5 juillet 1943

La Wehrmacht meurt une deuxième fois à Koursk

Humilié par la reddition de la VIe armée allemande à Stalingrad, à l'hiver 1942-1943, au terme de la plus grande bataille de l'Histoire, Hitler veut enrayer le recul de ses armées. Le 5 juillet 1943, le Führer lance une gigantesque contre-offensive dans le saillant de Koursk, à mi-distance entre Moscou et Kiev, avec une concentration exceptionnelle de chars et d'avions. Lourdement défaite, la Wehrmacht ne va plus dès lors cesser de reculer.

André Larané

L'offensive de la dernière chance

Au printemps 1943, le front oriental s'étire du nord-ouest au sud-est de la Russie, de Leningrad à Kharkov,  Sur cette ligne régulière, le saillant soviétique de Koursk, qui pénètre dans les lignes allemandes, gêne particulièrement les mouvements de la Wehrmacht

Dirigeant les opérations depuis la « Tanière du Loup », à Rastenburg, en Prusse orientale, le Führer décide dès le mois d'avril de percer le front à Koursk en y concentrant un maximum de forces : 25 divisions d'infanterie, soit 780 000 hommes, 20 divisions blindées, 2 000 chars de combat Tigre et Panther, 2 000 avions, etc.

Baptisée « Citadelle », cette opération réunit deux fois plus d'hommes et de moyens que « Barbarossa », l'invasion de l'URSS, deux ans plus tôt ! Au sein du commandement militaire allemand, l'OKW (Oberkommando der Wehrmacht), des officiers s'inquiètent de tant risquer sur une seule bataille. Mais Hitler s'y accroche.  « La victoire à Koursk sera un signal pour le monde entier », lance-t-il, péremptoire.

La riposte des chars soviétiques T34 à Koursk en  juillet 1943. Agrandissement :Les troupes soviétiques du front de Voronej contre-attaquent derrière des chars T-34 à Prokhorovka pendant la bataille de Koursk.

Le maréchal von Manstein aurait voulu lancer l'offensive dès le mois de mai mais elle doit être reportée de semaine en semaine faute de matériels et d'effectifs en nombre suffisant.

Nicolas Vatoutine (1901-1944)Les Soviétiques, bien informés, mettent à profit ce retard pour consolider leurs positions. Contre l'avis de Staline, le maréchal Georges Joukov décide d'attendre l'offensive allemande, de laisser celle-ci se briser sur leurs défenses puis de lancer la contre-offensive.

Le saillant de Koursk finit par rassembler un total de 1 900 000 Soviétiques prêts au combat, solidement retranchés et équipés de redoutables chars T-34. C'est deux à trois fois plus de forces que l'assaillant potentiel. Ces troupes sont placées sous le commandement du général Rokossovski et du général Vatoutine. 

Quand l'offensive allemande est enfin engagée le 5 juillet, sous une chaleur torride, les généraux allemands sont surpris de ce que les Soviétiques soient si bien préparés et si peu pris au dépourvu !

Les chars, en première ligne, tentent de prendre en tenaille la ville de Koursk mais ils sont écrasés sous un déluge de feu. À peine sortis des chaînes de montage, les nouveaux chars Panther connaissent en particulier de nombreuses avaries.

La bataille aérienne est tout aussi importante que la bataille des blindés.

En cinq jours, la Wehrmacht n'avance que de 25 kilomètres. Les combats sont meurtriers et sans pitié. Soviétiques et Allemands exécutent les prisonniers. Mais sans cesse, les Soviétiques lancent des troupes fraîches à l'assaut des lignes allemandes.

Histoire de soulager leur allié soviétique, par ailleurs abondamment pourvu en matériel et munitions, les Anglo-saxons débarquent en Sicile le 10 juillet.

Le 12 juillet, les Allemands tentent de relancer l'offensive sur Koursk, par le nord sous les ordres des généraux von Kluge et Model, par le sud sous les ordres du maréchal von Manstein et du général Hoth. Mais, alarmé par les nouvelles d'Italie, Hitler annonce dès le lendemain à ses généraux l'arrêt de « Citadelle » et l'envoi de troupes en Italie du sud.

La défaite inéluctable

La Wehrmacht a perdu dans la bataille de Koursk un demi-million d'hommes tués ou blessés (mais l'Armée rouge beaucoup plus). Elle a surtout perdu le tiers de ses blindés et laissé passer la dernière chance d'arrêter le « rouleau-compresseur » soviétique.

La défaite de l'Allemagne n'est plus dès lors que l'affaire d'un ou deux ans. Les débarquements anglo-saxons en Sicile, en Normandie et en Provence accéléreront l'échéance. Sans plus.

Publié ou mis à jour le : 2023-06-28 11:44:01

Voir les 11 commentaires sur cet article

jmmca (17-07-2023 11:44:13)

Sans les Américains c'est bien l'allemand que nous aurions parlé, car avant les débarquements s'il n'y avait pas eu le soutien matériel aux Soviétiques 2 ans auparavant, est-on sûr que les SoviÃ... Lire la suite

Michel J. (08-07-2023 18:14:38)

Il me semble très pertinent en effet de ne pas oublier les apports déterminants du déchiffrage "d’Enigma" qui a permis à Joukov d’attendre l’ennemi et aussi les fournitures très importantes... Lire la suite

Jmk011 (06-07-2023 09:05:03)

@enrike
Peut-être, mais sans les Russes ce serait bien l’allemand que nous devrions parler aujourd’hui.

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