Val de Loire

Sur les pas de saint Martin

Nous vous proposons de marcher sur les pas de saint Martin, à travers trois parcours d'à peine plus de 100 kilomètres chacun (quelques jours de promenade en voiture, à bicyclette ou à pied). C'est une occasion de découvrir des beautés insoupçonnées du Val de Loire.

Martin, centurion originaire des bords du Danube, s'est converti à la foi catholique quand celle-ci était encore minoritaire dans l'empire romain. Il a parcouru le continent européen en tous sens, évangélisant sans trêve les campagnes.

Comme les Tourangeaux en avaient fait leur évêque, c'est à Tours que Martin a été inhumé, le 11 novembre 397, à 80 ans passés. Son tombeau est devenu l'un des trois principaux pèlerinages du haut Moyen Âge, avec Rome et Jérusalem.

Aucun saint n'a autant que lui marqué le paysage et le vocabulaire français. C'est pourquoi nous vous proposons de faire un bout de chemin en sa compagnie...

André Larané

Rencontres

Le journaliste Antoine Selosse avait fait le pèlerinage de Compostelle et, de retour dans sa ville de Tours, s'était rendu compte que celle-ci avait été, bien avant Compostelle, du fait de saint Martin, la destination favorite des pèlerins d'Occident.

Il fonda alors, en 2005, le Centre culturel européen Saint-Martin-de-Tours afin de remettre à l'honneur cette tradition.

Le Centre bénéficie aujourd'hui du soutien du Conseil général d'Indre-et-Loire mais aussi du Conseil de l'Europe. Celui-ci voit dans la figure du légionnaire offrant la moitié de son manteau à un mendiant « un personnage européen, symbole du partage, valeur commune » qui transcende les religions et peut fédérer toutes les générations...

Les chemins de saint Martin

Le Centre culturel a ouvert aux randonneurs, aux amoureux du patrimoine et aux pèlerins trois chemins de saint Martin pour la découverte de la Touraine et de son patrimoine : le chemin de l'été de la Saint-Martin, le chemin de Trèves (de Tours à Vendôme) et le chemin de l'évêque de Tours (de Poitiers à Tours en passant par Ligugé).

On peut suivre ces chemins sur la carte ci-jointe (cliquez pour agrandir). Les deux premiers font l'objet d'un fascicule détaillé et richement illustré ; le troisième est en préparation. On peut aussi se laisser guider par des bornes comme celle ci-dessous, face au village de Candes.

Une pause en face de Candes Saint-Martin, au pied d'une borne du chemin de Saint-Martin (source: Centre Culturel Européen Saint Martin de Tours)

Le chemin de l'été de la Saint-Martin

Le chemin de l'été de la Saint-Martin (114 km) fait allusion à la pieuse légende sur le redoux du 11 novembre. Il nous mène de la gare de Chinon à Tours en passant par Candes Saint-Martin et Langeais.

Chinon conserve plusieurs évocations du passage de saint Martin. Ce n'est pas seulement la ville où Jeanne d'Arc rencontra Charles VII 1000 ans plus tard ! Mais c'est dans le petit village de Candes Saint-Martin, magnifique belvédère au-dessus du confluent de la Vienne et de la Loire, que l'on apprécie le mieux le souvenir de l'évangélisateur.

Les vitraux de sa collégiale rappellent les derniers moments du saint, sur un lit de cendres, et la manière incongrue dont les Tourangeaux kidnappèrent sa dépouille.

Vue générale de Candes Saint-Martin (source: Centre Culturel Européen Saint Martin de Tours)

À proximité de Candes, on peut voir le tout aussi pittoresque village de Montsoreau, cadre d'un roman d'Alexandre Dumas, et surtout l'abbaye de Fontevraud, construite au milieu d'une sombre forêt par un ermite anticonformiste, Robert d'Arbrissel, 700 ans après saint Martin. L'abbaye devint la nécropole des Plantagenêt.

À Bourgueil, près d'une abbaye bénédictine où vit une communauté des Soeurs de saint Martin, on passe par le Clos de Saint-Martin. Là, selon une légende, l'âne du saint aurait brouté les rameaux de vigne et démontré de la sorte aux vignerons du cru les bienfaits de la taille !

