8 septembre 70

Destruction du Temple de Jérusalem

Jérusalem, capitale de l'ancien royaume de Judée, est mise à sac par l'armée romaine le 8 septembre de l'an 70, après un siège atroce de deux ans. Le Temple, haut lieu de la religion juive, construit mille ans plus tôt par Salomon, détruit par Nabuchodonor et reconstruit par Hérode, est une seconde fois détruit... 

Nicolas Poussin, La Destruction du temple de Jérusalem, 1626, Jérusalem, musée d'Israël. Agrandissement : Francesco Hayez, La destruction du temple de Jérusalem, 1867, Venise, Galeries de l'Académie.

Un roi cruel

Profitant des divisions entre les juifs, le général romain Pompée a conquis la Samarie et la Judée en 63 av. J.-C. Un protégé des Romains, Hérode, en profite pour liquider la dynastie des Asmonéens et devenir roi de Judée (ou pays des Juifs) en l'an 37 av. J.-C.

De cet homme célèbre pour sa cruauté et son absence de scrupules, l'empereur romain Auguste aurait dit : « Mieux vaut être le porc d'Hérode que son fils »... De fait, Hérode a lui-même tué certains de ses enfants mais, pratiquant la religion juive, il ne lui est jamais arrivé de consommer du porc (notons le jeu de mots sur fils [uios en grec, la langue d'usage d'Auguste] et porc [uos]) !

C'est à la fin du règne d'Hérode le Grand que naît Jésus-Christ à Bethléem, au sud de Jérusalem.

À la veille de sa mort, en l'an 4 av. J.-C., le roi de Judée partage son royaume entre trois de ses fils. Mais sa dynastie s'arrête dix ans plus tard, lorsqu'en l'an 6 de notre ère, l'empereur Auguste transforme la Judée en une province romaine gouvernée par un simple procurateur.

Première guerre juive

Même s'ils sont décontenancés par les croyances monothéistes des habitants, les Romains laissent ceux-ci libres de s'organiser comme ils l'entendent sous l'autorité de leur Tribunal religieux, le Sanhédrin. Mais les Juifs ne manquent pas de se quereller et de se diviser sur la conduite à tenir vis-à-vis de l'occupant.

Les grands prêtres et le parti des Pharisiens s'accommodent de l'occupation étrangère tandis que dans les milieux populaires, la secte des Zélotes appelle à la résistance et veut hâter la réalisation des promesses divines.

Les Zélotes déclenchent une violente révolte en août 66. Ils massacrent les grands prêtres et s'emparent de Jérusalem. Mais les Romains, sous la direction du général Vespasien, mènent la reconquête avec détermination.

Vespasien étant devenu empereur, c'est à son fils Titus qu'il revient d'achever le siège de Jérusalem. Il ne s'agit pas d'une mince affaire car la population de la ville s'élève déjà à cette époque à environ 80 000 habitants. Titus n'a pas d'animosité particulière à l'égard des habitants de la ville, d'autant que sa maîtresse, Bérénice, n'est autre que la petite-fille d'Hérode. Le général en chef de ses armées, Tiberius Julius Alexander, neveu du philosophe Philon d'Alexandrie, est également juif.

Les habitants sont déportés comme esclaves cependant que le Temple est complètement détruit (à l'exception d'une partie de l'esplanade et d'un pan du mur d'enceinte, le Mur Ouest, futur « Mur des Lamentations »).

Le vainqueur, Titus, rentre à Rome où il reçoit un magnifique triomphe. Un arc est bâti en souvenir de ce triomphe à l'entrée des forums romains.

Ses bas-reliefs relatent les exploits des Romains en Judée et notamment le pillage des trésors du Temple, en particulier un fameux chandelier sacré à sept branches, la Ménorah (ce chandelier a disparu en 455, suite au pillage de Rome par les Vandales de Genséric).

La destruction de Jérusalem et du Temple ne met cependant pas fin à la première guerre juive. Au-dessus de la Mer Morte, la forteresse de Massada résiste encore trois ans sous la direction d'un chef zélote, Éleazar.

L'apaisement vient avec l'empereur Nerva (96-98) qui supprime la taxation spécifique imposée aux insurgés par Vespasien (fiscus judaicus). 

Deuxième guerre juive

En Judée même, le sentiment national n'est pas mort avec la prise de Massada.

Deux générations plus tard, l'empereur Hadrien est lui-même irrité par la vigueur du particularisme juif. Il décide de le combattre par une campagne d'hellénisation : la circoncision est prohibée (mais cette mesure se révèle inapplicable) et Jérusalem rebaptisée « Colonia Ælia Capitolina ». Un temple dédié à Jupiter Capitolinus aurait même été édifié sur les ruines du précédent mais on n'en a retrouvé aucune trace.

La Judée elle-même perd son nom. Elle est intégrée à la province de Palestine, ainsi nommée en souvenir des anciens habitants du littoral, les Philistins.

Mais un jeune exalté du nom de Bar Kochba (« Fils de l'étoile ») prend la tête d'une nouvelle révolte et s'empare de Jérusalem. Il malmène la légion égyptienne XXII Deiotariana chargée de faire régner l'ordre.

Hadrien se rend sur les lieux et appelle la Xe légion bretonne, sous le commandement du général Gaius Julius Severus, pour mater la rébellion. La campagne militaire dure trois ans, de 133 à 135, et entraîne, dit-on, la mort de plusieurs centaines de milliers de Juifs. À son terme, la Judée est durablement ruinée et les Juifs ont, qui plus est, l'interdiction de se réinstaller dans la ville de Colonia Ælia Capitolina, l'ancienne Jérusalem.

Fabienne Manière
Publié ou mis à jour le : 2023-12-21 14:14:18

Voir les 7 commentaires sur cet article

François O (08-09-2023 01:39:46)

Salomon n'est pas une personne historique mais mythologique ou religieuse.

Roland Berger (06-09-2023 12:56:15)

L'après Hadrien, un temps rêvé pour l'expansion du christianisme.

Vincent (11-09-2022 12:58:28)

Plusieurs centaines de milliers de Juifs mort entre 133 et 135, ça fait combien de Juifs morts par jour ça ? Le nombre me paraît surprenant!

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