20 avril 1493

Christophe Colomb triomphe et... perd

Le 20 avril 1493, Christophe Colomb se présente devant les Rois d'Espagne, Ferdinand et Isabelle, aux portes de Barcelone.

Auréolé par le succès de son expédition transatlantique, le navigateur génois se met humblement à genoux devant eux et les Rois, dans un geste sublime, tombent également à genoux. Tous les trois entonnent alors un Te Deum d'actions de grâces, remerciant Dieu pour le succès de l'expédition.

Jean-Michel Urvoy, Real Sociedad Colombina Onubense (Espagne)

Portrait de Christophe Colomb (1828, Rafael Tejedo, musée naval de Madrid)Cette scène atteste que les cercles dirigeants, en Espagne et en Europe, ont immédiatement pris conscience de l'importance de l'événement et de ses conséquences potentielles. La première traversée transatlantique ne passe pas inaperçue !

À Rome, le pape Alexandre VI Borgia, d'origine espagnole, prend acte de ce succès comme de la prise de Grenade, l'année précédente. Le 19 décembre 1496, dans la bulle « Si convenit », il attribuera aussi à Ferdinand et Isabelle le qualificatif prestigieux de Reyes Católicos (« Rois Catholiques »)...

Deux semaines plus tard, le 4 mai 1493, il publie la bulle « Inter Caetera » qui répartit entre Portugais et Espagnols les futures découvertes. Cette bulle est complétée l'année suivante par le traité de Tordesillas.

Quant à Christophe Colomb, fort de son triomphe, il retraverse sans tarder l'océan pour le compte du couple royal. Cette fois, il n'a aucun mal à réunir les fonds et les équipages.

Séville au XVIe siècle, détail d'un tableau de Alonzo Sanchez Coello

Deuxième voyage

Pour cette deuxième expédition, Colomb quitte Cadix avec 17 navires et... 1200 passagers ! Il aborde dans une île à l'aspect enchanteur aussitôt baptisée Guadeloupe, en l'honneur de la Vierge de Guadalupe, un lieu de pèlerinage célèbre en Estrémadure. Une rapide exploration montre qu'elle est habitée par de féroces anthropophages, les Caraïbes, ennemis jurés des paisibles Taïnos.

Poursuivant sa route, Colomb découvre avec amertume que les 39 compagnons abandonnés sur l'île de Hispaniola ont tous été massacrés par les habitants. Des hommes nus et d'apparence pourtant paisible ! Remis de leur découverte, les Espagnols fondent sur l'île la première ville du Nouveau Monde, Isabela. Diego Colomb, le plus jeune frère de l'explorateur, assume le gouvernement de la ville, bientôt assisté de Bartolomeo.

Neuf bateaux prennent le chemin du retour sous le commandement d'Antonio de Torres cependant que Christophe Colomb poursuit l'exploration des petites Antilles et découvre Porto-Rico et la Jamaïque.

À Isabela, pendant ce temps, les dissensions, la cupidité et la peur des Indiens ne tardent pas à semer le désordre et la mort. Bartolomeo se montre particulièrement cruel avec les Indiens qu'il massacre ou réduit en esclavage. C'est le premier d'une longue lignée de conquistadores (« conquérants ») violents et cupides.

En Espagne, on ne se fait pas faute de médire de Christophe Colomb auprès de la reine Isabelle. Celle-ci interdit en vain la réduction en esclavage des Indiens et envoie un enquêteur officiel, Juan Aguado, à Hispaniola. Inquiet pour son avenir, l'Amiral retourne en Espagne en 1496 et gagne le pardon de la reine.

Christophe Colomb est accueilli par le roi Ferdinand et la reine Isabelle à son retour en Espagne, Washington, Library of Congress.

Troisième voyage

Christophe Colomb met sur pied un troisième voyage d'exploration. L'expédition quitte le port andalou de Sanlucar de Barrameda le 30 mai 1498.

Tandis que le gros de la flotte se dirige vers Hispaniola, Christophe Colomb oblique vers le sud et les îles du Cap Vert avec trois navires. Le 28 juillet 1498, il découvre l'île de Trinidad  et, deux jours plus tard, repère l'embouchure d'un puissant fleuve, l'Orénoque. Il ne comprend pas encore qu'il est face à un immense continent, un Nouveau Monde. Il persiste à voir dans ces littoraux la porte de la Chine ou des Indes.

Mais à Hispaniola, pendant ce temps, les Espagnols en viennent à se battre entre eux. De retour dans la colonie, Christophe Colomb a le plus grand mal à ramener l'ordre. Il fait condamner à mort ou emprisonner les rebelles...

Christophe Colomb (1520, Ridolfo di Ghirlandaio, musée naval de Gênes)

La chute

L'affaire agite la cour d'Espagne qui délègue Francisco de Bobadilla dans la colonie avec le titre de vice-roi. Celui-ci débarque le 23 août 1500 et met aussitôt Christophe et Bartolomeo Colomb aux fers. Il les renvoie en Espagne. Quand l'illustre navigateur se présente enchaîné devant les Rois Catholiques, à Grenade, ces derniers, émus, le font libérer et rappellent son remplaçant.

Un nouveau gouverneur général, Nicolas de Ovando, prend la mer début 1502 avec 30 navires et 2500 colons (parmi lesquels le futur dominicain Las Casas)... mais sans Christophe Colomb ! De ce moment date véritablement la colonisation du Nouveau Monde avec la création des « encomiendas ».

Colomb obtient seulement de repartir pour une simple mission d'exploration, avec quatre navires, le 9 mai 1502. Quand il arrive en vue de Santo Domingo (Saint-Domingue), nouvelle capitale de la colonie de Hispaniola, le gouverneur refuse de le laisser accoster et fait valoir des directives royales. A son retour en Espagne, en 1504, la reine Isabelle n'est plus là pour le protéger.

L'« oeuf de Christophe Colomb »

Peu après son retour en Espagne, au cours d'un repas entre gentilshommes, Christophe Colomb eut à affronter quelques esprits forts. « Après tout, disait en substance l'un d'eux, il était évident qu'en allant vers l'ouest, on finirait bien par trouver les Indes ».
Colomb prit alors un oeuf et proposa à ses détracteurs de le faire tenir debout. Aucun n'y arriva. Lui-même prit l'oeuf, tapota l'extrémité de façon à l'aplatir et put alors le dresser sur la table. Il conclut : « C'était évident mais il fallait y penser ! » (l'anecdote est rapportée par Jérôme Benzoni, auteur en 1565 d'une Histoire du Nouveau Monde).

Publié ou mis à jour le : 2023-04-22 15:10:49

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