dont la tête est mise au bout d'une pique et promenée à travers les rues de Paris.

Face aux troubles qui s'étendent, le roi reste passif. Son frère, le comte d'Artois, futur Charles X, prend quant à lui la mesure de l'événement et quitte la France sans attendre. Il est suivi dans l'émigration par d'autres nobles, dont le prince de Condé et Mme de Polignac.

À Paris, le comité des électeurs désigne un maire, Bailly, et un commandant de la garde nationale, La Fayette, en remplacement de l'administration royale. Les autres villes imitent la capitale.

Dans le reste du pays, une « Grande peur » s'étend dans les campagnes. Les paysans craignent que les seigneurs ne mènent une répression face aux événements révolutionnaires agitant l'ensemble du pays. Sans manquer d'afficher leur loyauté à la monarchie, ils pillent les châteaux et brûlent les « terriers », les documents qui contiennent les droits seigneuriaux. Quelques familles de hobereaux (petits seigneurs) sont battues, voire massacrées. Dans la nuit historique du 4 août, les députés votent l'abolition des privilèges en vue de calmer les paysans. Ils mettent ainsi fin à des siècles de domination seigneuriale.

Le 26 août 1789 est votée la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. C'est l'acte le plus remarquable de la Révolution. Les députés, inspirés par les grands philosophes français et anglais des siècles précédents (Hobbes, Locke, Montesquieu, Rousseau...) votent dans l'enthousiasme cette Déclaration de 17 articles commençant par cette phrase mémorable et impensable sous l'Ancien Régime : « Tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits... ».

Chacun attend du roi qu'il valide ces décisions de l'Assemblée mais il ne s'y résout pas. À Paris, le peuple s'indigne de son opposition à l'abolition des privilèges. Il est d'autant plus mécontent qu'il souffre de la disette et de l'inflation provoquées par les mauvaises récoltes des années précédentes.

Le 5 octobre 1789, n'y tenant plus, une foule de Parisiennes prend le chemin de Versailles pour rencontrer le roi. Louis XVI accepte de recevoir une délégation de ces femmes et leur promet de faire tout son possible afin de ravitailler au mieux la capitale. Mais le peuple n'est pas pour autant convaincu. Il investit le château au cours de la nuit. Mal soutenu, le roi se résigne à approuver les textes de l'Assemblée et, mieux encore, accepte de s'installer à Paris.

Le lendemain 6 octobre 1789, la famille royale quitte donc Versailles pour le palais des Tuileries, au coeur de la capitale. L'Assemblée se rappelle là-dessus qu'elle doit résoudre la crise fiscale. Les caisses de l'État sont vides. Alors, le 10 octobre 1789, les députés ont l'idée de saisir les terres et les biens qui appartiennent à l'Église catholique afin de renflouer le trésor public.

Le 15 octobre, après une ultime séance à l'hôtel des Menus Plaisirs de Versailles, les députés s'installent à leur tour à Paris, dans la salle du Manège, à côté des Tuileries. À partir de ce jour, l'autorité royale et celle de l'Assemblée nationale seront à la merci des Parisiens et de la pression populaire.

1790

Une France nouvelle

Au cours de cette année, les Parisiens se prennent de passion pour les affaires politiques et la capitale devient un foyer foisonnant d'idées et d'agitation.

Les journaux se multiplient ainsi que les clubs où débattent avec passion les sans-culottes (on appelle ainsi les gens des quartiers populaires, révolutionnaires intransigeants qui portent un pantalon et non une culotte de soie comme les bourgeois et les aristocrates). Le plus célèbre est le club des Jacobins, dont un certain Robespierre devient président le 31 mars 1790.

L'Assemblée constituante ne se contente pas de préparer une Constitution. Elle réforme en profondeur les institutions du pays. C'est ainsi qu'elle crée les départements pour remédier à la confusion des anciennes provinces. Elle unifie les poids et mesures et crée une nouvelle unité de longueur appelée à un grand succès mondial : le mètre. Elle instaure l'état civil, introduit le divorce et le mariage civil, supprime le privilège d'aînesse dans les héritages etc.

