L'Orient mystérieux et autres fadaises

2500 ans d'histoire autour de la Méditerranée

François Reynaert (Fayard, 2013, 428 pages,  2013)

L'Orient mystérieux et autres fadaises

Chroniqueur au Nouvel Observateur et essayiste, François Reynaert nous a déjà offert une très spirituelle Histoire de France sans les clichés.

Nous retrouvons sa verve et son érudition, couplées à un remarquable sens de la pédagogie, dans cet ouvrage sur l'Orient que de Gaulle qualifiait de «compliqué».

Après un rapide survol de l'Antiquité, qui est l'occasion de rappeler que le christianisme est né et s'est développé au Moyen-Orient bien avant de conquérir l'Europe, l'auteur entame la partie essentielle de son récit avec la naissance de Mahomet.

Il met l'accent sur les divisions très précoces de l'islam, qui furent au moins aussi ravageuses que les guerres de religion entre catholiques et protestants et sont aujourd'hui relancées par les conflits entre le camp irano-chiite et le camp arabo-sunnite.

Mais plus encore que sur ces aspects sombres, il préfère insister sur la grandeur de Bagdad à l'orée du deuxième millénaire, quand la ville, forte de près d'un million d'âmes, concentrait tout le savoir de l'Antiquité hellénistique et de l'Asie.

François Reynaert souligne ainsi la vitalité intellectuelle du monde islamique, avant l'invasion mongole du XIIIe siècle et la percée, au même moment, de l'Occident médiéval. Cette vitalité se prolonge jusqu'au XIVe siècle en Afrique du Nord avec des personnalités comme l'historien Ibn Khaldoun et le voyageur Ibn Battouta, lequel a sans doute visité plus de pays que quiconque (mais exclusivement dans l'ère musulmane).

L'auteur ne s'étend pas sur les Mongols et leurs épigones, le triste Tamerlan et les conquérants de l'Inde. Il concentre son attention sur les Turcs ottomans, qui conquirent aux XIVe et XVe siècles un immense empire de la Pologne au Maroc (non inclus).

Il souligne à juste titre la grandeur de cet empire qui permet l'éclosion du talent de l'architecte Sinan, un Grec converti à l'islam. Il glisse peut-être trop sur ses faiblesses qui vont causer sa perte : le règne de l'arbitraire et l'absence d'un État de droit ; la propension des sultans à ne s'entourer que de ressortissants minoritaires (Grecs, Arméniens, esclaves...) en tenant à l'écart les Turcs eux-mêmes par crainte d'un coup d'État.

Tout change au XIXe siècle, un siècle de bouleversement qui voit les Européens dominer le monde comme jamais quiconque l'a dominé auparavant. Alors, les différents pays musulmans tentent chacun à leur manière de résister en adoptant les méthodes et les techniques occidentales. Sans succès. Tous, les uns après les autres, du Maroc à l'Iran, tombent sous la tutelle occidentale.

Cette époque-là est aujourd'hui révolue. Après des tentatives cahotiques d'émancipation, sous la férule d'Atatürk, Nasser ou encore Bourguiba, les Orientaux renouent avec l'espérance, cependant que les Européens pleurent sur une grandeur qui se conjugue au passé.

André Larané

Publié ou mis à jour le : 10/06/2016 09:42:47

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