26 octobre 1440

Exécution de Gilles de Rais

Ancien compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, Gilles de Rais (ou de Retz) est pendu et brûlé le 26 octobre 1440 pour avoir violé et tué d'atroce façon des centaines d'enfants. Sa vie tumultueuse, ses crimes et sa mort vont inspirer deux siècles plus tard la légende de « Barbe-bleue ».

Charles Perrault, un écrivain du temps de Louis XIV, raconte ainsi dans son célèbre recueil des Contes de ma mère l'Oye l'histoire d'un féroce seigneur qui tuait ses épouses successives. Mais Gilles de Rais, le véritable Barbe-bleue, préférait quant à lui les garçonnets !

Ce riche et puissant seigneur, né vers 1404 dans l'une des plus grandes familles de Bretagne, accompagna Jeanne d'Arc dans la guerre contre les Anglais. Au sacre de Charles VII à Reims, il figurait à la gauche du roi, Jeanne étant à sa droite. Le soir du sacre, il fut nommé maréchal de France.

Disgrâcié après l'échec du siège de Paris et affecté par la mort de sa femme, Gilles de Rais se retire sur ses terres de Machecoul et Tiffauges, dans la région de Nantes, où il dilapide la fortune héritée de sa femme.

Assouvissant ses pulsions sado-pédérastiques, il commet alors des meurtres horribles sur au moins 140 garçonnets de sa région, peut-être beaucoup plus, les violant avant de les torturer, les égorger ou les dépecer de ses propres mains.

Ses méfaits allaient perdurer pendant une dizaine d'années, les pauvres habitants de sa région n'osant pas faire part de leur suspicion à l'encontre du puissant sire de Tiffauges et de ses hommes de main, chargés d'enlever les enfants. Gilles de Rais, d'ailleurs, ne manquait pas d'afficher une piété ostentoire et sans doute sincère, se répandant en messes, processions et oraisons, tout cela entremêlé de magie noire et de délires alchimiques.

Confondu suite à la plainte de certains débiteurs, le maréchal de France Gilles de Rais est arrêté le 15 septembre 1440 dans son château de Machecoul par les hommes du duc de Bretagne Jean V. Il est déféré devant la haute cour de Bretagne, à Nantes.

Il nie d'abord ses crimes puis s'effrondre sous le poids des témoignages de pauvres paysans venus déplorer l'enlèvement de leurs enfants et des indices matériels. Les enquêteurs retrouvent ainsi quantité d'ossements calcinés dans les citernes et les douves de ses châteaux et manoirs, à Champtocé, Rais, Tiffauges, Machecoul etc.

Exécution de Gilles de Rais, gibet et bûcher, vers 1530, Paris, BnF. Deux angelots déploient une banderole figurant les armes de Jean Bouhier, président à mortier au parlement de Dijon. Agrandissement : L'Enfer, enluminure ornant Les Très Riches Heures du duc de Berry, Chantilly, XVe siècle, musée Condé. Le seigneur confesse alors ses crimes avec force détails en donnant pour motif ses mauvaises lectures : « Cette idée diabolique me vint il y a huit ans, année où mourut le sire de Suze, mon parent. Me trouvant alors par hasard dans la bibliothèque de son château, je trouvai un livre latin sur la vie et les mœurs des empereurs romains, écrit par le savant historien Suétone. Cedit livre était orné de gravures fort bien peintes, montrant les coutumes de ces princes païens. Je lus dans ce beau livre d'histoire que Tibère, Caligula et autres Césars, jouaient avec des enfants et prenaient un plaisir singulier à les martyriser. Là-dessus, je décidai d'imiter lesdits Césars, et le même soir, je commençai à le faire en suivant les images reproduites dans le livre... » (note).

Gilles de Rais est condamné au bûcher et exécuté dès le lendemain avec deux complices, après avoir manifesté un spectaculaire repentir. Émues par ce repentir, des dames de son lignage recueilleront pieusement ses cendres et un monument expiatoire sera érigé sur le lieu de son supplice !

Par considération pour son statut et ses hauts faits d'armes, on prit soin de l'étrangler avant de le livrer aux flammes. Cette opération se faisait ordinairement dans la discrétion et n'enlevait rien à l'intérêt du spectacle. L'assistance « n'y voyait que du feu » (c'est l'origine de l'expression). Notons que Jeanne d'Arc n'eut pas droit à semblables égards et fut quant à elle « brûlée vive » dans les plus grandes souffrances.

Alban Dignat
Publié ou mis à jour le : 2023-10-23 19:12:33
Jean MUNIER (27-10-2023 16:14:35)

bonjour, je serais moins catégorique , la famille de la personne condamnée soudoyait le bourreau afin qu'elle ne souffre pas. Un aide du bourreau ajoutait de la paille ou des fagots humides, ce qui ... Lire la suite

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