1783-1869

Une nation en gestation

Le 4 juillet 1776, à Philadelphie, les représentants des Treize colonies anglaises d'Amérique du Nord proclament unilatéralement leur indépendance.

Bien que tous les habitants des treize colonies ne soutiennent pas l'indépendance - beaucoup sont loyalistes et la plupart attentistes - les armées insurgées (les Insurgents) prennent le dessus sur les Britanniques, grâce au soutien de la France de Louis XVI. En 1783, la Grande-Bretagne doit reconnaître l'indépendance des États-Unis par le traité de Versailles.

Les jeunes États-Unis d'Amérique réunissent un Congrès continental pour se doter d'un système de gouvernement. Ils adoptent les « Articles de la Confédération », qui laissent à chaque État la jouissance de sa souveraineté, à l'exception de la politique étrangère. Cette dernière est confiée au Congrès, composé d'un délégué par État.

En 1787, le Congrès déclare l'Ouest propriété fédérale, le découpe en parcelles qu'il pourra vendre aux enchères et y interdit l'esclavage.

Dès qu'un nouveau territoire atteint 60 000 habitants, il devient État de la fédération. Le Kentucky est le premier territoire à remplir cette condition. 1787 est également l'année de l'adoption de la Constitution, encore en vigueur aujourd'hui. Influencée par la philosophie libérale, elle crée un système de séparation des pouvoirs et un gouvernement central aux pouvoirs limités. En 1789, George Washington, l'ancien commandant en chef des troupes indépendantistes, devient le premier président des États-Unis d'Amérique.

Béatrice Roman-Amat
Une nation d'immigrants

Le recensement de 1790 révèle que les États-Unis abritent environ 3,2 millions d'habitants d'origine européenne et 700 000 esclaves d'origine africaine (sans parler de quelques millions d'Indiens ou Amérindiens). Dès le lendemain de l'indépendance, les Américains (ou Étasuniens) entament leur expansion territoriale vers l'Ouest et le Sud. Elle ne s'achèvera qu'au milieu du XIXe siècle, lorsque le pays atteindra ses frontières actuelles.
À partir des années 1840-1850, les États-Unis accueillent des vagues massives d'immigrants venus d'Europe. D'abord essentiellement anglo-saxonne, l'immigration s'étend progressivement à l'Europe du Sud (Italie, Grèce) et à l'Europe centrale. Entre 1880 et 1920, près de 25 millions d'immigrants viennent grossir la population américaine. Des lois votées dans les années 1920 établissent des quotas afin de limiter et maîtriser l'immigration par nationalité.
Depuis la fin du XXe siècle, l'immigration concerne surtout l'Amérique latine et l'Asie (Philippines, Vietnam...). L'immigration de source illégale est devenue plus importante numériquement que l'immigration légale et la composition ethnique du pays évolue rapidement. En 2006, les États-Unis ont franchi la barre des 300 millions d'habitants. Pourtant, avec une superficie de 9,160 millions de km2 (dont 1,480 pour l'Alaska), la densité de population y reste faible (33 habitants au km2 en moyenne).

« L'ère des bons sentiments »

James Madison (16 mars 1751, Port Conway, Virginie ; 28 juin 1836, Orange)Bien que la jeune nation américaine souhaite initialement rester neutre dans les guerres qui opposent la France napoléonienne aux Britanniques, elle s'engage en 1812 dans une nouvelle guerre contre la Grande-Bretagne. Celle-ci arraisonne des navires américains accusés de continuer à commercer avec la France malgré le blocus des ports français, et soutient les Amérindiens opposés à la colonisation de l'Ouest.

Les Américains lancent un assaut sur le Canada mais doivent aussi combattre sur deux autres fronts : la côte Atlantique, dont la Royal Navy organise le blocus, et les États du Sud. En 1814, les Britanniques incendient Washington. En 1815, ce sont les Américains qui remportent une brillante victoire à la Nouvelle Orléans. Le traité de Gand aboutit à un retour au statu quo. Bien que les États-Unis n'aient pas remporté une claire victoire, cette « Seconde Guerre d'indépendance » contribue à souder la jeune nation.

La décennie suivante est marquée par une vie politique consensuelle (« l'ère des bons sentiment s») et l'affirmation de la doctrine Monroe de « l'Amérique aux Américains », refus de toute ingérence européenne au nord comme au sud du continent.

Pendant cette période d'apaisement de la vie politique, les États-Unis concentrent leur énergie sur l'expansion vers l'Ouest. Le pays a déjà doublé sa superficie en acquérant la Louisiane en 1803, achetée à la France pour 15 millions de dollars. En 1819, les Espagnols lui cèdent la Floride à l'issue des guerres opposant les Américains aux Indiens Séminoles.

L'expansion américaine se poursuit au détriment du Mexique, indépendant depuis 1821. Des colons y fondent la République du Texas pour échapper à la législation mexicaine anti-esclavagiste. Elle est reconnue, puis annexée par les États-Unis, malgré la réticence du Congrès à incorporer des États esclavagistes.

En 1846, les États-Unis fixent avec le Royaume-Uni, de façon avantageuse, la frontière du Nord-Ouest qui les sépare du Canada. Last but nos least, la guerre américano-mexicaine de 1847-1848 aboutit à la cession aux États-Unis, par le traité de Guadalupe-Hidalgo, du Texas, du Nouveau Mexique et de la Californie, un État rendu particulièrement attractif par la découverte d'or.