Le 12 juillet 1790, les députés votent la Constitution civile du clergé en contrepartie de la nationalisation des biens de l'Église : ils garantissent un revenu aux membres du clergé et décident aussi qu'ils seront désormais élus par les citoyens et devront prêter serment à la Nation, au roi et à la constitution.

À partir de cette date, le clergé va se diviser entre prêtres « jureurs » (ceux qui acceptent de prêter serment et adhérent aux idées de la Révolution) et prêtres « réfractaires » (ceux qui refusent le serment et rejettent les idées révolutionnaires).

1791

Le 2 mars 1791, le décret d'Allarde abolit les corporations au nom de la liberté d'entreprendre et, dans un souci de cohérence, la loi Le Chapelier interdit le 14 juin 1791 la reconstitution de toute association professionnelle tant de patrons que de salariés (cette loi entravera au XIXe siècle la création de syndicats).

Cependant, le roi et le clergé attendent l'avis du pape avant d'approuver la Constitution civile du clergé. L'avis tarde à venir et quand il arrive enfin, le 13 avril 1791, il est négatif. Le pape condamne le texte qu'il considère comme hérétique et schismatique. Il ne menace rien moins que de suspendre les prêtres « jureurs ». Le roi, très pieux et fidèle à la volonté du pape, se met dès lors en retrait de la Révolution et utilise son droit de veto pour paralyser le travail législatif de l'assemblée.

Le 21 juin 1791, Louis XVI tente avec sa famille de rejoindre des troupes fidèles afin de rétablir son autorité. Mais il est reconnu dans une auberge, arrêté à Varennes et ramené à Paris. Dès lors, la ferveur monarchiste des Français commence à s'effriter et nombreux sont ceux à l'accuser de trahison.

Le 17 juillet 1791, sur le Champ de Mars, à Paris, les gardes de La Fayette fusillent des républicains qui demandaient la déposition du roi à l'appel du club des Cordeliers. Il s'ensuit de profondes divisions chez les révolutionnaires et au sein de l'Assemblée nationale.

La plupart des députés jacobins, à l'exception notable de Robespierre et Pétion, fondent leur propre club au couvent des Feuillants. Monarchistes modérés, ils vont soutenir le roi et participer à ses gouvernements jusqu'à la chute de la monarchie.

L'Assemblée législative et la chute du roi

Le 1er octobre 1791, la première Constitution française entre en application. Elle inaugure une monarchie constitutionnelle à l'anglaise où le pouvoir législatif (rédiger les lois) est confié à une Assemblée du même nom.

Louis XVI troque son titre de roi de France pour celui, plus humble, de roi des Français. Il dispose du pouvoir exécutif et continue d'exercer son droit de veto qui lui permet de repousser ou retarder les textes de l'Assemblée.

1792

Cette opposition creuse le fossé entre le roi et l'Assemblée législative mais Louis XVI a le soutien d'une bonne partie du clergé qui refuse de prêter serment sur la Constitution.

Par ailleurs, les députés de la Constituante n'ayant pas été autorisés à se faire élire et à siéger à la Législative, beaucoup choisissent de militer dans les clubs révolutionnaires de Paris. Ils entretiennent l'agitation révolutionnaire.

Au club des Jacobins s'ouvre un débat sur l'opportunité d'une guerre contre les « despotes » européens. Il va déboucher sur une lutte à mort entre deux clans politiques :
- les Brissotins, plus tard appelés Girondins (ainsi nommés parce que leur chef de file est le député Brissot et plusieurs viennent du département de la Gironde) : ils veulent sauvegarder les institutions décentralisées mises en place en 1789 ; ils aspirent d'autre part à une guerre qui obligerait le roi à choisir définitivement le camp de la Révolution et étendrait à l'Europe les acquis de la Révolution et les Droits de l'Homme !
- les Montagnards (ainsi nommés peut-être parce qu'à l'Assemblée, leurs membres siègent dans les travées les plus élevées !) : ils sont menés par RobespierreDantonSaint-JustMarat... Ils veulent un pouvoir fort et centralisé pour avant tout préserver les acquis de la Révolution. Ils ne veulent à aucun prix d'une guerre. Ils s'appuient sur les sans-culottes parisiens, toujours prêts à déclencher une émeute.

