17 février 1600

Fin tragique de Giordano Bruno

Le 17 février 1600, le philosophe Giordano Bruno est brûlé vif à Rome, sur le Campo dei Fiori, après avoir passé huit ans dans les geôles de l'Inquisition. Avant de le faire mourir, ses bourreaux ont soin de lui arracher la langue pour l'empêcher de proférer des « paroles affreuses ».

La condamnation du philosophe comme hérétique, sur ordre du pape Clément VIII, met un terme à une vie de pérégrinations, de disputes et de tourments.

Fabienne Manière
Un libre penseur

Né en 1548 à Nola, près de Naples, Giordano Bruno entre chez les Dominicains puis s'initie à Genève à la doctrine de Jean Calvin. Il enseigne ensuite la théologie à Toulouse puis à Paris.

Statue en bronze de Giordano Bruno par Ettore Ferrari, 1889, Campo dei Fiori, Rome.Doué d'une mémoire prodigieuse qui lui permet, dit-on, de réciter 7000 passages de la Bible ou encore 1000 poèmes d'Ovide, le philosophe est volontiers reçu chez les princes d'Europe où il donne libre cours à son penchant pour la libre discussion.

Sensible aux découvertes de l'astronome Nicolas Copernic, publiées en 1543, Giordano Bruno imagine un univers infini dont Dieu serait l'âme. Il conçoit une pluralité de mondes analogues au nôtre dans un univers qui n'aurait pas été créé mais aurait existé de toute éternité. Cette philosophie panthéiste inspirera Spinoza au siècle suivant... En attendant, elle s'oppose de front à la théologie chrétienne.

Giordano Bruno publie ses idées en 1584, en italien et en latin, dans un ouvrage intitulé : De l'infini, de l'univers et des mondes. En 1585, il publie aussi à Londres un ouvrage philosophique sous forme de dialogues : Des fureurs héroïques (Degli eroici furori). On y décèle un aphorisme devenu célèbre : « se non è vero, è molto ben trovato » (« Si ce n'est pas vrai, c'est en tout cas bien trouvé »).

Mais le philosophe ne se contente pas de mal penser et mal écrire. D'une humeur combative et enclin à la dispute, il se met à dos la plupart des théologiens et des penseurs de son temps.

Le mauvais côté de la Renaissance

La condamnation de Giordano Bruno est représentative de l'intolérance et des excès idéologiques, dans le camp catholique comme dans le camp réformé, à l'époque des guerres de religion et à la fin de la Renaissance.

En 1553, le médecin Michel Servet a subi le même sort que Giordano Bruno, à Genève, à l'initiative de Calvin. En 1633, Galilée est déféré devant l'Inquisition comme Giordano Bruno mais il se rétracte et échappe ainsi au bûcher.

Hommage de l'auteur

En France, avant la Première Guerre mondiale, le livre de lecture le plus lu et le plus célèbre de l'école laïque est intitulé : Le tour de la France par deux enfants. Il est signé par ses auteurs du pseudonyme G. Bruno. C'est un hommage discret au philosophe, victime de l'intolérance religieuse !

Publié ou mis à jour le : 2024-02-11 17:30:53

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