29 novembre 1850

La reculade d'Olmütz

Le 29 novembre 1850, à Olmütz, sous la pression de l'empire d'Autriche, la Prusse renonce provisoirement à fédérer autour d'elle l'Allemagne. Elle y arrivera vingt ans plus tard au prix de trois guerres contre le Danemark, l'Autriche et la France...

Deux souverains pour un empire

Deux ans plus tôt, à la faveur des révolutions de 1848, les représentants du peuple allemand, élus au suffrage universel, s'étaient réunis en Assemblée nationale le 18 mai 1848 à l'église Saint-Paul de Francfort et avaient décidé de restaurer sous une forme constitutionnelle l'empire dissous en 1806 (le Ier Reich).

Ils constituent un gouvernement fédéral provisoire confié à un archiduc autrichien de tendance libérale puis publient une déclaration des « droits fondamentaux » d'inspiration également libérale. En janvier 1849, ils se prononcent pour le maintien des États existants et la constitution, au-dessus d'eux, d'un Empire fédéral avec un souverain et un Parlement élu.

Frédéric-Guillaume IV (portrait par Franz Kruger, Berlin)Très vite s'opposent les partisans d'une Grande Allemagne, qui inclurait dans ses frontières l'empire d'Autriche et ses importantes minorités allogènes ou non-allemandes), aux partisans d'une Petite Allemagne d'où serait exclue l'Autriche. Sur les 568 membres de l'Assemblée, une courte majorité se prononce en faveur de la deuxième solution et propose le 28 mars 1849 la couronne impériale au roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV (53 ans).

Mais celui-ci ne veut pas d'une « couronne ramassée dans le ruisseau ». De son côté, le nouvel empereur d'Autriche, le jeune François-Joseph Ier, proteste par la voix de son chancelier, l'énergique prince Félix de Schwarzenberg, contre cette entorse à la traditionnelle hégémonie de Vienne.

Toute l'oeuvre du Parlement de Francfort s'écroule d'un coup. Quelques députés républicains, qui en appellent maladroitement aux armes, sont dispersés par la force. 

Une fois les esprits apaisés, Frédéric-Guillaume IV choisit de solliciter les princes allemands. Un Parlement  est convoqué à Erfurt. S'y retrouvent surtout les petits États de l'Allemagne du Nord. L'Autriche, coupable d'être pluriethnique, n'est en effet pas invitée à en faire partie.La Bavière et le Wurtemberg se signalent par leur absence. La Saxe et le Hanovre se retirent peu après pour ne pas déplaire à l'Autriche. 

Limité à une Union restreinte, le Parlement n'en présente pas moins, le 26 mai 1849, un projet de Constitution fédérale.

Encouragé par son ministre Radowitz, le roi Frédéric-Guillaume IV se propose naturellement de devenir le monarque de la nouvelle entité. Mais l'initiative déplaît à l'empereur d'Autriche, furieux d'être évincé.

Le roi de Prusse n'ose pas risquer une épreuve de force. Il se sépare de Radowitz et appelle à la tête du gouvernement le baron von Manteuffel. Ce dernier rencontre son homologue autrichien Schwarzenberg à Olmütz, en Moravie (dans l'actuelle République tchèque). Le chancelier Schwarzenberg menace Berlin d'une guerre. On lui prête ce mot : « D'abord avilir la Prusse, puis la démolir ».

Le Prussien renonce au projet d'Union restreinte et accepte le rétablissement de la Confédération germanique, une entité sans pouvoirs créée en 1815 et dominée par l'Autriche. Avec une autorité très affaiblie et souffrant de troubles mentaux croissants, le roi de Prusse va tomber à la merci de tous les intrigants de son entourage, la Camarilla...

La reculade d'Olmütz convainc les nationalistes allemands qu'il n'y aura pas de fédération allemande sans une guerre préalable contre l'Autriche. C'est la voie dans laquelle s'engagera Otto von Bismarck, dès sa nomination à la tête du gouvernement prussien, en 1862. 

Publié ou mis à jour le : 2022-11-30 23:11:35

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