Le 23 mars 1792, Louis XVI appelle au gouvernement les Brissotins. Comme le roi mais pour des raisons opposées, ceux-ci aspirent à la guerre contre l'Autriche. Ils souhaitent exporter les idées révolutionnaires à travers l'Europe; quant au roi, il souhaite secrètement la défaite des armées françaises afin de rétablir son pouvoir absolu avec l'appui des armées étrangères.

L'hostilité envers Louis XVI devient extrêmement forte au sein de la population de Paris. Le 20 juin 1792, le peuple envahit le palais des Tuileries et oblige le roi à porter le bonnet phrygien et à boire à la santé de la nation.

Le 10 août 1792, la foule envahit à nouveau les Tuileries et en massacre ses défenseurs. Le roi et sa famille sont alors enfermés dans la prison du Temple. C'est la fin d'une monarchie millénaire ! Le 2 septembre, plus d'un millier de prisonniers soupçonnés d'être monarchistes sont massacrés par les sans-culottes à l'instigation de Marat, un journaliste intransigeant et hystérique de la cause révolutionnaire.

La Convention à l'ombre de la guillotine

Une nouvelle assemblée est élue au suffrage universel (à l'exclusion des femmes) et non plus comme précédemment au suffrage censitaire (seuls avaient le droit de voter et de se faire élire les hommes assez aisés pour payer un minimum d'impôt).

Le 20 septembre 1792, l'assemblée de la Convention (un nom emprunté aux Américains) se réunit pour la première fois. Le lendemain, les députés proclament l'abolition de la monarchie et le 22 septembre 1792, ils décident sur une proposition de Georges Danton, que désormais, les actes publics seront datés de « l'An 1 de la République ». C'est de cette manière « furtive », selon le mot de Robespierre, que la France se découvre en République.

L'assemblée met sans tarder le roi en accusation. Le procès se déroule à la Convention même et réveille l'opposition entre les Girondins et les Montagnards...

Affaires étrangères : la Révolution face à l'Europe des rois

Les souverains étrangers voyaient au départ la Révolution sans déplaisir, escomptant un affaiblissement de la France sur la scène internationale. Mais après les dérapages du printemps 1792, ils s'inquiètent pour le roi et craignent une contagion révolutionnaire. Louis XVI, son entourage et les émigrés français les poussent à intervenir. De leur côté, les révolutionnaires se prennent à espérer une guerre victorieuse qui exporterait les principes de la Révolution en Europe.

Valmy,oeuvre de JB Mauzaisse, d'après Horace Vernet (RMN)Sur la base de ces très mauvais calculs, le 20 avril 1792, l'Assemblée législative et le roi Louis XVI déclarent la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie », en fait le puissant archiduc d'Autriche, futur empereur d'Allemagne.

Dès l'été, la France est envahie par les armées prussiennes et autrichiennes. Parallèlement le duc de Brunswick, le chef des armées prussiennes, menace les Parisiens d'une répression féroce s'ils attentent à la vie de la famille royale.

Cependant, le 20 septembre 1792, à Valmy, en Argonne, les Prussiens sont repoussés de manière inattendue par les Français, au chant de la Marseillaise. Ils repassent la frontière sans attendre. Les armées révolutionnaires confirment ce premier succès quelques semaines plus tard par leur victoire à Jemmapes, en Belgique (une possession autrichienne).

1793

Politique intérieure : la Révolution se déchire

Les Montagnards obtiennent en définitive la condamnation à mort du roi. Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné en place publique.

