L'Histoire en quatrième

L'Europe moderne

Après les bouleversements de la Renaissance, les institutions européennes se consolident... et se diversifient. C'est la naissance de l'Europe moderne.

Au terme de nouvelles guerres religieuses, les penseurs découvrent la démocratie ; les entrepreneurs découvrent le grand commerce et l'industrie. Ils se lancent dans la course aux épices et au sucre. Autant dire que la société européenne de ce temps-là commence à ressembler à la nôtre.

En une centaine d'années seulement, au XVIe siècle, l'Europe a vécu de foudroyants bouleversements : la diffusion du livre imprimé et de la lecture, l'apparition d'un nouvel ensemble de religions d'obédience chrétienne, le protestantisme et, plus fort que tout, la découverte et la conquête d'un Nouveau Monde : le continent américain.

Naissance de l'Europe moderne

Au siècle suivant, le XVIIe, l'Europe, rassasiée de nouveautés, doit désormais digérer celles-ci. Certains pays y réussissent avec éclat, telles la Hollande et l'Angleterre, d'autres échouent, tels l'Espagne et le Portugal, qui étaient pourtant tôt partis dans la conquête de nouvelles routes maritimes. L'Allemagne et l'Italie, divisées et impuissantes, restent sur le bord du chemin.

A l'extrémité orientale du continent, le grand-duché de Moscovie se libère de l'oppression mongole. Après bien des tourments et des guerres civiles, il donne naissance à l'empire de Russie. Des tsars ou empereurs autoritaires et sans scrupules, Pierre 1er le Grand et Catherine II, tentent de moderniser leur pays mais n'y arrivent qu'à moitié.

La France, bénéficiant d'une monarchie forte et respectée, rayonne avec éclat sur tout ce beau monde.

Nouvelles guerres religieuses

La crise de la chrétienté catholique avait conduit au XVIe siècle à l'émergence de religions dissidentes : les luthériens (disciples de Martin Luther) en Allemagne du nord et en Scandinavie, les calvinistes (disciples de Jean Calvin) aux Pays-Bas, les anglicans en Angleterre...

Dans le Saint Empire romain germanique, l'opposition entre les grands seigneurs luthériens et l'empereur catholique ne fait que croître.

En 1618 éclate une guerre en Bohême (aujourd'hui la République tchèque). Elle oppose les Tchèques protestants aux troupes de l'empereur. Les Tchèques obtiennent le soutien de seigneurs allemands et bientôt le conflit s'étend à tout l'empire.

Les puissances voisines en profitent. C'est ainsi que la Suède intervient aux côtés des protestants, de même que la France, bien que cette dernière soit catholique!

Le cardinal Richelieu, ministre du roi Louis XIII, veut avant tout affaiblir la dynastie des Habsbourg, qui règne à Vienne sur l'archiduché d'Autriche et à Madrid sur le royaume d'Espagne. Depuis Charles Quint, les Habsbourg sont régulièrement élus empereur du Saint empire romain germanique.

Après quelques moments difficiles, la France remporte une victoire décisive sur les Espagnols à Rocroi, dans les Ardennes. Le vainqueur est un jeune homme de 22 ans, le duc d'Enghien, futur prince de Condé.

La victoire de Rocroi survient juste après la mort de Louis XIII et de Richelieu. Le nouveau roi, Louis XIV, n'a que 5 ans. Sa mère, Anne d'Autriche, assure la régence avec l'aide du cardinal Mazarin.

Comme à chaque fois que le royaume connaît une régence, les grands seigneurs et les bourgeois essaient d'en profiter pour abaisser la monarchie et s'offrir quelques privilèges (au nom de l'intérêt général, cela va sans dire!).

Cette fois, Anne d'Autriche et Mazarin doivent affronter deux révoltes successives, joliment nommées Fronde parlementaire (révolte du Parlement, autrement dit des représentants de la grande bourgeoisie) et Fronde nobiliaire (révolte de la noblesse).

Ils s'en tirent plutôt bien. Le jeune roi, qui avait du fuir la capitale, regagne son palais du Louvre et Mazarin peut enfin s'occuper des affaires extérieures. L'habile cardinal négocie les traités de Westphalie qui mettent fin en 1648 à la guerre de Trente Ans, cette affreuse guerre qui a ravagé l'Allemagne.

À la suite de ces traités, l'empereur n'a plus qu'un pouvoir symbolique en-dehors de ses domaines héréditaires. Et tous les seigneurs allemands, grands ou petits, deviennent quasiment indépendants. L'Allemagne se trouve divisée en... 350 États. Autant dire qu'elle est pour longtemps réduite à l'impuissance politique et ne risque pas de gêner ses voisins. C'est un grand succès posthume pour Richelieu.

Ce morcellement politique ne va pas empêcher les Allemands de développer leur industrie, leur commerce et surtout leurs arts. Au siècle suivant, le XVIIIe, l'Allemagne et l'Autriche donnent naissance aux plus grands chefs-d'oeuvre de la musique, avec des génies tels que Bach, Mozart, Haydn, Beethoven...

Ces musiciens bénéficient du mécénat des princes allemands, qui tous entretiennent autour d'eux une petite cour où l'on parle français et où l'on se pique d'art, de poésie et de philosophie.

L'Europe après les traités de Westphalie (1648)

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Cette carte montre les divisions politiques de l'Europe en 1648, à l'issue des traités de Westphalie qui ont mis fin à la guerre de Trente Ans. On peut observer la division de l'Allemagne et de l'Italie en de nombreuses principautés et la survie à l'est du continent d'États vastes mais fragiles.

