Symboles nationaux

Les fêtes nationales dans le monde

La fête nationale est une pratique récente. Elle remonte à la deuxième moitié du XIXe siècle seulement et recouvre des réalités très diverses.

Auparavant, on célébrait simplement l'anniversaire du souverain régnant ou de son accession au trône. Cette tradition perdure dans la plupart des monarchies actuelles, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas aussi bien qu'au Maroc, en Thaïlande, au Népal ou au Japon. 

Aujourd'hui, la plupart des États consacrent une journée par an - parfois deux - à leur autocélébration en commémorant un événement fondateur (indépendance ou révolution).

André Larané
Lithographie évoquant la revue de Longchamp du 14 juillet 1880 (Centre historique des Archives nationales)

Rituels civiques et populaires

L'émergence des nationalismes au XIXe siècle a conduit les Européens à se doter de rituels d'essence religieuse, propres à renforcer les liens civiques, comme la fête nationale mais aussi l'hymne national et l'allégeance au drapeau. Ce phénomène a débuté dans les régimes et les États issus d'une révolution, aux États-Unis, en Belgique, en France...

Aux États-Unis, le 4 juillet, anniversaire de la proclamation d'indépendance, a été proclamé fête nationale dès 1781 par le petit État du Massachusetts mais c'est seulement en 1870 que le Congrès américain a fait de cet anniversaire un jour férié.

La République française a fait du 14 juillet sa fête nationale en 1880 en lui donnant d'emblée une tonalité très militaire car chacun a en tête la défaite de Sedan, dix ans plus tôt. Nul doute qu'il y a aussi chez les gouvernants français la volonté de concurrencer les rituels chrétiens traditionnels. Ils y réussissent plutôt bien.

En 1890, la Belgique s'est à son tour dotée d'une fête nationale, le 21 juillet, anniversaire de l'accession au trône de son premier monarque, Léopold 1er. Pour ne pas être en reste, la Confédération helvétique a fait l'année suivante de l'anniversaire du serment du Grütli (1er août 1291) la fête nationale suisse.

L'Irlande indépendante et le Québec, nations profondément catholiques, du moins jusqu'à la fin du XXe siècle, ont choisi d'honorer leur saint patron en guise de fête nationale. La Saint-Patrick (17 mars) est fêtée à grand renfort de chopines et de chansons dans tous les pubs irlandais de la planète (qui sait combien il y en a !). La Saint-Jean-Baptiste (24 juin) donne lieu au Québec à des agapes très joyeuses autour des traditionnels feux de la Saint-Jean et, dit-on, dans des effluves de cannabis caractéristiques.

Le jour de l'Hispanité ou Dia de la Raza au Mexique

L'Espagne, tiraillée entre des visions contraires de son Histoire nationale, a choisi depuis 1958 d'honorer ce qui fait consensus : les Descubridores (« Explorateurs »). C'est ainsi qu'elle célèbre la Fête de l'Hispanité le 12 octobre, jour anniversaire de l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique. Cette fête est aussi célébrée avec danses et carnavals dans l'Amérique espagnole mais elle est de plus en plus contestée par les mouvements amérindiens qui y voient un reliquat de l'ère coloniale.

Dans une démarche similaire, le Portugal a choisi de célébrer le Jour du Portugal, de Camões et des communautés portugaises le 10 juin, jour anniversaire de la mort de son grand poète épique Luís Vaz de Camões (1525-1580).

La Finlande, en bonne républicaine, commémore son indépendance le 6 décembre mais elle célèbre aussi le Jour du Kalevala et de la culture finlandaise le 28 février, jour anniversaire de la publication de son grand poème national (1835).

Une « tradition » très contemporaine

Défilé du 9 mai 2014 sur la place Rouge à MoscouDe façon plus conventionnelle, la plupart des républiques issues de la décolonisation et des révolutions du XIXe et du XXe siècles ont fixé leur fête nationale au jour anniversaire de leur indépendance ou de leur révolution.

C'est le cas des États latino-américains et balkaniques comme des États asiatiques ou africains. Le défilé militaire est à peu près partout au programme des festivités... Les bals populaires sont plus rares.

L'Uruguay célèbre tout à la fois sa Constitution (18 juillet) et son Indépendance (15 août). Anticlérical à la manière hispano-américaine, ce petit pays a laïcisé par ailleurs les fêtes catholiques sous des noms aussi pittoresques que Jour de la Famille (25 décembre), Jour de l'Enfant (6 janvier) ou Semaine du Tourisme (Semaine Sainte).

L'Histoire de la Chine se lit dans ses fêtes nationales. La Chine nationaliste (Taiwan) célèbre l'anniversaire de la proclamation de la République, le 10 octobre 1911 (c'est le « Double Dix ») tandis que la Chine populaire préfère la victoire du parti communiste, le 1er octobre 1949.

Depuis la chute de l'URSS, la Russie ne célèbre évidemment plus la Révolution d'Octobre. Elle lui préfère la victoire sur le nazisme au terme de la « Grande Guerre patriotique ». Elle est commémorée le 9 mai.

Il semblerait que la version peace and love des fêtes nationales ait du mal à s'imposer... La nouvelle Allemagne a fixé au 3 octobre, jour anniversaire de sa réunification en 1990, sa fête nationale, dite « Jour de l'Unité allemande ». Il ne s'agit que d'un jour chômé ordinaire, avec quelques discours officiels et convenus, sans festivités populaires d'aucune sorte. Même sort pour la Fête de l'Europe, fixée le 9 mai, jour anniversaire de la création en 1950 de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier, tout un programme !).

La première fête nationale serait-elle hébraïque ?

Les anciens Hébreux ont institué la fête des semaines, ainsi nommée parce qu'elle vient sept semaines après Pessah, la Pâque juive (aussi appelée Chavouot, cette fête a été quelque peu reprise par les chrétiens sous le nom de Pentecôte). 

À cette occasion, ils se devaient d'offrir au Temple de Jérusalem les premiers fruits de la saison, ce que l'on appelle les « prémices ». Et ils profitaient de ce pèlerinage pour raconter devant leurs congénères l'histoire de leur famille, de la fuite d'Égypte à l'installation sur la Terre Sainte de Palestine.

Selon l'historien franco-israélien Alain Michel, on peut y voir un rituel destiné à souder la communauté et lui rappeler les combats menés pour conquérir sa place au soleil. En quelque sorte la première « fête nationale » !

Après la destruction du Temple, les juifs de la diaspora ont réduit ce « devoir de mémoire » à une lecture des livres sacrés de la Torah. C'est pourquoi cette fête s'appelle aussi aujourd'hui Fête de promulgation de la Torah.

Publié ou mis à jour le : 2021-07-07 17:29:24

Voir les 5 commentaires sur cet article

Angel Polls (12-09-2014 21:05:55)

Nous les catalans, vos voisins, nous célebrons nôtre fête nationale le 11 septembre que cés annés-ci a bien de publicité. Inutile de vous la racconter, c'est bien sur la TV.

Anonyme (29-08-2014 07:43:18)

En Belgique, le 21 juillet 1831 correspond à la prestation de serment du premier roi constitutionnel, Leopold de Saxe Cobourg Gotha. Prince allemand,combattant dans les troupes du tsar contre Napoleo... Lire la suite

fargier (16-08-2014 09:36:12)

Histoire de ma France.

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