La Convention proclame la « patrie en danger » et annonce la levée de 300 000 hommes pour renforcer les armées. Cette mesure entraîne une révolte paysanne dans tout l'ouest de la France. Le 11 mars 1793 débute la guerre de Vendée, la plus impitoyable guerre civile qu'ait connue la France.

Le 28 mars est constitué un Tribunal révolutionnaire pour juger les traîtres à la patrie et les opposants au nouveau régime républicain. Enfin, le 6 avril 1793, la Convention confie le gouvernement à un Comité de salut public dominé par Maximilien de Robespierre.

C'est le début de la dictature jacobine (les membres du comité viennent du club des Jacobins). À la guerre extérieure s'ajoutent l'hostilité des monarchistes et des républicains modérés qui ne supportent pas la dictature qui se met alors en place.

Les 31 mai et 2 juin 1793, les Girondins sont arrêtés puis guillotinés quelques mois plus tard après un procès expéditif. Le 13 juillet, Marat, l'un des révolutionnaires les plus violents, est lui-même assassiné par une jeune exaltée, Charlotte Corday.

En réaction, le 17 septembre 1793, la Convention vote la loi des suspects qui permet d'arrêter, de juger et de guillotiner à peu près n'importe qui. La Terreur s'accélère et la guillotine tourne à plein régime. Elle fera, jusqu'à l'exécution de Robespierre, 20 000 victimes environ.

Robespierre et les conventionnels profitent de la Terreur pour mener tambour battant la déchristianisation du pays. Les prêtres réfractaires et les religieux qui restent fidèles au pape et à leur religion sont pourchassés et guillotinés.

Le 16 octobre 1793, c'est au tour de la reine Marie-Antoinette d'être guillotinée. Le lendemain, les Vendéens sont défaits à Cholet. Les Montagnards paraissent triompher. Le 24 novembre 1793, ils imposent un changement de calendrier afin de montrer la rupture définitive avec l'ordre ancien.

Affaires étrangères : l'embrasement de l'Europe

Avec la mort de Louis XVI, les souverains étrangers commencent à voir d'un autre oeil la Révolution française ! L'Angleterre n'accepte pas la domination de la France sur la Belgique , par laquelle transite une grande partie de son commerce avec le continent. Dès février 1793, elle monte une première coalition militaire contre la France avec l'Autriche, la Prusse, l'Espagne...

Le mois suivant, en mars 1793, les Français sont battus à Neerwinden et les armées étrangères menacent à nouveau la France. Lazare Carnot, l'un des membres du Comité de salut public, organise avec énergie la lutte contre la coalition étrangère. Ses efforts portent leurs fruits.

1794

Le 26 juin 1794, la victoire de Fleurus sauve une nouvelle fois la Révolution... mais elle enlève du coup toute justification à la dictature jacobine et à la Terreur.

Politique intérieure : la chute de Robespierre

Au début de l'année 1794, la France est déchirée par les guerres extérieures et intérieures ainsi que par les divisions entre les différentes factions. Après avoir fait guillotiner les Girondins, les Montagnards s'entretuent également. Robespierre et le Comité de salut public décident de faire exécuter Danton, Camille Desmoulins et leurs partisans car ils sont considérés comme trop indulgents et souhaitent la fin de la Terreur.

Économiquement, la France est à bout de souffle, son économie est ruinée par les guerres, la Terreur et par la mise en place des « assignats » (une monnaie mise en place en 1791, gagée sur les biens nationaux, issus de la saisie des biens de l'Église en 1790). Cette nouvelle monnaie censée renflouer les caisses de l'État est un échec complet car elle perd très rapidement sa valeur et les Français préfèrent continuer à utiliser l'ancienne monnaie.

Dans le but d'affaiblir l'Église, toujours hostile à la Révolution, tout en satisfaisant le besoin de religion au sein de la population, le Comité de salut public met en place le culte de l'Être suprême. Le 8 juin 1794 est célébré une fête en son honneur, sous l'égide de Robespierre. Elle marque l'apogée de sa puissance : l'« Incorruptible » fait figure de dictateur même s'il n'a aucune titre officiel à part son appartenance au Comité de salut public. 