Parmi les autres étapes du chemin de l'été de la saint Martin, riches en témoignages martiniens, soulignons Langeais, dont le château, récemment restauré, rappelle le mariage en catimini de Charles VIII et Anne de Bretagne (1100 ans après saint Martin).

Enfin, c'est l'arrivée à Tours, dont Martin fut, 25 ans durant, l'évêque en titre, et où il fut inhumé le 11 novembre 397. La basilique construite sur son tombeau a été détruite à la Révolution et reconstruite à la fin du XIXe siècle dans un style romano-byzantin (à la même époque et dans un style apparenté, les Parisiens construisaient la basilique du Sacré Coeur, sur la butte Montmartre).

Les reliques du saint ont presque complètement disparu dès l'époque des guerres de religion. Les modestes ossements qui demeurent se partagent entre la basilique de Tours et d'autres églises dédiées à saint Martin, à Szombathely (Hongrie) et... Buenos Aires (Argentine).

Le chemin de Trèves, de Tours à Vendôme

Ce chemin de Tours à Trèves, l'une des capitales du bas empire romain, est balisé jusqu'à la gare de Vendôme, à 138 km de Tours. Le départ se fait à la Martinopole, l'ensemble monumental qui entoure la basilique (musée, tour Charlemagne....). Après la traversée de la Loire, le voyageur arrive à Marmoutier, le monastère où le saint évêque aimait à se reposer. C'est aujourd'hui un établissement d'enseignement privé.

Le chemin traverse ensuite Rochecorbon et le prestigieux vignoble de Vouvray. Il arrive à Amboise, résidence royale appréciée de Louis XI, lui-même fervent dévot de Saint Martin. De village en village, il atteint enfin Vendôme, douillette cité qui cultive le souvenir de Ronsard et Balzac, ses hôtes occasionnels.

Le Centre culturel européen Saint-Martin-de-Tours souhaite prolonger le balisage de ce chemin jusqu'à Trèves, en Rhénanie, en passant par Paris. Selon une légende rapportée par Grégoire de Tours, Martin, venant de Trèves, aurait croisé à Lutèce un lépreux. Sans crainte, il s'approcha de lui, le bénit et l'embrassa, si bien que le lépreux se trouva guéri ! Le souvenir de ce miracle se conserve dans la toponymie de la capitale : porte, rue et canal Saint-Martin, abbaye Saint-Martin des Champs (actuel Conservatoire national des Arts et Métiers)....

Le sculpteur de saint Martin

Les monuments qui rappellent la geste martinienne sont identifiés par une sculpture de Michel Audiard (ci-contre). Elle représente le pied de l'infatigable voyageur.
Dans son atelier de Rochecorbon, près de Tours, Michel Audiard (56 ans), assisté d'une quinzaine de personnes, pratique différentes techniques dont la fonte à cire perdue. Fort d'une réputation internationale, il cultive le rêve de réaliser, au-dessus de Marmoutier, une sculpture monumentale à usage d'habitation : la Femme-Loire (40 mètres de long, 17 mètres de haut) !

L'Europe de saint Martin

Le Centre culturel Saint-Martin se propose d'ouvrir d'ici 2016 (1700e anniversaire du saint) plusieurs itinéraires européens transnationaux sur les pas de saint Martin ou de ses disciples.

La carte ci-dessus présente la plupart des lieux et des itinéraires qui se rattachent au souvenir de saint Martin, y compris Szombathely, en Hongrie, sur le lieu de sa naissance, Pavie, où il passa son enfance, Amiens, où il se convertit, Ligugé, où il fonda le premier monastère d'Occident, Tours, où il fut évêque, Candes, où il mourut...

Deux jeunes Européens, le Français Nicolas et le Hongrois Daniel, ont entrepris de relier Szombathely à Tours (1850 km) à pied et en bicyclette. Leur « pèlerinage » est prévu de s'achever le 4 juillet 2008. On peut partager leurs péripéties sur leur blog.

Publié ou mis à jour le : 2023-10-19 14:21:43

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