6 septembre 1914

La contre-offensive de la Marne

Le 6 septembre 1914, après avoir été sur le point de succomber face à l'offensive allemande, les troupes françaises lancent une contre-attaque de la dernière chance sur la Marne, aux portes de Paris. La guerre, en passe de se terminer en quelques semaines sur un effondrement de la France, allait perdurer pendant plus de quatre ans. La France allait en sortir victorieuse mais épuisée...

André Larané
Les fantassins arrivent en taxi sur le champ de bataille (contre-offensive de la Marne, septembre 1914)

Un désastre imminent

Défait dans la « bataille des frontières » (14-24 août) faute d'avoir su anticiper les intentions ennemies, le commandant en chef des armées du nord et du nord-est, Joseph Joffre (62 ans) organise toutefois une retraite générale en bon ordre...

Et déjà la propagande se met en branle pour atténuer l'impact du drame sur les esprits, avec, le 28 août, un communiqué du grand quartier général signé de Joffre qui énonce : « la situation de la Somme aux Vosges est restée ce qu'elle était hier », une façon de révéler sans le dire que l'ennemi avait franchi la frontière !

Le 30 août, Paris connaît le premier bombardement aérien de l'Histoire : un modeste monoplan allemand survole la ville et largue une banderole avec la mention : « Parisiens, rendez-vous, les Allemands sont à vos portes » ainsi que quelques bombes qui ont fait deux morts !

Les Français voient se profiler le spectre d'une nouvelle défaite comme en 1870.

Joseph Maunoury, Maréchal de France à titre posthume ( 17 décembre 1847, Maintenon ; 28 mars 1923, Artenay)Les civils du nord de la France suivent les troupes sur les routes de l'exode. Cinq cent mille Parisiens les imitent et quittent la capitale, qui ne compte plus que 1,8 million d'habitants.

Le gouvernement lui-même donne le mauvais exemple en partant pour Bordeaux le 3 septembre et en laissant les clés de la capitale au général Joseph Gallieni (65 ans), gouverneur militaire.

Celui-ci rassemble toutes les troupes disponibles et constitue hâtivement une sixième armée, sous le commandement du général Maunoury, pour assurer la défense de Paris. Les Allemands sont à ce moment-là à Chelles, à 30 kilomètres au nord-est.

Le péché d'orgueil allemand

Alors survient la faute. Les Allemands, sûrs de leur victoire, retirent deux divisions pour les envoyer vers le front russe où se livre la bataille de Tannenberg. Du coup, le général Alexander von Kluck, qui commande la Ière armée allemande, à l'extrémité de l'aile droite, renonce à contourner Paris par l'ouest et encercler la capitale. Il infléchit sa marche vers la Marne et l'Ourcq, au sud-est. Erreur fatale. En présentant son flanc à l'ennemi, l'armée allemande se met en position de faiblesse.

Le 31 août, un officier de cavalerie français, le capitaine Lepic, constate au cours d'une reconnaissance au nord-ouest de Compiègne, que l'avant-garde de von Kluck a infléchi sa marche vers Meaux, à l'est de Paris. Le 2 septembre 1914, emmenant le lieutenant André Watteau à bord d'un avion de sa conception, le caporal Louis Breguet confirme l'information. Les officiers d'état-major de Joffre refusent néanmoins de les croire et s'en tiennent à ce qu'ils savent des ordres de von Moltke à von Kluck. Ils rejettent de la même façon, le 3 septembre, le rapport du capitaine Bellenger, qui dirige l'aviation de la VI ème armée française de Maunoury. Bellenger décide alors de court-circuiter la voie hiérarchique. Il s'adresse directement au QG du général Gallieni qui dirige la défense de Paris et informe les officiers de liaison de Gallieni et du général britannique French.

Le coup d'oeil de Gallieni

Gallieni prend aussitôt l'information au sérieux et y voit l'opportunité d'une contre-offensive de la dernière chance. Il convainc Joffre de lancer sur le flanc ennemi une contre-attaque avec la VIe armée de Maunoury, à peine formée.

L'invasion est stoppée net par cette contre-offensive de la Marne, du 6 au 9 septembre, avec des pertes énormes des deux côtés et au prix d'un effort surhumain de la part des fantassins français, épuisés par la retraite. Les Français, soulagés, échappent à une défaite sans rémission.

Les Ière et IIe armées allemandes de von Kluck et von Bülow battent à leur tour en retraite vers l'Aisne, où elles vont s'enterrer dans de solides tranchées pour ne plus reculer. Les Français, faute de pouvoir les déloger, font de même.

Les troupes allemandes et françaises tentent de se déborder l'une l'autre par l'ouest. C'est la « course à la mer ». Mais personne n'arrive à percer le front. Le front franco-allemand se stabilise dans la boue, de la mer du nord aux Vosges, sur 750 km.

On ne sait pas encore que cette situation va durer quatre longues et terribles années !... Notons qu'un morceau de la Belgique reste hors de portée des Allemands grâce à la résistance héroïque des Belges sur le front de l'Yser (16-31 octobre), sous le commandement du « roi-chevalier » Albert Ier.

Charge à la baïonnette des fantassins français (septembre 1914)

Le mythe des « taxis de la Marne »

La chronique retient la réquisition des taxis parisiens sur ordre de Gallieni, le 6 septembre 1914, afin de suppléer au manque de trains.

En l'espace d'une nuit, 630 taxis partis de l’esplanade des Invalides acheminent à une vitesse moyenne de 25 km/h trois mille soldats des 103e et 104e R.I. jusqu’à Silly-le-Long et Nanteuil-le-Haudouin, à une centaine de kilomètres de Paris.

Les chauffeurs seront très correctement rémunérés par l'administration pour leur disponibilité. Magnifiée par la presse, cette opération somme toute très anecdotique va symboliser aux yeux des Français l'engagement de la Nation aux côtés de ses soldats.

Publié ou mis à jour le : 2022-05-11 08:07:30
thierry.godet (19-01-2014 19:11:23)

Il faut préciser que si la bataille de la Marne a été rendue possible c'est grâce à la résistance des troupes belges et françaises sur le sol belge durant le mois d'août 14. Au point que le 23... Lire la suite

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