Sa chute n'est pourtant pas loin... Lassés par sa dictature et par la Terreur, de nombreux députés de la Convention se liguent en effet contre Robespierre et ses proches, comme Saint-Just. Le 27 juillet 1794 (9 thermidor an II selon le calendrier républicain), les proscrits sont encerclés par la troupe dans l'Hôtel de ville et sont arrêtés. À la grande joie des Parisiens, ils sont guillotinés dès le lendemain.

Les thermidoriens et le Directoire

Les vainqueurs de Robespierre, surnommés les « Thermidoriens », libèrent les suspects et mettent fin à la Terreur. C'est le soulagement dans tout le pays. Mais il est de courte durée. Parmi les nouveaux dirigeants, beaucoup (Fouché, Carrier, Barras...) ont outrepassé les consignes officielles et massacré plus que de raison. Ils n'ont abattu Robespierre que pour éviter d'être eux-mêmes abattus. Ils tiennent par-dessus tout à empêcher la restauration de la monarchie qui les priverait de leurs richesses mal acquises, voire de leur liberté ou leur vie.

1795

Aussitôt se multiplient les revendications. Les royalistes, majoritaires dans le pays, se prennent à rêver à la restauration d'un roi cependant que le malheureux Louis XVII (le jeune fils de Louis XVI) meurt au Temple le 8 juin 1795. Les Jacobins, de leur côté, ne désespèrent pas de revenir au pouvoir.

Les « Thermidoriens » font front aux complots royalistes et jacobins. Ils préparent une nouvelle Constitution avec non plus une mais deux assemblées, les Cinq Cents et les Anciens, à l'imitation de l'Angleterre et des États-Unis.

Elles comprendront au minimum deux tiers d'anciens députés de la Convention, une façon de prévenir la victoire électorale probable des royalistes !

Ces derniers projettent un soulèvement mais il est réprimé avec énergie le 5 octobre 1795 (13 Vendémiaire An IV) par un jeune général inconnu de 26 ans, ancien partisan de Robespierre. Il a nom Napoléon Buonaparte. Il fera à nouveau parler de lui...

Le danger monarchiste ayant été écarté, la nouvelle Constitution entre en vigueur le 26 octobre 1795. Elle met en place un nouveau régime, le Directoire.

1796

Le pouvoir législatif étant partagé entre les conseils des Cinq-Cents et des Anciens, le pouvoir exécutif est quant à lui confié à un Directoire de cinq Directeurs, des révolutionnaires convaincus qui souhaitent affermir la République tout en mettant fin aux excès des Jacobins.

Le régime poursuit activement les réformes engagées par les Thermidoriens :

• Rédaction d'un Code civil qui regroupe les lois et les coutumes dans un ensemble cohérent et clair (il appartiendra au Premier Consul Napoléon Bonaparte d'y mettre la dernière touche),
• Banqueroute des deux tiers, éradication des assignats et lancement d'une nouvelle monnaie, le franc, pour remédier à la crise monétaire,
• Rénovation de l'enseignement et création des grandes écoles d'ingénieurs,
• ...

En dépit de ces réformes, l'économie tarde à se relever de l'abîme où l'a plongée l'agitation révolutionnaire.

La misère est immense dans les campagnes, où réapparaît le troc. La criminalité fait des ravages. Les administrations, démunies de tout, sont vouées à l'impuissance.

Les bourgeois prennent leur revanche sur la Terreur. Ils affichent avec ostentation une fortune souvent mal acquise, par le trafic de biens nationaux ou le ravitaillement à prix d'or des armées de la République.

C'est la période des « incroyables » et des « merveilleuses ».

Ces jeunes citadins se pavanent dans des tenues excentriques contrastant avec la tristesse de la période jacobine (et très déshabillées, à l'exemple de Mme Tallien).

