27 août 1830

Le crime mystérieux de Saint-Leu

Le 27 août 1830, au matin, stupeur au château de Saint-Leu, coquet manoir du Val d'Oise, au pied de la forêt de Montmorency ! Un valet découvre le propriétaire dans sa chambre, pendu à l'espagnolette de la fenêtre, les pieds touchant le sol.

Le vieil homme (74 ans) n'est autre que Monseigneur Henri Joseph de Bourbon-Condé, le père du malheureux duc d'Enghien, celui-là même qui fut fusillé à Vincennes sur ordre du Premier Consul Bonaparte. C'est l'une des plus grandes fortunes du royaume. C'est aussi un proche parent du roi Louis-Philippe Ier, porté sur le trône un mois plus tôt, à la faveur des Trois Glorieuses, comme du roi précédent, Charles X.

Alban Dignat

La caméra explore le temps : L'enigme de Saint-Leu (ORTF 1961),   source : INA

Crime ou suicide ?

Le baron Pasquier en personne, président de la Chambre des pairs, se rend sans attendre à Saint-Leu pour dresser l'acte de décès. Il s'interroge très vite sur la nature de la mort...

La police écarte assez vite la thèse du suicide, contredite par les témoignages et les indices matériels. Le confesseur du duc l'exclut aussi, assurant que « le prince est innocent de sa mort devant Dieu ». Reste l'éventualité d'un crime, crime d'un rôdeur ou crime d'un proche... L'affaire fait jaser à la cour et dans les milieux informés.

La suspicion plane sur la maîtresse anglaise de la victime, la baronne de Feuchères, née Sophie Dawes (40 ans). Le prince de Condé l'avait rencontrée vingt ans plus tôt lors de son exil à Londres et s'était consolé auprès d'elle de ses malheurs, dont la perte de son fils unique.

Il la marie à un militaire naïf pour lequel il obtient le titre de baron. Quand le mari découvre la nature véritable des relations entre sa femme et le prince, il la quitte et celle-ci se voit - suprême déshonneur - interdite de paraître à la cour. Faute de mieux, elle s'établit avec son amant au château de Saint-Leu.

Désireuse malgré tout de retrouver sa place à la cour des Tuileries, elle obtient le concours du vieux Talleyrand

En contrepartie de son aide, elle lui promet le pardon du prince qui reproche à l'intrigant d'avoir trempé dans le meurtre de son fils. Elle fait par ailleurs une proposition séduisante au duc d'Orléans, qui n'est pas encore devenu Louis-Philippe Ier : le prince de Condé pourrait léguer son immense fortune au duc d'Aumale, son fils cadet ; elle-même se réservant 2 millions et quelques jolis domaines dont celui de Saint-Leu.

L'affaire est conclue en août 1829, grâce à l'entremise de Talleyrand, et dès le début de l'année suivante, Sophie Dawes est autorisée à se représenter aux Tuileries... Quelques mois plus tard, Charles X s'enfuit et le duc d'Orléans monte sur le trône.

Accident ou préméditation ?

Sur la base de ces faits, l'historien Pierre Cornut-Gentille suppose que la baronne aurait craint que le prince, sympathisant du roi déchu, ne refasse son testament. Craignant d'être déshéritée de même que le duc d'Aumale, elle l'aurait précipitamment étranglé.

Mais la plupart des autres historiens qui se sont penchés sur l'affaire avancent l'idée d'une stimulation sexuelle par strangulation qui aurait mal tourné.

Prise de panique et craignant qu'on ne découvre la nature de ses jeux avec le vieil homme, la baronne aurait maladroitement simulé un suicide.

C'est en définitive au duc d'Aumale qu'ira toute la fortune d'Henri Joseph de Bourbon-Condé et en particulier le château de Chantilly, aujourd'hui propriété de l'Institut de France (l'Académie française).

Publié ou mis à jour le : 2022-08-26 17:00:24
Emile (28-08-2022 19:42:20)

Le suicide a l’espagnolette serait donc une spécialité Amglaise ! Meme mystere en 1951 a Grenoble ou Conrad Killian 180 cm est retrouvé pendu les veines tailladées a une espagnolette de 150 cm !... Lire la suite

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