La Dame de Fer

Tromperie manifeste

La Dame de Fer (The Iron Lady, 2011) se présente comme un film sur Margaret Thatcher, Premier ministre britannique de 1979à 1990.

Que l'on se détrompe. Il ne s'agit pas le moins du monde d'un film sur l'Histoire récente...

La Dame de Fer (2011, Phyllida Lloyd) Réalisé par Phyllida Lloyd, qui a déjà à son actif le film Mamma Mia, La Dame de Fer n'a pas plus de rapport avec la réalité que ce premier film. À un détail près : le souci de ressemblance physique entre l'actrice Meryl Streep et son personnage.

Le film présente une vieille dame frappée par la maladie d'Alzheimer, confrontée au fantôme de son mari et à de vagues réminiscences de son passé, et dont on devine qu'elle a joué un rôle public. Voilà tout le scénario. Autant dire qu'il décevra quiconque aurait souhaité découvrir l'Angleterre de Margaret Thartcher.

Les retours en arrière, très brefs, nous montrent quelques scénettes : l'héroïne rencontrant son futur mari, exerçant sa voix ou supportant des manifestants qui cognent à la vitre de sa voiture... 

Rien sur la guerre civile en Ulster et la grève de la faim de dix prisonniers irlandais. La scène la plus longue (une dizaine de minutes) montre la guerre des Malouines ou plutôt des images d'archives et l'héroïne sermonnant ses amiraux. Les sept années qui courent de la guerre des Malouines à la démission de Margaret Thatcher tiennent en deux minutes.

La Dame de Fer se range dans une nouvelle catégorie à la mode à Hollywood : le «biopic» (ainsi disent les Anglo-Saxons pour biographic picture). L'essentiel dans l'affaire est moins l'analyse que la ressemblance entre le comédien et son personnage,  laquelle est dans ce cas réussie puisque Meryl Streep a gagné un Oscar du meilleur rôle pour ce film.

On a déjà eu un cas similaire avec le film français La conquête (2010), consacré à la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007 : chacun s'est extasié sur la performance de l'acteur Denis Podalydès sans pouvoir déceler dans le propos du film une once d'originalité ou d'analyse. 

Un musée Grévin pas si innocent

Quand la réalité superficielle et l'apparence priment sur la nature profonde des personnages, c'est le musée Grévin qui s'invite au cinéma...

Faut-il s'en émouvoir ? Lorsque le cinéaste évacue le contexte et les enjeux politiques pour ne retenir que les aspects affectifs et humains du personnage, il fait lui-même un choix politique. Sans le dire, il prend parti pour son héros contre ceux qui furent ou sont encore ses adversaires. 

À la sortie du film La Dame de Fer, un spectateur ignorant du passé peut se demander ce qui justifie encore aujourd'hui la hargne que suscite le nom de Margaret Thatcher.

Même chose avec le film consacré à Nicolas Sarkozy : comment ne pas se prendre d'affection pour un personnage si humain, énergique, volontaire, amoureux, contrarié... dès lors que l'on oublie qu'il est au centre de puissants réseaux liés à l'argent et au pouvoir?

André Larané

[vos réactions et commentaires]

Publié ou mis à jour le : 2020-02-26 10:51:33

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net