Course aux épices et au sucre

L'indépendance des Provinces-Unies, ou Pays-Bas, en 1579, a consacré le triomphe des marchands et des entrepreneurs hollandais. Ces protestants austères voient dans la richesse le signe d'une faveur divine sous réserve que cette richesse soit obtenue par un travail honnête.

Les Hollandais s'intéressent au commerce des épices bien davantage qu'à la colonisation de l'Amérique. Ils arment de nombreux vaisseaux qui vont chercher les précieuses marchandises aux Indes orientales (l'Inde actuelle et l'Indonésie).

Les Hollandais créent à Amsterdam la première bourse des valeurs, c'est-à-dire un endroit où l'on vend et l'on achète les titres de propriété des entreprises (les actions).

La Bourse permet aux épargnants de placer leurs économies dans les activités les plus prometteuses et d'en tirer de copieux bénéfices (à condition de faire des achats judicieux). Grâce à l'épargne, les entreprises peuvent de leur côté investir et croître.

Les Provinces-Unies donnent l'image d'une insolente prospérité dont attestent leurs peintres: Rembrandt, Vermeer de Delft...

Elles font preuve aussi d'une tolérance inédite en matière d'opinion et se montrent accueillantes aux personnes persécutées. Le philosophe Spinoza, issu d'une famille juive du Portugal, et le philosophe français Descartes y travaillent dans d'assez bonnes conditions.

Les Provinces-Unies suscitent la jalousie de leurs voisins. L'Angleterre décide de se lancer dans le grand commerce maritime à leur imitation.

La reine Elizabeth 1ère encourage les entreprises de ses marins et corsaires, Francis Drake ou encore Sir Walter Raleigh. Ces derniers attaquent les convois espagnols chargés d'or. Ils fondent aussi des colonies en Amérique du Nord, comme la Virginie, ainsi nommée en l'honneur de la «reine vierge», Elizabeth 1ère (celle-ci ne s'était jamais mariée et était supposée vierge).

Au milieu du XVIIe siècle, en 1651, le dictateur Oliver Cromwell édicte un premier «Acte de navigation» par lequel il oblige les marchandises anglaises (laine...) à n'être exportées que par des navires battant pavillon anglais.

Cette loi encourage les Anglais à investir dans la marine marchande. Et bientôt leurs navires concurrencent les Hollandais partout dans le monde (sauf dans l'actuelle Indonésie).

À la fin du XVIIe siècle, les Provinces-Uniescommencent à décliner et comme elles sont menacées d'invasion par les armées du roi de France, Louis XIV, elles doivent s'allier à leur principal concurrent : l'Angleterre!

La France, principale puissance européenne, ne reste pas indifférente au commerce maritime. Les première explorations, entamées sous les règnes de François 1er et Henri II, ont été interrompues par les guerres de religion.

Henri IV et ses successeurs s'y remettent. Sous le règne de Louis XIII, Samuel de Champlain fonde Montréal. Sous Louis XIV, Cavelier de la Salle découvre le Mississipi.

Le ministre Richelieu organise la colonisation de la Nouvelle-France (le Canada actuel) d'une façon très administrative : les paysans sont ainsi placés sous l'autorité d'un seigneur, comme en France!

Les Français colonisent aussi les petites Antilles: la Martinique et la Guadeloupe, ainsi que les îles des Mascareignes (La Réunion et Maurice). A Madagascar, ils fondent Fort-Dauphin.

Grâce à la traite d'esclaves africains qui leur fournit une main-d'oeuvre bon marché, les planteurs peuvent exporter du sucre de canne en Europe. La traite et le commerce du sucre font la fortune des grands ports de la façade atlantique Bordeaux et Nantes.

Au XVIIIe siècle, le commerce du sucre et des épices prend de l'ampleur, de même que celui du chocolat, du café et du tabac.

Le cardinal Fleury, ministre du roi Louis XV, arrière-petit-fils et successeur de Louis XIV, donne une grande impulsion à la construction de navires. La France est fière en particulier de sa marine de guerre, la «Royale».

Dupleix, un jeune marchand audacieux, se lie avec les princes hindous, aux Indes. Il jette les bases d'un véritable empire colonial français dans ce sous-continent. Mais les Anglais ne veulent pas lui laisser ce plaisir.

Le gouvernement de Londres soutient activement ses marchands dans leur combat contre Dupleix. Ce dernier est abandonné par le roi Louis XV qui ne comprend pas l'importance de l'enjeu et a d'autres soucis sur le continent européen.

À la faveur de la guerre de Sept Ans et du traité de Paris qui y met fin en 1763, les Anglais chassent leurs rivaux du Canada (la Nouvelle-France devient colonie anglaise) et des Indes (à l'exception de cinq comptoirs aux noms charmants: Chandernagor, Pondichéry, Karikal, Mahé, Yanaon.

La France prend sa revanche sous le règne de Louis XVI, vingt ans plus tard, en aidant les Insurgents des Treize Colonies anglaises d'Amérique du Nord à prendre leur indépendance. Le traité de Versailles de 1783 consacre la naissance des États-Unis d'Amérique, un pays à jamais ami de la France, à laquelle il doit sa naissance.

En définitive, pour parler le langage du sport, c'est l'Angleterre qui remporte la troisième et dernière manche... Vingt ans plus tard, en 1803, Napoléon 1er, qui a besoin d'argent pour faire la guerre sur le continent européen, vend la Louisiane aux États-Unis d'Amérique. Quelques mois plus tôt, il a fait perdre à la France la prospère colonie de Saint-Domingue (Haïti).

L'Angleterre est désormais le fer de lance de la pénétration européenne dans le reste du monde. Au siècle suivant, elle imposera sa loi sur la plus grande partie de la planète.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2020-05-02 17:49:28

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