Le siècle des nuages

Philippe Forest (Gallimard,  2010)

Ce roman couvre toute la période allant des débuts de l’aviation jusqu’aux années 80, au moment où le père de l’auteur, commandant de bord à Air France et dont Le siècle des nuages raconte l’histoire, prend sa retraite.

L’histoire de l’aviation y est omniprésente : on croise Lindbergh, Mermoz, Saint Ex….; on suit l’évolution des appareils depuis Verdun ; on voit également disparaître, marquée symboliquement par le départ du père à la retraite, une certaine idée de l’aviation, les pilotes passant du stade de héros à celui de «chauffeurs de bus», renversés de leur piédestal par la course à la rentabilité et le développement de la technique.

Mais Le siècle des nuages, c’est aussi l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale vue du côté des Français de tous les jours, fidèles à Pétain ou, pour le moins, ayant des difficultés à s’affranchir de leur admiration pour le vainqueur de Verdun. Le père de l’auteur finit par comprendre qu’il faut se ranger du côté de ceux qui s’opposent à l’occupant. Il ne pourra, malgré ses tentatives, jamais participer à un conflit qui se dérobe au fur et à mesure qu’il s’en approche. Ce conflit, qui prend la forme du destin, lui permet d’accomplir néanmoins ses rêves.

Le siècle des nuages, c’est également une interrogation sur l’Histoire et le récit : les liens entre les événements imaginés par l’auteur pour reconstituer la vie d’un père qui ne se racontait pas sont-ils les vrais liens ? Aurait-il été possible d’écrire une histoire différente ? L’Histoire, la Grande Histoire, ne devrait-elle pas être présentée d’autre façon : il est tellement facile pour les générations qui succèdent aux faits de les raconter «depuis le futur» dans «le confort d’un impensable bureau» ?

Ce livre, c’est aussi un hommage au père de l’auteur. Un père absent parce qu’il était toujours au bout du monde et, de retour, préparait ses prochains vols ; un père Commandant de bord à une période où ce métier faisait rêver ; un père un peu agent secret mais qui passera sa retraite devant son téléviseur. Un père enfin, mort en 1998, dont ce roman raconte la vie. C’est encore un hommage à la mère de l’auteur, une mère fille de libraire qui, peut-être, rêvait de trouver un jour sur les rayons de sa bibliothèque, ce livre que Philippe Forest écrit aussi pour elle… C’est aussi beaucoup d’autres choses dont on ne peut rendre totalement compte car il faudrait alors réécrire le roman. Le plus simple est donc de le lire et de se laisser emporter par son style : une autre de ses qualités majeures.

Comité de lecture du Prix Jeand'heurs du Roman Historique

Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47

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