12 janvier 1870

Funérailles tumultueuses de Victor Noir

Le 12 janvier 1870, les funérailles d'Yvan Salmon, dit Victor Noir, sont suivies par 100 000 personnes et donnent lieu à de violentes manifestations d'hostilité au régime impérial de Napoléon III.

André Larané

Funérailles de Victor Noir (estampe de Jacques Desroches-Valnay, 1870)

La presse s'enflamme

La presse parisienne prend immédiatement fait et cause pour le jeune Victor Noir, comme le montre ici le récit de son meurtre par le prince Pierre Bonaparte, dans Le Rappel du 12 janvier 1870.

Offense chèrement payée

Victor Noir, à peine âgé de 22 ans, était journaliste à La Marseillaise, une feuille révolutionnaire et violemment anti-bonapartiste. Elle avait été fondée quelques mois plus tôt par le polémiste et député d'extrême-gauche Henri Rochefort, de son vrai nom Victor Henri de Rochefort-Luçay.

Le prince Pierre Bonaparte, fils de Lucien Bonaparte, neveu de Napoléon Ier et cousin de Napoléon III, s'estime diffamé par un article de La Marseillaise. Il provoque en duel son rédacteur en chef, Pascal Grousset. Ce dernier envoie Victor Noir et un ami au domicile du prince, 59 rue d'Auteuil, en vue d'organiser le duel.

L'entrevue se passe mal. Victor Noir, semble-t-il, lève sa canne sur le prince et celui-ci, se saisissant d'un pistolet, fait feu sur le jeune homme et le tue net.

Pierre Bonaparte (55 ans) a combattu dans le monde entier aux côtés des libéraux, dans les Romagnes, en Colombie et même en Égypte aux côtés de Méhémet Ali.

Il a été élu député d'extrême-gauche sous la Seconde République et depuis le début du Second Empire, il se tient en retrait de la cour.

Il est connu pour son tempérament très violent (il a tué un homme en Italie). Il sera néanmoins acquitté par la Haute Cour de justice le 21 mars 1870.

En attendant, les autorités ont pris la précaution d'organiser l'enterrement de sa victime dans le cimetière de Neuilly, au cœur des quartiers bourgeois de la capitale. En dépit de cela, l'émotion de la foule débouche sur de violentes manifestations hostiles à l'Empire et à Napoléon III. Devant le domicile de la victime, des manifestants réclament à cors et à cris : « À Paris, à Paris ! Il nous appartient, c’est un enfant du peuple, nous l’emmènerons au Père-Lachaise ». Mais Victor Noir n'en sera pas moins inhumé à Neuilly...

C'est le début d'une agitation politique qui ne cessera pas jusqu'à la chute de Napoléon III, quelques mois plus tard, malgré la démocratisation du régime et l'arrivée au gouvernement du libéral Émile Ollivier.

Henri Rochefort, dans La Marseillaise, ose écrire : « J'ai eu la faiblesse de croire qu'un Bonaparte pouvait être autre chose qu'un assassin ».

Une tombe courue

Peu après l'instauration de la IIIe République, la dépouille de Victor Noir a été transférée au cimetière du Père Lachaise, à l'Est de la capitale. Sa tombe jouit depuis cette date d'une popularité qui ne se dément pas.

Aujourd'hui encore, des jeunes filles et des femmes en mal d'amour ou d'enfant viennent, par superstition, effleurer une certaine protubérance du gisant sculpté par Amédée-Jules Dalou (ce qui explique l'usure du bronze à cet endroit). Celles qui ont vu leurs voeux exaucés ne manquent pas de fleurir la tombe du malheureux et séduisant journaliste.

Publié ou mis à jour le : 2020-01-09 15:28:15
DURANDE (24-06-2007 00:22:54)

Bon article, certainement, à propos d'un épisode assez mal connu du règne de Napoléon III. Dommage que rien ne soit dit à propos de la vie ultérieure de Pierre Bonaparte jusqu'à la date (?) d... Lire la suite

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