7 novembre 63 av. J.-C.

Cicéron dénonce Catilina

Le 7 novembre de l'an 63 avant notre ère, Cicéron (Marcus Tullius Cicero) convoque le Sénat dans le temple de Jupiter Capitolin. En sa qualité de consul du peuple romain, il veut dénoncer solennellement les menées d'une bande de stipendiés à la solde de son adversaire politique, le dénommé Catilina.

Ancien agent du dictateur Sylla, celui-ci a déjà tenté de renverser les institutions républicaines en se servant du parti populaire et s'apprête à récidiver.

Un génie de l'art oratoire

Cicéron est l'un des rares sénateurs issus de l'ordre équestre (dico) et non d'une famille patricienne. Il est ce qu'on appelle un « homme nouveau ».

À 43 ans, il s'est déjà acquis dans le milieu politique romain une réputation de fervent républicain en dénonçant les prévarications de Verrès, propréteur de Sicile, dont la vénalité avait dépassé les bornes. Trois ans plus tôt, il a aussi plaidé pour que Pompée obtienne des pouvoirs exceptionnels en vue de combattre en Orient Mithridate, roi du Pont.

Quand Cicéron prend une nouvelle fois la parole devant le Sénat, Catilina n'hésite pas à s'asseoir au premier rang de l'auditoire, ce qui offre à l'orateur l'occasion de le prendre à partie dès les premiers mots sans autre préambule :
« – Mais enfin jusqu'où, Catilina, prétends-tu abuser de notre patience ?
– Jusques à quand auras-tu l'insolence de nous narguer ?
– Jusqu'à quelle extrémité l'audace effrénée dont tu fais preuve va-t-elle t'entraîner ? »

Le consul dénonce en termes explicites les détails de la conjuration et la menace qu'elle fait peser sur la sécurité de l'État. L'inaction du Sénat le désole et il lance cette formule qui fera date : « O tempora, o mores » (« Quelle époque ! Quelles mœurs ! »)

Il fait une telle impression sur les sénateurs que Catilina ne peut rétorquer. Il ne trouve rien de mieux à faire que de s'enfuir et de susciter une rébellion armée.

Antonius, collègue de Cicéron, rassemble une armée et en vient à bout au cours de l'année suivante. Catilina perd la vie au combat et ses complices sont exécutés.

Cicéron poursuit son enquête et en expose les résultats dans quatre fameux discours, les Catilinaires. Le mot catilinaire est devenu nom commun au XIXe siècle pour désigner une harangue violente.

L'orateur refuse toute gratification pour sa conduite mais le Sénat lui témoigne néanmoins sa reconnaissance en lui décernant le titre de Pater patriæ (Père de la patrie). Cicéron apparaît désormais comme l'un des chefs du parti des optimates, qui regroupe les partisans de l'ordre traditionnel et s'oppose au parti des popolares ou parti populaire.

Un honnête homme

En 60, quand César, Crassus et Pompée forment une association de circonstance qu'on appellera plus tard le premier triumvirat, Cicéron dénonce les menaces qui pèsent sur les institutions républicaines.

En 58, Clodius est élu tribun de la plèbe. Comme il en veut à Cicéron de l'avoir dénoncé dans l'affaire de la Bonne Déesse, il se venge en l'accusant d'avoir poursuivi Catilina sans mandat et l'envoie en exil. Mais l'opinion publique se retourne en sa faveur et, l'année suivante, les Romains accueillent le sénateur en héros.

En 52, Milon est accusé du meurtre de Clodius et Cicéron rédige un discours pour sa défense : Pro Milone - Mais il n'aura pas le courage de le prononcer.

Lors de la rupture entre César et Pompée, Cicéron fait le mauvais choix en se ralliant au second. Mais César, sensible à ses qualités et à son entregent, ne lui en garde pas rancune. L'orateur se retire alors de la vie publique et se consacre à ses travaux littéraires et philosophiques.

Après l'assassinat de César, il croit possible la restauration de la République et prend le parti du jeune Octave. Il tente de le manipuler, contre Marc-Antoine et écrit quatorze discours contre ce dernier, qu'il dénomme Philippiques par allusion aux discours de l'orateur athénien Démosthène contre Philippe II de Macédoine.

Mais les deux candidats à la succession de César se réconcilient dans son dos et Marc-Antoine inscrit Cicéron sur la liste des proscrits.

L'infortuné Cicéron est rejoint à Gaète par une troupe de spadassins et meurt courageusement le 7 décembre 43 av. J.-C. L'historien Plutarque raconte : « Il tendit le cou à l'assassin hors de la litière. Il était âgé de soixante-quatre ans. Suivant l'ordre d'Antoine, on lui coupa la tête et les mains, ces mains avec lesquelles il avait écrit Les Philippiques ».

Il nous reste de lui ses discours, autant de chefs-d'oeuvre de l'art oratoire et de la littérature latine.

Gabriel Vital-Durand
Publié ou mis à jour le : 2021-05-28 13:52:41
BONHOURE (08-11-2020 14:22:58)

1942! Souvenir des "Catllinaires"/
"Quo usque tandem Catilina abutere patientia nostra"

Diogènes (08-11-2014 12:59:38)

Voilà une leçon que nous ne cessons pas de Ne Pas tirer de l'Histoire....Ce qui est la vraie leçon de l'Histoire.... Hallucinante compulsion de répétition de l'Humanité Pensante victime de sa n... Lire la suite

ygrecque (11-11-2012 12:59:29)

Très intéressant, je viens d'apprendre que les Philippiques n'appartiennent pas seulement à Démosthène mais aussi à Cicéron et les philippiques à tout le monde.Mais peut-être Cicéron ne m... Lire la suite

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