Le 14 janvier 2011, le président tunisien Ben Ali (75 ans) s'enfuit piteusement en avion vers l'Arabie séoudite, emmenant avec lui sa famille et ses trésors. Sa fuite est l'aboutissement des émeutes suscitées dans toute la Tunisie par l'immolation volontaire d'un jeune marchand ambulant, trois semaines plus tôt.
Il s'agit de la première révolution démocratique et sociale qu'ait jamais connue le monde arabe. Célébrée avec enthousiasme tout autour de la Méditerranée., elle va toutefois faire long feu...
Tension
En 2011, après 23 ans d'un pouvoir sans partage, Zine el-Abidine Ben Ali bénéficie plus que jamais du soutien des chancelleries arabes et occidentales, qui voient en lui le rempart contre une très hypothétique menace islamiste. Il est apprécié également des financiers pour sa gestion libérale du pays.
Les uns et les autres sont aveugles sur le sentiment d'humiliation qui traverse toutes les couches de la société.
La classe moyenne issue du développement économique des dernières décennies supporte de plus en plus mal la corruption et la mainmise du clan présidentiel sur les entreprises du pays.
L'immolation par le feu d'un jeune marchand ambulant de Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi (26 ans), jette la population dans la rue. Les jeunes manifestants contournent la censure grâce au recours à internet et Facebook. C'est une première mondiale en matière de révolution.
La répression policière fait plusieurs dizaines de morts sans arriver à restaurer l'ordre, face aux manifestants qui crient « Dégage ! » à l'adresse du vieux dictateur...
La démocratie tunisienne se stabilise enfin avec le vote le 4 janvier 2014 d'une Constitution résolument laïque, fidèle à l'héritage d'Habib Bourguiba, le fondateur de la Tunisie moderne.
La révolution tunisienne, dès 2011, a exacerbé les tensions politiques dans le reste du monde arabe bien qu'aucun pays ne réunisse des conditions aussi propices à une émergence de la démocratie : niveau d'éducation plutôt élevé, fort attachement à la laïcité et quasi-absence de la mouvance islamiste.
La Libye et la Syrie, à leur tour touchées par la vague insurrectionnelle, ont ainsi connu de douloureuses guerres civiles dont on ne voit pas la fin.

Vos réactions à cet article
vasionensis (15-01-2019 19:16:45)
"La Libye et la Syrie, à leur tour touchées par la vague insurrectionnelle ..." surtout touchées par l'agression occidentale! Votre "les maladresses de l'Occident" est un sommet d'euphémisme : si, c... Lire la suite
edzodu (14-01-2018 17:47:03)
Bonjour aux lecteurs de herodote.net Peut-être suis-je trop pessimiste mais il me semble illusoire en occident et en France en particulier, que les pays du « Machrek » tant leurs dirigeants po... Lire la suite