9 octobre 43 av. J.-C.

Fondation de Lyon

Le 9 octobre de l'an 43 avant notre ère, Lucius Munatius Plancus, ancien officier de César, proconsul en Gaule, fonde sur la colline de Fourvière, au-dessus du confluent du Rhône et de la Saône, une colonie promise à un destin exceptionnel sous le nom de Lugdunum puis Lyon.

Yves Chenal

Une colonie romaine

Au cours des mois qui suivent l'assassinat de César, ses généraux se rebellent contre le Sénat. Celui-ci, pour occuper Lépide et Plancus, qui commandent les légions de Gaule, leur ordonne de fonder une colonie sur la colline qui domine le confluent de la Saône et du Rhône.

Il s'agit de remplacer Colonia Julia Vienna (aujourd'hui Vienne, Isère), colonie fondée par Jules César plus au sud, sur le territoire des Allobroges, et victime d'une révolte gauloise.

Le choix du nouveau lieu s'explique par la présence de nombreuses routes en relation avec les différentes régions de la Gaule. Des Gaulois sont déjà installés à proximité, dans un village du nom de Condate, sur la « presqu'île », entre la colline de la Croix-Rousse et l'actuelle place Bellecour.

C'est à Lucius Munatius Plancus que revient en définitive le travail. Le 9 octobre de l'an 43 av. J.-C., il trace le decumanus, axe est-ouest de la future ville, sur l'emplacement de l'actuel musée gallo-romain. Le site bénéficie d'un panorama superbe sur la vallée des deux fleuves et les Alpes.

Lug représnté sur le chaudron de Günderstrup, Copenhague, musée national du Danemark.La ville porte d'abord le nom de Colonia Copia Felix Munatia, bientôt modifié en Copia Lugdunum. Le nom Lugdunum, que portent plusieurs villes d'origine gauloise, renvoie au suffixe celte dunum, qui évoque une éminence fortifiée (comme dans Châteaudun), et au dieu Lug, auquel un culte était rendu sur la colline de Fourvière. Les trouvailles archéologiques laissent penser que ce culte prenait entre autres la forme de très importants banquets. Lugdunum, plus tard transformé en Lyon, signifierait donc en gaulois : la « colline du dieu Lug ».

La colonie romaine orne ses monnaies d'un génie à côté d'un corbeau sur une motte, d'après un calembour héraldique, de lukos (corbeau en latin !), et dunum (colline) !

Lugdunum, capitale des Gaules

Sous le règne d'Auguste, héritier de Jules César, son gendre Agrippa divise la « Gaule chevelue », c'est à dire la Gaule conquise par César, en trois provinces : Lyonnaise, Aquitaine, Belgique. Sur le littoral méditerranéen, la Narbonnaise, plus anciennement romanisée, demeure province sénatoriale.

En 16 et en 14 av. J.-C., l'empereur Auguste, de passage en Gaule, fait construire à Lugdunum le premier théâtre des Gaules, aux dimensions modestes (4500 places). La ville devient la capitale commune aux trois Gaules. Plusieurs empereurs y séjournent et le futur empereur Claude, fils de Drusus, beau-fils d'Auguste, et d'Antonia, fille de Marc-Antoine, y naît le 1er août de l'an 10 av. J.-C..

Le sanctuaire des trois Gaules

La nouvelle cité reçoit une parure monumentale particulièrement riche : d'abord le théâtre puis le sanctuaire des Trois Gaules, inauguré par Drusus le 1er août de l'an 12 avant JC, ainsi qu'un amphithéâtre associé à ce sanctuaire et construit en 19 de notre ère, enfin l'odéon, petit théâtre réservé à la musique et la récitation poétique, érigé peu après le milieu du IIe siècle.

Si la plupart de ces monuments se retrouvent dans d'autres villes romaines, le sanctuaire des Trois Gaules tient une place à part. Il s'agit d'un très imposant autel entouré de tribunes.

Sur ces gradins sont gravés les noms des soixante peuples gaulois qui envoient chaque année, le 1er août, des délégués pour le culte rendu à Rome et Auguste, mais aussi pour discuter des problèmes politiques des Gaules.

Notons que 27 de ces peuples ont pour centre urbain un actuel chef-lieu de département. Ce n'est pas le fait du hasard mais simplement de la perspicacité des révolutionnaires de 1790 qui ont voulu donner aux nouveaux départements une solide cohésion géographique, économique et humaine. Ils ont ainsi, retrouvé sans le savoir les anciens pays gaulois (et les comtés carolingiens) : Paris pour les Parisii, Vannes pour les Vénètes, Rodez pour les Rutènes, Cahors pour les Cadurques, Bourges pour les Bituriges, Reims pour les Rèmes...

Deux ou trois générations plus tard, en 48 de notre ère, l'empereur Claude, natif de Lyon, accorde aux notables de sa ville le droit de cité et l'accès au prestigieux Sénat romain. Sa décision est gravée dans le marbre... et celui-ci sera retrouvé en 1528 dans le jardin d'un marchand. Sous le nom de « Tables claudiennes », ce précieux témoignage de la paix romaine figure aujourd'hui dans le musée gallo-romain de Fourvière.

Publié ou mis à jour le : 2021-10-08 12:45:16
FraTri2017 (10-10-2018 19:24:00)

Il semblerait que le célèbre Ponce Pilate ait vu le jour là, coté bras de la Saône.

Brigitte (10-10-2017 13:48:39)

Au musée de Fourvière on explique que le nom de Lugdunum a une origine celtique et signifie la colline lumineuse, c'est à dire tournée vers le soleil levant.

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net