Le régime apparaît comme corrompu à l'image d'un de ses hommes forts, Barras, considéré comme un homme « sans foi comme sans mœurs » par de nombreux Français.

1797

Comme le gouvernement du Directoire éprouve les plus grandes difficultés à faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État, il encourage ses généraux victorieux à rançonner les pays conquis...

Affaires étrangères

Le général le plus efficace dans cette tâche est Napoléon Bonaparte à la tête de son armée d'Italie. À la tête de ses armées, il conquiert en 1796 l'Italie du nord et l'Italie centrale, qui regorgent de richesses. Le 18 octobre 1797, fort de ses succès (et de ses pillages bienvenus), Bonaparte impose la paix à l'Autriche par le traité de Campo-Formio. C'est la fin à la première coalition.

1798

Malgré une politique intérieure modérée, le Directoire ne peut renoncer à la poursuite de la guerre. Non seulement il compte sur les tributs prélevés dans les pays conquis mais il veut aussi à tout prix conserver les principales conquêtes de la Révolution : la Belgique et la rive gauche du Rhin.

Encouragé par ses premières victoires, le Directoire exporte la Révolution dans les pays conquis. Il crée des républiques-soeurs en Italie, en Suisse... sur le modèle de la république française.

Or, l'Angleterre, dirigée par l'énergique William Pitt le Jeune, ne peut tolérer à aucun prix que la France, sa grande rivale, demeure en Belgique. Aussi fomente-t-elle une deuxième coalition contre la France. Les frontières de la France sont une nouvelle fois menacées.

Politique intérieure : le régime aux abois

La République française aborde l'année 1798 en position désespérée. Le régime est aux abois, ses ennemis de la deuxième coalition croient déjà triompher et les Bourbons sont persuadés de reprendre bientôt le pouvoir... Pour pallier au manque de volontaires, le gouvernement instaure la conscription obligatoire par la loi Jourdan du 5 septembre 1798 (elle sera abolie deux siècles plus tard par le président Jacques Chirac).

La déchéance du Directoire

1799

Les Directeurs, qui ont voté la mort de Louis XVI, sont prêts à toutes les compromissions pour éviter la restauration monarchique qui signerait leur perte. Sur une idée de l'abbé Sieyès, tête pensante des révolutionnaires modérés, un complot se monte afin de préparer un coup d'État pour renverser le régime instable du Directoire et consolider enfin la République.

Ke complot a besoin d'un général populaire et glorieux afin d'établir ce coup de force. Justement, Bonaparte a débarqué à Fréjus le 8 octobre 1799, de retour d'Égypte où il a mené une campagne militaire désastreuse mais remplie d'exotisme et embellie par la propagande. Les conspirateurs se tournent vers lui.

Par le coup d'État des 9 et 10 novembre 1799 (18 et 19 Brumaire an VIII selon le calendrier révolutionnaire), Napoléon Bonaparte renverse le Directoire et établit un nouveau régime dans lequel il exerce un pouvoir dictatorial : le Consulat.

On peut à ce moment considérer que la Révolution française est terminée. Malheureusement, la poursuite de la guerre pendant quinze années de plus va entraîner la France et l'Europe dans des bouleversements et des tragédies dont elles se seraient volontiers passées.

Fabienne Manière
Publié ou mis à jour le : 2022-07-19 17:11:53
REISS Jean-Pierre (01-10-2019 19:51:12)

Je reste persuadé que le peuple a été manipulé par une bourgeoisie naissante avide de prendre la place de la noblesse avec tous les avantages pécuniaires. Si Louis XVI avait continué de régner,... Lire la suite

DEFEBVRE (16-06-2018 20:35:45)

"Robespierre et les conventionnels profitent de la Terreur pour mener tambour battant la déchristianisation du pays." Voici des propos bien inconsidérés... Alors que les historiens sérieux affir... Lire la suite

omerre (15-03-2015 17:15:07)

ce sont les montagnards qui voulaient la decentralisation des pouvoirs et non les girondins .
une erreur parmi tant d'autres

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