La conquête des terres indiennes et mexicaines s'appuie sur la théorie dite de la « destinée manifeste » (manifest destiny), développée dans les années 1840 par le journaliste John O'Sullivan, selon laquelle la mission des États-Unis consiste à répandre la civilisation en direction du Pacifique : « C'est notre destinée manifeste de nous étendre sur un continent qui nous a été donné par la Providence ».

En 1862, en pleine guerre de Sécession, le président Lincoln promulgue le Homestead Act qui permet à toute famille de revendiquer un terrain sur lequel elle réside depuis cinq ans au moins. Tant pis pour les derniers Indiens... 

La première moitié du XIXe siècle est également une période de forte croissance démographique, alimentée par une très forte natalité, l'arrivée massive d'immigrants, notamment néerlandais et irlandais, et de développement industriel. Dans les années 1830-1840 se succèdent les grandes inventions qui vont révolutionner le pays : la moissonneuse de Cyrus Hall McCormick, le revolver de Samuel Colt, la charrue en acier de John Deere, la vulcanisation du caoutchouc de Charles Goodyear, le télégraphe électrique de Samuel Morse.

La guerre de Sécession

L'adoption en 1854 de l'acte Kansas-Nebraska autorisant ces deux États à se prononcer sur la légalité de l'esclavage met fin à une situation d'équilibre établie en 1820 par le compromis du Missouri. Celui-ci établissait une ligne de partage entre États du Nord et États du Sud, en interdisant l'esclavage au nord de la latitude 36°30'. En 1854-1856, le Kansas est déchiré par une querelle entre esclavagistes et anti-esclavagistes.

En 1860, l'élection à la présidence d'Abraham Lincoln, fondateur d'un nouveau parti républicain opposé à l'esclavage, met le feu aux poudres.

Le nord anti-esclavagiste est beaucoup plus peuplé que le sud et produit l'essentiel des biens manufacturés. Il représente le commerce, l'industrie et les affaires, alors que l'économie du sud se fonde quasi-exclusivement sur la production du coton, du tabac et de la canne à sucre. Le nord aspire à des protections douanières pour soutenir son industrie en expansion ; le sud a besoin du libre-échange pour vendre son coton.

En février 1861 sept États du Sud font sécession des États-Unis. Ils s'unissent au sein d'une nouvelle confédération, dont Jefferson Davis devient le président. Leur objectif est de préserver leur mode de vie aristocratique et leur « droit » à l'esclavage. Rejoints par d'autres États, les confédérés assiègent les forts tenus par l'armée fédérale.

C'est le début de la guerre de Sécession ou Civil War (« guerre civile »), qui va durer quatre ans, mettre pour la première fois face à face plusieurs millions de soldats et coûter environ 600 000 vies (davantage que de morts américaines pendant toutes les guerres du XXe siècle !).

Au prix de violents combats, les nordistes prennent le dessus, grâce au potentiel économique et financier du quart nord-est du pays. En 1865, les sudistes sont contraints de solliciter un armistice. Les plantations de coton du sud ne retrouveront jamais leur prospérité d'avant la guerre de Sécession, les importateurs européens s'étant tournés vers d'autres marchés pendant le conflit.

Reconstruction et réconciliation nationale

Les États du Sud sont réintégrés dans l'Union et l'esclavage aboli. Les Noirs obtiennent le droit de vote mais, dans les faits, les États du Sud réussissent à les écarter des scrutins en votant des lois d'exception (par exemple l'obligation d'avoir eu un grand-père citoyen américain pour pouvoir voter) et prennent des mesures de ségrégation dans les lieux publics.

Ils y sont encouragés par la Cour suprême qui, en 1876, autorise chaque État à organiser à sa guise le « cadre des relations interraciales ». Les anciens États esclavagistes mettent alors en place des législations surnommées  « lois Jim Crow », d'après une chanson intitulée Jump Jim Crow et interprétée par un blanc grimé en noir. Elles instituent un système de « ségrégation » sur le principe :  « séparés mais égaux » (ou « égaux mais séparés » !).   

Le dernier tiers du XIXe siècle est marqué par l'achèvement de la conquête intérieure. L'agriculture s'industrialise et augmente sa productivité. En 1890, l'industrie dépasse pour la première fois l'agriculture en production de valeur, dopée par l'abondance des matières premières (charbon, cuivre, fer...).

La disparition de la « Frontière » et le renforcement du peuplement intérieur a pour première victime les Amérindiens.

En 1871, le gouvernement américain renonce à la politique des traités - systématiquement violés -, qui tendait à concentrer les Indiens sur certaines terres, et affiche à la place une volonté d'assimilation. Elle se traduit par le massacre des bisons et les ravages des épidémies et de l'alcool introduits par les colons parmi les Indiens. Dans les années 1880, les deux derniers grands chefs indiens, Sitting Bull et Geronimo, sont contraints de se rendre. Au terme d'un dernier massacre de quelque 200 Sioux par l'armée, la « pacification » du territoire américain est terminée.

Publié ou mis à jour le : 2021-04-22 18:19:51

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